À Ajaccio, les marins font barrage à la nouvelle ligne de la Corsica Ferries

Rédigé le 07/11/2025
MP

La première rotation Toulon–Ajaccio–Propriano de la Corsica Ferries n’a finalement jamais quitté le port d’Ajaccio, ce vendredi. Une centaine de marins de la Corsica Linea et de La Méridionale ont bloqué le Mega Express III pour dénoncer une nouvelle ligne qu’ils jugent dangereuse pour la délégation de service public maritime et pour l’emploi insulaire.

À Ajaccio, les marins font barrage à la nouvelle ligne de la Corsica Ferries

(Photos : Paule Santoni)

Le baptême de la nouvelle ligne proposée par la Corsica Ferries a tourné court, ce vendredi matin, à Ajaccio. Alors que la compagnie aux bateaux jaunes inaugurait sa triangulaire Toulon–Ajaccio–Propriano, une centaine de marins de la Corsica Linea et de La Méridionale ont bloqué le Mega Express III dans le port d’Ajaccio pour l’empêcher de rejoindre le golfe du Valinco.
 
« Aujourd’hui, la Corsica Ferries ne fera pas sa triangulaire mais se contentera de faire Toulon–Ajaccio, ce qu’elle a toujours fait », indique Dominique Giovanetti, responsable du SAMMM à Corsica Linea, en expliquant que l’action des syndicats de marins vise à faire entendre « un sentiment de crainte » face à l’ouverture de cette nouvelle rotation : « C’est une ligne qui, pour nous, relève d’une délégation de service public établie avec la Collectivité de Corse. Notre inquiétude, c’est que la Corsica Ferries aille récupérer le peu de passagers que compte cette ligne, mette en difficulté la DSP et qu’à terme, elle soit supprimée. Si on perd la ligne de Propriano, il y aura une casse sociale. »
 

Le syndicaliste redoute également que cette nouvelle ligne ne créé « un précédent ». « À l’avenir, selon l’appétit de cette compagnie, elle pourrait décider d’aller ailleurs. On ne laissera pas faire cela. D’autant plus que si demain il n’y a plus de DSP, ce sont les Corses qui en paieront le prix. Le jour où elle disparaîtra, cela se ressentira dans les magasins, et notre île deviendra une prison qu’il sera difficile de quitter », avertit-il.
 
Un avis partagé par Marc-Aurèle Orsoni, délégué STC Marinari à La Méridionale. « Nous ne sommes pas contre la concurrence, du moment qu’elle est saine et loyale. Mais toute concurrence déloyale qui vise à fragiliser ou faire tomber un système, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Corsica Ferries, mettrait à mal la DSP maritime entre la Corse et le continent », siffle-t-il en rappelant en parallèle que « le modèle social actuel de La Méridionale et de la Corsica Linea est source d’emploi pour les travailleurs corses », alors que « la Corsica Ferries emploie zéro marin corse ».
 
« Nous avions prévenu que nous serions très méfiants, car l’aérien et le maritime sont en danger. Nous voulons que les transports de la Corse restent des perspectives d’avenir pour la jeunesse insulaire, afin qu’elle puisse travailler et vivre dignement sur sa terre », martèle le syndicaliste, avant de reprendre : « On sait qu’à l’heure actuelle la DSP maritime entre la Corse et le continent français est sous les projecteurs de l’Europe. Il y a aussi des problèmes sur la dimension de l’enveloppe de dotation de continuité territoriale. Et aujourd’hui cette triangulaire fragiliserait encore le système et démontrerait que les ports secondaires peuvent être desservis par les bateaux qui sont sur les ports principaux ».
 
Après être restés dans le port une grande partie de la journée, les marins ont pris la direction de la préfecture en début d’après-midi.