La Fédération de Corse du Secours Populaire Français célèbre son 30e anniversaire

Rédigé le 06/11/2025
Alba Marcelli

A l'occasion du 80e anniversaire de la création du Secours populaire au niveau nationale, la Fédération de Corse de l'association de lutte contre la pauvreté et l'exclusion organise son congrès biennal, ce vendredi 7 novembre à Porticcio. Un temps fort pour cet acteur majeur de la solidarité de proximité avec l'élection d'un nouveau secrétaire général et la présentation des orientations pour les deux années à venir.

30 ans. C'est l'âge de la Fédération de Corse du Secours Populaire. Mais l'association a déjà plus de 40 années d'actions sur l'île, le Secours populaire en Corse ayant été créé en 1981. Si la Fédération a pris sa forme actuelle en 1995, elle n'a depuis les premiers moments de son implantation sur l'île jamais cessé d'accompagner les personnes confrontées à la précarité et à la pauvreté.

Aujourd'hui, alors que la Corse reste la région la plus pauvre de France, et que la précarité augmente comme partout ailleurs, le Secours Populaire y fait face grâce à ses 880 animateurs-collecteurs bénévoles. Et l'histoire de la Fédération continue de s'écrire avec le renouvellement de la gouvernance ce vendredi lors du congrès et des nouveaux projets sur les rails.  

Secrétaire général de la Fédération depuis 2015, Hyacinthe Choury a vu se succéder durant ces années de nombreux bénéficiaires et bénévoles. Ce vendredi, il passera le flambeau. A quelques heures de l'événement, il revient sur ces dernières années et sur les ambitions de l'association.    

La Corse est la région la plus pauvre de France. Avez-vous vu augmenter le nombre de bénéficiaires ces dernières années ?
Quand je suis arrivé en 2015, les bénéficiaires étaient majoritairement des Maghrébins, alors qu'aujourd'hui, ils sont très largement minoritaires. Nous avons eu l'afflux de retraités corses dans les années 2015-2017, des bénéficiaires qui sont toujours là et toujours aussi pauvres puisqu'ils gagnent en dessous du minimum vieillesse.
Ensuite, nous avons vu croître le nombre de familles monoparentales, des travailleurs pauvres souvent des célibataires, des jeunes, puis des continentaux qui étaient venus sur l'île pour travailler et dont l'équation économique n'a pas été au rendez-vous.   Entre 2019 et 2022, le nombre de bénéficiaires a doublé. Dans la dernière période, après 2023, nous avons eu le contrecoup de la crise et les conséquences de l'effet de seuil, avec ceux que l'on appelait les "invisibles", des personnes qui s'en sortaient bien jusque-là et qui ne s'en sortent plus. Il y a une augmentation continue avec des variations sur le type de population que nous accompagnons. Ça évolue chaque année, la sociologie bouge. Il y a un renouvellement. Ce ne sont plus les mêmes populations. Nous accompagnons les personnes dans l'acquisition de leurs droits sociaux donc beaucoup d'entre elles ne vont plus avoir besoin de l'aide du Secours Populaire (notamment l'aide alimentaire et vestimentaire). D'autres bénéficiaires vont avoir besoin d'un accompagnement temporaire dans une période de chômage par exemple. Nous avons aujourd'hui 2000 familles bénéficiaires. Ce chiffre est en progression continue.

En 40 ans, quelle a été l'évolution du Secours Populaire en Corse ?

Depuis 2015, l'évolution a surtout porté sur le renouvellement du bénévolat, le développement progressif. En 2018, nous avons fusionné les fédérations départementales en une seule fédération. Nous avons modernisé et amélioré notre activité liée au vestimentaire, à l'accessoire et à la recyclerie. Cette activité a beaucoup augmenté avec les boutiques solidaires et les tragulini pour aller dans les villages. Nous avons créé six antennes dans le rural. Ce qui a permis à la fois le développement du bénévolat et une meilleure couverture sur le rural. Cela a nécessité une évolution dans la logistique. Avec la création de ces antennes, nous nous sommes équipés de six tragulini permettant d'amener notre activité dans le rural et d'un libriobus. La pauvreté a progressé mais le bénévolat aussi. En 2015, nous avions une petite centaine de bénévoles, aujourd'hui nous en avons 880. Il y a une mutation aussi au niveau du bénévolat. Au départ, les bénévoles étaient des militants de la solidarité, aujourd'hui ce sont des personnes qui veulent aider les autres. Notre congrès va nous permettre de mener une réflexion autour du bénévolat : comment faire notre propre mutation pour s'adapter à ce qu'est le bénévolat aujourd'hui.

Vous recherchez régulièrement des bénévoles. Est-ce que c'est lié à la hausse constante du nombre de bénéficiaires ? 
Oui et nous avons besoin aussi de bénévoles pour étendre nos activités de solidarité à d'autres domaines : des actions pour les enfants, les vacances, les seniors... Nous avons d'autres activités qui nécessitent d'avoir des bénévoles. Il y a toujours un besoin de volontaires et de renouvellement y compris dans nos antennes. Les bénévoles très engagés sont souvent des retraités donc il faut un renouvellement constant du bénévolat.

Quels sont les projets de la Fédération ? 

Il va y avoir un changement de secrétaire général, puisque je vais passer la main. Le futur secrétaire général va porter les orientations pour les deux années à venir. Il souhaite continuer l'extension sur les zones blanches, là où nous ne sommes pas implantés, comme dans le sud, la consolidation de nos antennes rurales qui sont souvent de petites antennes. Il faut les consolider et les aider à compléter leurs actions, à choisir les projets qu'elles vont mener dans les années qui viennent et recruter les bénévoles qui vont porter ces projets. Le troisième axe, c'est la consolidation de nos ressources financières, la diversification des sources de financement. Il nous faut consolider l'activité des antennes et renforcer les initiatives de collectes.

Accompagnement aux droits sociaux, Boutik (vestimentaire), Foodtruck à Ajaccio (repas gratuit le dimanche soir), aide alimentaire...Quelles sont les autres actions que vous développez  ? 
Nous avons un axe très important, celui des enfants. Nous avons un mouvement, "Les copains du monde", ce sont des bénévoles âgés de moins de 12 ans. Ils mènent leurs actions de solidarité dans leurs collèges, beaucoup d'actions internationales. On a toute une activité pour la jeunesse pour l'aide aux vacances, du soutien scolaire, l'accès aux loisirs. Au congrès, des enfants bénévoles vont témoigner de ce que c'est d'être un enfant vivant dans la pauvreté. Les adolescents vont également apporter leur réflexion. 
Nous avons aussi une activité de libriobus avec des opérations d'accès à la culture pour les personnes en difficulté, une activité en direction des personnes âgées pour des voyages notamment, nous aidons les familles à monter leur projet de vacances. Nous proposons un accompagnement global et un accès à la santé, aux loisirs, aux vacances, ça compte aussi. Ce sont les premières choses que les gens abandonnent dans la pauvreté."

Pour en savoir plus sur les actions de la Fédération Corse du Secours Populaire :
https://spfcorse.org/