L’Arcu Corsica et plusieurs organisations appellent à participer à la marche des fiertés 2025, organisée le samedi 21 juin à Bastia. Un rassemblement revendiqué comme politique et solidaire, dans un contexte international jugé alarmant.
Dans leur appel, les organisateurs revendiquent une visibilité pleine et entière pour les personnes LGBTQIA+, face aux normes dominantes qui, selon eux, continuent de marginaliser les identités queer. « Nous refusons l’assimilation aux normes hétéro, cis, binaires et rigides qui nous déshumanisent. Nous refusons que toute recherche de soi à travers nos identités et nos amours puisse être identifiée comme une déviance. » peut-on lire dans le communiqué qui dénonce une pensée dominante présentée comme hégémonique, qui ne tolérerait les existences queer qu’à condition de les faire entrer dans un cadre rigide.
Cette édition 2025 intervient dans un contexte décrit comme préoccupant par les signataires. Ils évoquent la progression des idées qualifiées de réactionnaires et d’extrême droite, en France comme ailleurs. « La progression des idées réactionnaires […] a sans doute été plus fulgurante encore que ce que nous craignions. » Ils affirment que « nos vies sont au cœur de débats incessants », et que la répression des identités minoritaires s’inscrit dans une dynamique globale. À l’appui, le communiqué cite plusieurs exemples internationaux : « Au Royaume-Uni, une décision transphobe […] exclut les personnes trans des espaces non-mixtes et les réassigne à un genre non souhaité. […] Aux États-Unis, le gouvernement tente d'effacer l'histoire de toutes les luttes sociales […]. »
Au-delà de ces exemples, l’appel pose une réflexion plus large sur les logiques de contrôle, d’exclusion et de frontières : « Nous nous tenons au milieu du chemin des pouvoirs autoritaires […]. Nous sommes un obstacle à leur vision réductrice, parce que ce que nous représentons, c’est la porosité, la fluidité, l’ouverture, l’insaisissable. La joie de l’indéfinition. Le désir absolu de la rencontre. »
La Corse, affirment-ils, n’est pas épargnée par ces mouvements. « Nous savons à quel point notre île fait partie du monde […]. Le silence, lourd, qui entoure nos existences et compromet nos conditions de vie, peut être favorable à ce climat de haine. » Mais le texte insiste aussi sur la possibilité d’un autre avenir, d’une réponse locale à ces tensions : « Nous savons aussi à quel point d’ici peuvent émerger d’autres possibles, d’autres voix, d’autres espoirs. »
Cette édition 2025 sera aussi l’occasion d’un échange militant avec des représentants du MOS, un collectif sarde, venus de l’île voisine pour « partager ces moments de lutte et d’amitié ».
L’appel se clôt par une déclaration d’amour à l’île, et un attachement à y vivre pleinement, dans le respect des diversités : « Nous, personnes gay, lesbiennes, trans, bisexuel.les, intersexes, queer, nous aimons notre île et nous comptons y rester. Nous voulons en prendre soin, et prendre soin les un.es des autres. Nous voulons exprimer nos identités et nos amours librement […]. » « Simu corse·i, strane·i queer è ne simu fiere·i ! »