Dominique Faure, ancienne ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité entre 2022 et 2024, était à Bastia dans le cadre de la campagne pour la présidence du Parti radical, dont elle est membre. Entre deux rencontres avec les élus bastiais de son parti, elle évoque la situation du Parti radical sur l’île et le processus d’autonomie de la Corse.
Le Parti radical est toujours présent en Corse et implanté. Comment l’expliquez-vous ?
Le Parti radical a un socle en Corse, mais aussi un socle du centre droit, et c’est notre fierté d’avoir une jambe de centre gauche et une de centre droit. C’est très important pour moi, en tant que candidate à la présidence du Parti radical et ancienne ministre, d’aller à la rencontre des candidats radicaux aux élections municipales. On est à cinq mois du scrutin et c’est le bon moment. Ce parti a une histoire : il est né en 1901, quand on crée le régime associatif, et en 1905, c’est un radical qui porte le texte sur la laïcité. Nous avons ensuite porté l’école de la République, la sécurité sociale. Tout ce socle idéologique, au service de la cohésion sociale et territoriale, soutient un projet qui vise à mettre les territoires au cœur du projet politique du Parti radical et à moderniser la pensée radicale, en étant l’aiguillon intellectuel au sein de ce bloc central, avec l’ambition de doubler ou tripler le nombre d’élus municipaux.
Vous parlez de moderniser le Parti radical. En Corse, contrairement à d’autres partis, les jeunes ne sont pas vraiment présents, et pour ses opposants le parti renvoie l’image d’une formation appartenant au passé.
Sur le continent, nous avons réussi à faire venir beaucoup de jeunes. On dénombre 250 jeunes de moins de 35 ans. On retrouve des jeunes qui se reconnaissent dans les valeurs du Parti radical, à la fois sur cette jambe gauche et cette jambe droite. En Corse, on a eu la chance d’avoir Émile Zuccarelli, ancien ministre, qui a gouverné la ville. Aujourd’hui, les choses évoluent, les radicaux bougent (Jean Zuccarelli, Jean-François Paoli, Hélène Salge) pour essayer de bâtir une alliance et reprendre la gouvernance de cette commune où il y a un fort mécontentement.
Votre point de vue sur le fait que le Parti radical bastiais n’est pas présent dans l’union annoncée par une partie de l’opposition ?
Je ne veux pas rentrer dans la campagne pour Bastia alors que rien n’est définitif. Il ne faut pas s’arrêter à une division ou à des rapprochements. Tout cela est mouvant, et je pense que le Parti radical peut être le ciment entre des personnes plutôt de gauche et plutôt de droite. Il faut accepter de faire des compromis. C’est l’unique chance que l’on a de reprendre la gouvernance de la ville aux nationalistes.
La Corse est engagée dans un processus d’autonomie. On a l’impression que ce dernier n’avance plus...
Je ne dirais pas que cela n’avance pas. Le dispositif avance. Mon avis, en tant que radicale attachée à la République, est que la dimension insulaire de la Corse est à prendre en compte. La langue corse, qui fait partie du patrimoine corse et français, est absolument à préserver. Mais personnellement, aller sur le terrain constitutionnel et faire évoluer la loi, je ne pense pas que la Corse et la France aient quelque chose à y gagner. Travaillons sur comment améliorer la qualité de vie des Corses. Travailler sur un texte et toucher à la Constitution… Je suis respectueuse du fait que le président de la République en ait pris l’engagement. Le dispositif avance, soyons observateurs de la façon dont les choses évoluent.
On a l’impression que, sur l’idée d’autonomie, le Parti radical a également modifié sa position et est plus ouvert, avec tout de même des limites...
C’est une réalité. Tout dépend de ce que l’on met derrière le mot autonomie. Cette autonomie des territoires a du sens. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière ? Il y a une plus grande décentralisation, il y a la volonté d’amener plus de compétences dans nos collectivités. Mais l’urgence n’est pas de décentraliser tout de suite. L’urgence, c’est de clarifier et de déconcentrer les services de l’État. Il y a très peu de monde et de fonctionnaires aujourd’hui autour du préfet pour les aider à accompagner les collectivités locales dans leurs missions. Commençons par clarifier entre région, départements, intercommunalités et mairies. Il y a un certain nombre de choses à améliorer et à simplifier. D’abord clarifions, avant de décentraliser et avant de parler d’autonomie.
Les élus locaux dénoncent régulièrement la baisse des dotations de l’État et les transferts de compétences sans moyens supplémentaires...
C’est faux. La dotation de l’État dans les collectivités pèse environ deux milliards. Au début du deuxième mandat d’Emmanuel Macron, nous avons pu obtenir deux milliards de plus avec le Fonds vert pour accompagner la transition écologique. La dette n’arrivant pas à être réduite, on a pris la décision de descendre à 1,5 milliard, puis à un milliard, et je ne sais pas ce qu’il y aura dans la loi de finances 2026. On est dans un socle qui n’a pas bougé et une dotation qui, elle, diminue. N’oublions pas qu’il y a cinq ans, nous n’avions pas ce Fonds vert. C’est un peu injuste de dire qu’on a moins d’argent. Ce qui est vrai, c’est que les élus locaux font un travail remarquable. Et ce sont eux qui tiennent la République. Ils ont besoin d’un peu plus d’argent, oui. On a lancé France Ruralité pour plus d’ingénierie, et il faudrait plus de moyens pour accompagner les maires, notamment dans les villages.
Vous dites : « Les élus locaux tiennent la République ». Quelle place pour eux dans la crise de régime que traverse la France ? Et que peuvent-ils apporter ?
Une fois que nous aurons simplifié, il faut renforcer les compétences des collectivités. Elles seront un gage de stabilité. Mais attention à ce que cela ne devienne pas un gage d’une République dans laquelle on entendrait dire que l’Éducation nationale pourrait être une compétence décentralisée. Je n’y suis pas favorable. Je suis au service d’une République une et indivisible. Je pense qu’on est heureux, en France, que dans les grandes villes, dans les villages, dans les quartiers difficiles, on ait un enseignement gratuit et laïque. Renforcer les régions, oui ; renforcer les collectivités locales, oui. Il y a des choses à décentraliser, mais pas tout — surtout pas le régalien, comme on l’entend parfois dans la bouche de certains.
Le Parti radical a un socle en Corse, mais aussi un socle du centre droit, et c’est notre fierté d’avoir une jambe de centre gauche et une de centre droit. C’est très important pour moi, en tant que candidate à la présidence du Parti radical et ancienne ministre, d’aller à la rencontre des candidats radicaux aux élections municipales. On est à cinq mois du scrutin et c’est le bon moment. Ce parti a une histoire : il est né en 1901, quand on crée le régime associatif, et en 1905, c’est un radical qui porte le texte sur la laïcité. Nous avons ensuite porté l’école de la République, la sécurité sociale. Tout ce socle idéologique, au service de la cohésion sociale et territoriale, soutient un projet qui vise à mettre les territoires au cœur du projet politique du Parti radical et à moderniser la pensée radicale, en étant l’aiguillon intellectuel au sein de ce bloc central, avec l’ambition de doubler ou tripler le nombre d’élus municipaux.
Vous parlez de moderniser le Parti radical. En Corse, contrairement à d’autres partis, les jeunes ne sont pas vraiment présents, et pour ses opposants le parti renvoie l’image d’une formation appartenant au passé.
Sur le continent, nous avons réussi à faire venir beaucoup de jeunes. On dénombre 250 jeunes de moins de 35 ans. On retrouve des jeunes qui se reconnaissent dans les valeurs du Parti radical, à la fois sur cette jambe gauche et cette jambe droite. En Corse, on a eu la chance d’avoir Émile Zuccarelli, ancien ministre, qui a gouverné la ville. Aujourd’hui, les choses évoluent, les radicaux bougent (Jean Zuccarelli, Jean-François Paoli, Hélène Salge) pour essayer de bâtir une alliance et reprendre la gouvernance de cette commune où il y a un fort mécontentement.
Votre point de vue sur le fait que le Parti radical bastiais n’est pas présent dans l’union annoncée par une partie de l’opposition ?
Je ne veux pas rentrer dans la campagne pour Bastia alors que rien n’est définitif. Il ne faut pas s’arrêter à une division ou à des rapprochements. Tout cela est mouvant, et je pense que le Parti radical peut être le ciment entre des personnes plutôt de gauche et plutôt de droite. Il faut accepter de faire des compromis. C’est l’unique chance que l’on a de reprendre la gouvernance de la ville aux nationalistes.
La Corse est engagée dans un processus d’autonomie. On a l’impression que ce dernier n’avance plus...
Je ne dirais pas que cela n’avance pas. Le dispositif avance. Mon avis, en tant que radicale attachée à la République, est que la dimension insulaire de la Corse est à prendre en compte. La langue corse, qui fait partie du patrimoine corse et français, est absolument à préserver. Mais personnellement, aller sur le terrain constitutionnel et faire évoluer la loi, je ne pense pas que la Corse et la France aient quelque chose à y gagner. Travaillons sur comment améliorer la qualité de vie des Corses. Travailler sur un texte et toucher à la Constitution… Je suis respectueuse du fait que le président de la République en ait pris l’engagement. Le dispositif avance, soyons observateurs de la façon dont les choses évoluent.
On a l’impression que, sur l’idée d’autonomie, le Parti radical a également modifié sa position et est plus ouvert, avec tout de même des limites...
C’est une réalité. Tout dépend de ce que l’on met derrière le mot autonomie. Cette autonomie des territoires a du sens. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière ? Il y a une plus grande décentralisation, il y a la volonté d’amener plus de compétences dans nos collectivités. Mais l’urgence n’est pas de décentraliser tout de suite. L’urgence, c’est de clarifier et de déconcentrer les services de l’État. Il y a très peu de monde et de fonctionnaires aujourd’hui autour du préfet pour les aider à accompagner les collectivités locales dans leurs missions. Commençons par clarifier entre région, départements, intercommunalités et mairies. Il y a un certain nombre de choses à améliorer et à simplifier. D’abord clarifions, avant de décentraliser et avant de parler d’autonomie.
Les élus locaux dénoncent régulièrement la baisse des dotations de l’État et les transferts de compétences sans moyens supplémentaires...
C’est faux. La dotation de l’État dans les collectivités pèse environ deux milliards. Au début du deuxième mandat d’Emmanuel Macron, nous avons pu obtenir deux milliards de plus avec le Fonds vert pour accompagner la transition écologique. La dette n’arrivant pas à être réduite, on a pris la décision de descendre à 1,5 milliard, puis à un milliard, et je ne sais pas ce qu’il y aura dans la loi de finances 2026. On est dans un socle qui n’a pas bougé et une dotation qui, elle, diminue. N’oublions pas qu’il y a cinq ans, nous n’avions pas ce Fonds vert. C’est un peu injuste de dire qu’on a moins d’argent. Ce qui est vrai, c’est que les élus locaux font un travail remarquable. Et ce sont eux qui tiennent la République. Ils ont besoin d’un peu plus d’argent, oui. On a lancé France Ruralité pour plus d’ingénierie, et il faudrait plus de moyens pour accompagner les maires, notamment dans les villages.
Vous dites : « Les élus locaux tiennent la République ». Quelle place pour eux dans la crise de régime que traverse la France ? Et que peuvent-ils apporter ?
Une fois que nous aurons simplifié, il faut renforcer les compétences des collectivités. Elles seront un gage de stabilité. Mais attention à ce que cela ne devienne pas un gage d’une République dans laquelle on entendrait dire que l’Éducation nationale pourrait être une compétence décentralisée. Je n’y suis pas favorable. Je suis au service d’une République une et indivisible. Je pense qu’on est heureux, en France, que dans les grandes villes, dans les villages, dans les quartiers difficiles, on ait un enseignement gratuit et laïque. Renforcer les régions, oui ; renforcer les collectivités locales, oui. Il y a des choses à décentraliser, mais pas tout — surtout pas le régalien, comme on l’entend parfois dans la bouche de certains.