Luri : un exercice grandeur nature pour prévenir les pollutions maritimes

Rédigé le 06/11/2025
Léana Serve

Près de 45 personnes, dont des pompiers, des gendarmes, des agents de l’État et du Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate ont participé ce mercredi 5 novembre à un exercice de simulation sur le port de Santa Severa, à Luri, dans le cadre du plan POLMAR-Terre. L’objectif était de tester la coordination des équipes en cas de pollution maritime, dans une zone du Cap Corse particulièrement exposée aux risques liés au trafic maritime.

Protéger le port de Santa Severa d’une pollution venue du large : c’est l’objectif de l’exercice qui s’est déroulé ce mercredi 5 novembre sur la commune de Luri. Organisé par la Direction de la mer et du littoral de Corse, en lien avec les services de l’État, cet entraînement s’inscrit dans le cadre du plan POLMAR-Terre, destiné à préparer les acteurs locaux à la gestion d’une pollution maritime menaçant le littoral. Mis en place à la suite du naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978, un pétrolier libérien de 230 000 tonnes qui s’échoua au large des côtes bretonnes et encore considéré comme la plus grande marée noire au monde, le dispositif est géré au niveau départemental par le préfet accompagné d'un correspondant, et l’organisation d’un exercice par département littoral est obligatoire tous les trois ans depuis 2004.
 

Ce mercredi 5 novembre, ce sont 45 participants qui ont été mobilisés pour simuler l’arrivée d’une pollution maritime sur le port de Santa Severa. Parmi eux : des pompiers du service d’incendie et de secours de Haute-Corse, des membres de la sécurité civile, des gendarmes ou encore des membres du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate. « L’exercice s’est déroulé en deux temps : d’abord une réunion mardi à Bastia à destination des élus, suivie d’une simulation de cellule de crise avec le préfet, avec un scénario de nappes qui arrivaient à la fois sur le Cap Corse et sur Bastia, et une journée d’exercice pratique mercredi à Luri, avec une formation le matin pour tous les acteurs qui allaient intervenir l’après-midi, et la mise en pratique ensuite sur la marine de Santa Severa », explique Camille Campo, adjointe à la Direction de la mer et du littoral et référente POLMAR-Terre.
 

Durant l’exercice, les équipes se sont réparties en deux groupes pour tester l’ensemble du dispositif. « On avait une équipe mer, avec deux bateaux dans le port, pour pouvoir mettre en place le barrage, et une équipe terre, qui a monté le barrage, monté les bacs de récupération et toute la chaîne de pompage et de stockage. En fait, on imagine que la pollution vient du large, qu'elle arrive vers le port et qu'il faut le protéger, donc on accumule tout le polluant dans le barrage, et après, on va venir le pomper et le mettre dans un bac de stockage. Bien sûr, le polluant était fictif, et on a pompé que de l’eau de mer, mais c'était pour tester le fait que les bacs stockaient bien, et surtout apprendre au personnel qui serait en mesure d'intervenir le jour J à monter tout ce matériel et à travailler ensemble. »


Un littoral exposé aux risques de pollution maritime
 

La Corse, avec ses 1 000 km de côtes, est particulièrement exposée au risque de pollution maritime. Mais si l’exercice a été réalisé sur le port de Santa Severa, c’est parce que cette zone est considérée comme « un site sensible ». « Il est sensible d'un point de vue socio-économique, parce que c'est un port qui est à la fois dans le Cap Corse, donc dans la zone du Parc naturel marin, et à proximité du canal de Corse, qui est une route maritime par laquelle transitent 12 000 navires chaque année. Ce sont donc autant de possibilités d'avoir des incidents, probablement des fuites de carburant suite à des collisions de bateaux, des fuites accidentelles mais même volontaires, même si ça arrive de moins en moins souvent avec le droit maritime qui se durcit », détaille Camille Campo.

Une fragilité des zones illustrée par plusieurs incidents récents. « En 2019, une collision a eu lieu au nord du Cap Corse entre deux navires : le Ulysse et le Virginia. Là, on a eu beaucoup de chance avec les courants, au niveau de la Corse, et rien n’est venu jusqu’à nous. Par contre, c'est le Var qui a dû déclencher son plan pour justement traiter les nappes d'hydrocarbure. Et en Corse, on a quand même un exemple récent de déclenchement du plan POLMAR-Terre. Ça s’est passé en 2021 en Plaine orientale, où les deux plans des départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud avaient dû être déclenchés suite à deux nappes d’hydrocarbure entre Aleria et Solenzara. Pour le coup, on n'a jamais réussi à retrouver le navire à l’origine du débarquement de ces nappes d’hydrocarbure. »