Tom Baldetti sur scène à Erbalunga : “Cap sur le Rire, c’est ma première en Corse”

Rédigé le 05/07/2025
Léana Serve

Après avoir rempli les salles en France, Belgique, Suisse et bientôt au Canada, Tom Baldetti s’apprête à jouer pour la première fois en Corse. L’humoriste montera sur la scène du festival Cap sur le Rire, à Erbalunga, le 12 juillet, pour une soirée en plein air qui s’annonce à son image : vive, sincère, sans quatrième mur.

Vous serez à Erbalunga le 12 juillet pour le festival Cap sur le Rire. Que vous évoque une scène en plein air face à la mer ?
C’est déjà un honneur, j’ai rarement eu l’occasion de jouer en bronzant ! J’ai vraiment hâte de découvrir ce lieu. J’aime beaucoup la Corse pour plein de raisons, et ce sera ma toute première fois sur scène ici dans un cadre aussi idyllique. J’espère être à la hauteur de l’accueil qu’on me réserve.
 

Comment imaginez-vous le public insulaire ?
Je l’imagine chaleureux, bienveillant… enfin, je l’espère ! Il y a toujours une petite appréhension quand je découvre un nouvel endroit, mais c’est surtout de l’excitation. J’ai vraiment hâte de faire rire les gens. Et comme à chaque fois que je me déplace quelque part, j’aime écrire des blagues un peu locales, spécifiques au lieu, donc j’ai aussi hâte de voir comment le public réagira à ça.
 

Le public des festivals d’été est souvent plus éclectique que celui des salles parisiennes. L’abordez-vous différemment ?
Pas forcément, parce que mon spectacle n’est pas du tout pensé uniquement pour un public parisien. Je le joue partout en tournée : en France, en Belgique, en Suisse… et bientôt à Montréal. L’idée, c’est qu’il soit le plus universel possible. D’ailleurs, je pense que certains spectateurs venus du Sud s’y reconnaissent parfois même plus que les Parisiens ! C’est un spectacle intergénérationnel, accessible à tous, de 15 à 80 ans. Il n’y a pas de sujet parisien. Moi-même, je ne suis pas parisien : j’ai grandi dans le Sud-Ouest. Ce que je veux, c’est m’adresser au plus grand nombre.
 

Vous tournez depuis plusieurs mois avec Tome 1, un spectacle que vous décrivez comme “chaud, vivant et pas très organisé”. À quoi ressemble-t-il aujourd’hui ?
C’est un spectacle assez autobiographique. Comme c’est mon premier, j’avais envie de partir d’anecdotes très personnelles pour aborder des sujets universels, des histoires qui me sont arrivées, mais dans lesquelles tout le monde peut se reconnaître. Je parle de la parentalité, de mes parents, mais aussi de ma volonté ou non de devenir père un jour. J’aborde aussi les relations hommes-femmes, et je parle beaucoup de ma grand-mère. Ce sont des anecdotes personnelles, mais qui résonnent chez les gens. J’ai eu l’occasion de jouer ce spectacle dans plein d’endroits, et j’ai toujours le même retour des spectateurs. Ils viennent en famille, avec leurs parents, leurs enfants, et tout le monde s'identifie.
 

Vous venez du théâtre classique, vous êtes aussi passé par l’écriture, la mise en scène. À quel moment vous êtes-vous dit que vous alliez faire rire, seul sur scène ?
Depuis tout petit, j’ai ça dans un coin de ma tête, mais je n’osais pas vraiment me l’avouer, notamment à cause d’un manque de maturité. Et puis un jour, à Toulouse, j’ai vu qu’il y avait une scène ouverte. Je me suis lancé, sans me mettre de pression. Je voulais juste essayer, cocher cette case dans ma vie. Je me suis dit : si ça ne se passe pas bien, au moins je l’aurai fait, je n’aurai pas de regrets ; si ça se passe bien, on verra. Finalement, je ne me suis jamais senti aussi heureux que sur scène. Alors très vite, je me suis dit que je n’aurais pas de plan B. J’ai commencé à faire pas mal de scènes ouvertes à Toulouse pendant un an, et puis, pour professionnaliser tout ça, il a fallu monter à Paris. Je suis parti avec un ami humoriste, avec qui je vis en colocation aujourd’hui. Il s’appelle Yacir, c’est lui qui assure souvent ma première partie, et ce sera encore le cas à Erbalunga. On a démarré ensemble, et on tourne dans toute la France aujourd’hui. C’est une vraie chance.
 

L’un de vos fils rouges, c’est l’autodérision. Ce personnage vous ressemble-t-il, ou est-ce une version très travaillée ?
Non, c’est très fidèle à ce que je suis. Ce que j’aime dans le stand-up, c’est justement d’être le plus en phase possible avec moi-même,  à la fois dans ce qu'on raconte et dans la façon dont on le raconte. J’espère que les gens ont l’impression que je parle sur scène comme je parlerais dans la vraie vie, dans la rue, avec n’importe qui. Je crois que ma force, c’est cette aisance : je suis vraiment moi-même sur scène. Et ce que je cherche, c’est de créer un vrai moment de proximité avec le public. Pas de quatrième mur, pas de starification, je n’aime pas du tout ça. Je suis juste un petit gars comme tout le monde qui monte sur scène et qui raconte des histoires auxquelles tout le monde peut s'identifier.
 

Vos vidéos et sketchs fonctionnent beaucoup sur l’absurde du quotidien. Comment passe-t-on de la pastille en ligne au spectacle d’1h ?
En fait, ça s’est fait dans l’autre sens. Ça fait six ans que je monte sur scène, et ce n’est que depuis un an et demi que je suis identifié sur les réseaux sociaux grâce à mes vidéos. J'ai eu la chance que les choses arrivent dans le bon ordre, à mon sens : d’abord la scène, ensuite la visibilité. Quand la notoriété est arrivée, mon spectacle était déjà bien rodé, parce que ça faisait des années que je le jouais, que je faisais des scènes tous les soirs, parfois plusieurs fois par soir. Et aujourd’hui, c’est ce travail qui fait que le public répond présent. Les gens viennent me voir après m’avoir découvert en ligne, avec des attentes, et souvent, ils ne sont pas déçus parce que le spectacle est solide étant donné que j’ai des années d’expérience derrière moi. Les réseaux sociaux, c’était surtout un moyen de me faire connaître pour que les gens se déplacent à mon spectacle. J'ai eu la chance que ça se passe comme prévu parce que j'ai suffisamment d'expérience pour défendre quelque chose dont je suis fier.
 

Sur scène, vous semblez improviser, casser parfois le rythme. Est-ce du travail ou du lâcher-prise ?
Il y a de l’improvisation parce que j’adore ça. Mais j’ai toujours 60 minutes de texte écrit, quoi qu’il arrive. L’improvisation, ça ne se contrôle pas : parfois ça vient, parfois non. C’est le principe même du spectacle vivant, donc je m’assure d’avoir un spectacle solide, même sans improvisation. Maintenant, si quelque chose se passe dans le public, je saisis l’occasion avec plaisir. Et dans un cadre comme celui du 12 juillet, en extérieur, face à la mer, il y en aura forcément. Mais je ne fais pas non plus un spectacle entièrement improvisé. Il y a toujours une base écrite, et l’improvisation vient en bonus, quand elle peut. J’ai au minimum 60 minutes de spectacle, mais ça peut durer beaucoup plus. L’improvisation, on la prend avec plaisir !
 

Vous êtes aussi chroniqueur sur France Inter. Écrire une pastille radio en deux minutes et construire un spectacle, ce sont deux muscles très différents ?
Oui ! Mon spectacle, c’est ce que je fais depuis très longtemps, je suis habitué. Quand j’ai été sollicité pour faire une chronique, ça m’a un peu sorti de ma zone de confort, mais j’étais très content d’essayer. J’aime écrire sous toutes les formes, parce que ça alimente ma créativité. L’écriture, c’est un muscle : plus on écrit, plus on écrit vite et mieux, et plus on est fier de ce qu’on produit. La chronique, c’était donc un nouvel exercice pour moi, un moyen de m’améliorer et de m’exprimer différemment. C’est un vrai plaisir, même si je débute encore. Cet exercice, qui est assez éloigné de mon métier de base, m’apporte beaucoup. Et j’ai l’impression que ça m'apporte aussi des choses en plus pour le bien de mon spectacle et de mon art.
 

Un mot pour les Corses qui viendront vous découvrir le 12 juillet à Erbalunga ?
J'ai trop hâte. J'espère avoir un accueil chaleureux. Chaque fois que je suis allé en Corse, j'ai eu des souvenirs incroyables. J'ai d’ailleurs pas mal de gens sur les réseaux sociaux qui me demandent de venir en Corse, et c’est le 12 juillet que ça arrivera. J’ai hâte de tous les rencontrer.
 

Pour finir, si vous deviez convaincre quelqu’un qui ne vous connaît pas de venir vous voir, que diriez-vous ?
Je pense qu’il est certain de passer un bon moment. Dans les salles, je vois souvent des gens venir avec des amis ou même des membres de leur famille qui ne me connaissent pas, et qui sont agréablement surpris de m’avoir découverts. Je suis très attaché à la bienveillance sur scène. Il y a beaucoup d’improvisation, mais jamais d’humiliation du public, c’est quelque chose que je n’aime pas, que je ne sais pas faire, et qui me met mal à l’aise. Venir voir mon spectacle, c’est déjà s’assurer de passer un moment drôle, avec un spectacle rempli de bienveillance et d’amour. Je sais que ça peut être un frein d’avoir un humoriste qui vient taquiner son public d'une manière un peu trop frontale, mais moi, il n'y aura jamais ça. Je pense que ça fait partie des arguments pour venir me découvrir.