Des lycéens sartenais construisent un bac à marée et l’installent sur la plage de Pinareddu

Rédigé le 19/11/2025
Julien Castelli

Mardi matin les élèves de seconde du lycée agricole de Sartène ont installé un bac à marée sur la plage de Pinareddu à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio. Ce contenant en bois, à ne pas confondre avec une poubelle, ils l’ont fabriqué eux-même. Il sert à collecter certains types de déchets rejetés par la mer, comme le plastique.

Le bac à marée a été construit par des lycéens de seconde du Campus AgriCorsica de Sartène, supervisés par leur enseignante Emmanuelle Tramoni (à droite).

Les bacs à marée, aussi appelés bacs à tempête, font partie du paysage sur la côte atlantique, en Manche ou mer du Nord. Mais sur le littoral corse, c’est une rareté. Il y en a eu un d’installé sur la plage de Purraja à Propriano l’an dernier, mais il n’a pas résisté aux tempêtes de l’hiver. Il avait été construit, déjà, sous l’impulsion du campus AgriCorsica de Sartène, et de ses enseignantes Emmanuelle Tramoni et Julie Grosso. Ce premier bac à marée proprianais « il n’avait pas de loquet », se souvient Emmanuelle Tramoni. L’enseignante a retenu la leçon et un loquet a été ajouté à cette deuxième mouture. L’avenir nous dira si ce sera suffisant pour faire face aux forces de la nature.

Les jeunes élèves sartenais se sont mis sur les pas de leurs devanciers, réutilisant les planches qui avaient servi à construire le bac à marée de Propriano, avec du bois de palette. Un travail rondement mené en quelques jours : « Pour nous, c’est la base de savoir monter et assembler, relativise Saveria, l’une des élèves. On avait juste besoin de clous et d’un marteau... » Ils ont aussi réalisé les panneaux d’informations apposés sur le bac, ainsi que leur traduction en corse et en anglais.

 

Suite à l'installation, les élèves de CM2 de l'école de Sainte-Lucie ont été invités sur la plage, pour qu'ils soient sensibilisés au projet.

C’est pas l’homme qui prend la laisse de mer

Un bac à marée sert à collecter les déchets que la mer abandonne sur la plage, comme des filets de pêche, des pneus, du verre, de la ferraille et bien sûr du plastique. Promeneurs et plagistes (selon la saison) sont ainsi vivement incités à déposer les déchets qu’ils trouvent dans ce bac à marée - installé à l’entrée de la pinède de Pinareddu, sur la partie nord de la plage - avant que la mer ne les reprenne. Cela exclut tout ce qui constitue la laisse de mer (algues, coquillages, bois flotté, os de seiche…), qu’il ne faut pas toucher. Quant aux ordures ménagères, produits toxiques ou déjections canines, leur place est dans une poubelle. Ce bac à marée n’a bien entendu pas l’ambition de se substituer aux indispensables collectes de déchets citoyennes sur la plages : « C’est surtout l’objet d’une sensibilisation, pour que les promeneurs sachent où mettre les déchets qu’ils trouvent. Et derrière, c’est aux municipalités de faire perdurer le projet. »

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Collecte

C’est précisément après avoir entendu parler de la construction du bac à marée de Propriano que la municipalité de Zonza Sainte-Lucie a manifesté son intérêt pour un tel équipement. S’il résiste aux tempêtes, le bac à marée restera installé toute l’année et ses déchets seront ramassés « régulièrement », s’engage Marina Millet, la conseillère municipale en charge des projets maritimes. A Propriano, « les gens ont eu les bons réflexes de ramassage », s’en félicite Emmanuelle Tramoni. De quoi convaincre les réticents : « Des municipalités n’en veulent pas des bacs à marée, assure l’enseignante, car elles pensent que ça pourrait devenir des poubelles. Ca prendra peut-être dix ans, mais je suis convaincue qu’on parviendra à sensibiliser. »