De Luigi-Antò (3 ans) à Dominique Leca (93 ans), à Vicu, la musique relie les générations à a Scola di cantu di i Dui Sorru

Rédigé le 20/10/2025
C.-V. M

Il n’est sans doute pas de lien plus fort entre les générations que la musique. À la Scola di cantu di i Dui Sorru, cet adage prend tout son sens, tant l’écart d’âge entre le plus jeune et le plus ancien des élèves illustre la vitalité et l’esprit de transmission qui animent l’association présidée par Noëlle Medurio.

Le benjamin de la Scola, Luigi-Antò Santori, n’a que 3 ans. Élève en moyenne section à l’école Camille-Borossi de Vicu, il suit avec enthousiasme le cours d’éveil au chant. Fils de Laura Santori, née Cianelli, originaire de Chigliani, et de Paul-Antoine Santori, d’Arru - lui-même inscrit au cours de chant adulte - Luigi-Antò semble déjà fait pour la scène. Rideaux, micros, lumières : tout l’enchante. Et surtout, il sait créer un lien instinctif avec le public, à l’image de son grand-père, Jules-Antoine Santori.

À l’autre extrémité de la palette d’âge, la Scola met aujourd’hui à l’honneur son doyen, Dominique Leca, né le 28 février 1932. Originaire d’Ortu, il a connu une vie bien remplie : engagé dans la Marine nationale en 1950, il a ensuite exercé de nombreux métiers - projectionniste de cinéma, magasinier automobile chez Fiat puis Citroën, représentant pour l’alimentation, et enfin convoyeur de fonds jusqu’à sa retraite en 1992.
Père de deux enfants, dont Bruno, également élève de guitare à la Scola, Dominique Leca a choisi, à 93 ans, d’apprendre lui aussi à accompagner au chant par la guitare. Un engagement salué par tous, exemple de ténacité et de curiosité intacte malgré le poids des années.


Pour Noëlle Medurio, cette diversité d’âges et de parcours illustre pleinement la vocation de la Scola : « Au-delà de la transmission du chant et de la musique, notre école veut être un lieu où se perpétuent les valeurs qui sont les nôtres, en tant que Corses. »
Les cours donnés à l’EHPAD de Vicu, au sein du tiers-lieu U Chjosu di a Vignarella, traduisent cette volonté d’être au plus près des anciens. « Pour la première fois, ce n’est pas nous qui créons l’intergénérationnalité, mais un des anciens de notre région qui se présente à nous, et nous en sommes plus que fiers », souligne encore la présidente.

Entre Luigi Antò et Dominique, entre l’éveil du plus jeune et la passion retrouvée du doyen, la Scola di cantu di i Dui Sorru fait plus que chanter : elle tisse un fil précieux entre les âges et les mémoires.