À l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan, une délégation turque de scientifiques s’est rendue à Bastia pour rencontrer les équipes du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate, avec qui ils ont signé un partenariat pour la protection de la Méditerranée. Cette rencontre a aussi été marquée par des actions de sensibilisation auprès des plus jeunes.
C’est un partenariat entre deux territoires de la Méditerranée. À l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan, qui se déroule à Nice du 9 au 13 juin prochain, une délégation turque de scientifiques s’est arrêtée, à bord de la goélette Bodrum, dans le port de Bastia ce jeudi. L’objectif : rencontrer les équipes du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate, avec qui ils ont tissé un partenariat pour la protection de la Méditerranée. “Les premiers échanges entre nos équipes et les équipes de la ville de Mugla ont permis de remarquer des problématiques communes, notamment en matière de changement climatique et de lutte contre les espèces invasives, c’est pourquoi nous avons signé ce partenariat en matière de collaboration et d’échanges culturels entre la ville de Bastia et différentes villes de Turquie”, explique François Secondi, chargé de communication et de sensibilisation au sein du Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate.
À travers ce séjour en Corse, l’objectif est de faire se rencontrer les scientifiques qui travaillent au quotidien sur la protection de la Méditerranée. “À cause du réchauffement climatique, la Méditerranée en Turquie a commencé à changer très rapidement avec le passage d’espèces invasives par le canal de Suez, comme le poisson-lion, le poisson-lapin, mais aussi des algues et des invertébrés, comme l’oursin à longues épines”, indique Serena Peinetti, biologiste marine. “Ces espèces remplacent les niches écologiques des espèces qui étaient déjà présentes dans nos mers, et les font disparaître. Une coopération comme celle que nous avons avec la Corse peut nous permettre d'expliquer ce qui se passe dans notre pays pour éviter que ça se reproduise dans l’ouest de la Méditerranée.”
Pour les équipes du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate, les conseils de la délégation turque sont les bienvenus. “Travailler avec des collègues présents sur la façade est de la Méditerranée, déjà touchés par les conséquences du changement climatique, nous permet de mieux connaître ce qui nous attend en Corse. On a déjà remarqué le développement d'espèces invasives comme les algues filamenteuses ou le fameux crabe bleu, c’est pourquoi il va falloir mettre en place une sorte de vigie pour connaître la progression d’espèces à l’est et éviter que ça se passe chez nous aussi, ou en tout cas mettre en place des mesures de gestion adéquates”, précise François Secondi.
Une sensibilisation pour les plus jeunes
Cette journée était aussi l’occasion d’accueillir deux classes de CE1 afin de les sensibiliser à la protection de la Méditerranée. “On fait d’abord découvrir aux jeunes le fonctionnement d’une goélette, parce que les scientifiques sont venus à la voile depuis la Turquie. Avec des ateliers, on essaie de leur faire prendre conscience de l’importance de la préservation de l'environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils sont les adultes de demain, et c’est important de leur expliquer que si quelque chose se passe ailleurs en Méditerranée, ça pourrait aussi arriver chez nous, et c’est pour ça qu’il faut protéger nos mers”, déclare François Secondi.
Parmi les ateliers proposés aux enfants, l’un d’eux, animé par Dylan Clamens-Pattoni, chargé de mission au sein de Life EU Sharks, portait sur les raies et les requins dans les eaux de l’île. “C’est un atelier spécifique sur les espèces qu’on a pu recenser dans le Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate. On a près de 50 espèces différentes, mais elles sont parfois méconnues, et surtout menacées par l'impact anthropique et le changement climatique. Avec l'atelier d’aujourd'hui, on essaie de montrer aux enfants la chance d’avoir autant d'espèces dans nos eaux, et on essaie aussi de les sensibiliser un petit peu sur le rôle qu'ont ces animaux et sur ce qui peut être fait pour espérer qu'ils perdurent dans le temps.”
Une expérience qui a ravit les enfants. “J’ai appris plusieurs espèces de raies et de requins que je ne connaissais pas”, explique Lisandru. Aurore, quant à elle, retient “que la Turquie est en danger parce qu’il y a de plus en plus de poissons qui vont dans la mer, et que ce sera bientôt pareil pour nous”.