Le Prix du Mémorial - Grand prix littéraire d’Ajaccio remis aux lauréats 2023 et 2024

Rédigé le 12/10/2025
Alba Marcelli

La cérémonie de remise du Prix du Mémorial - Grand prix littéraire d’Ajaccio s’est déroulée mardi soir dans la Grande Galerie du Palais Fesch. Cette année, le Prix du Mémorial a été remis aux lauréats 2023 et 2024. Michel Vergé-Franceschi a reçu le prix 2023 pour son ouvrage « Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er » et Maryvonne de Saint-Pulgent le prix 2024 pour « La gloire de Notre-Dame, la Foi et le Pouvoir ». Les deux lauréats ont reçu également la médaille de la ville.

Crédit photo : Direction de la communication, Ville d'Ajaccio.

L’histoire du père de Napoléon 1er, Charles Bonaparte et l’histoire de Notre-Dame de Paris et ce qui a fait sa gloire sont les sujets des deux ouvrages que le jury du Prix du Mémorial a choisi de couronner. 

Mardi soir, une cérémonie organisée dans la Grande Galerie du Musée Fesch a permis de récompenser les deux lauréats 2023 et 2024 et de leur remettre la médaille de la ville en reconnaissance de leur contribution au rayonnement culturel.

Michel Vergé-Franceschi pour son ouvrage Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er a reçu le prix 2023 et Maryvonne de Saint-Pulgent a reçu le prix 2024 pour son ouvrage La gloire de Notre-Dame, la Foi et le Pouvoir. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de l’adjointe à la culture Simone Guerrini, de Jean-François Sirinelli président du jury du Prix du Mémorial et des membres de l’Association Culturelle du Mémorial.

Quelques heures avant de recevoir leur prix, nous avons rencontré les deux auteurs au Grand Napoléon pour parler de leurs ouvrages.

Écrire sur notre-Dame de Paris, "c'était quand même un challenge redoutable"

Maryvonne de Saint-Pulgent connaît bien Notre-Dame, pour avoir été directrice du patrimoine au ministère de la Culture entre 1993 et 1997. Elle nous raconte ce qu’il la conduite à écrire cet ouvrage qui lui a nécessité près de deux années de travail.  Le point de départ, c’est l’incident de Notre-Dame en 2019, devenu « très vite un sujet Elyséen ». Suite à la catastrophe, elle est devenue l’interlocutrice privilégiée des médias notamment, puisqu’elle était compétence sur le sujet et libre de pouvoir répondre aux questions. Maryvonne de Saint-Pulgent a été très présente sur le sujet. Auteure Gallimard, il lui a été proposé d’écrire sur Notre-Dame. « Une proposition redoutable » pour l’auteure puisque Notre-Dame de Paris a nourri dans l’histoire la littérature, « tout le monde en a tête l’auteur qui a fait de Notre-Dame de Paris une célébrité littéraire et qui a déclenché la restauration du 19e siècle, Victor Hugo. C’était quand même un challenge redoutable ». Mais l’auteure, passionnée et fin connaisseur de l’histoire de la cathédrale a relevé ce challenge de manière brillante comme en atteste le Prix Mémorial.

"J'aime bien dire, c'est la plus ancienne des grandes" 

L’auteure a cherché ce qui n’avait pas été fait sur Notre-Dame. L’ouvrage est partie de la réflexion suivante : « Pourquoi le monde entier s'est intéressé au sort de cette cathédrale catholique occidentale. » Elle s’est passionnée pour l’incendie lui-même, ce qui s’est passé autour et à ce qui a suivi. L’aide internationale, la générosité universelle, le retentissement mondial de l’événement a fait ressortir cette espèce de gloire universelle de Notre-Dame de Paris. « Je me suis interrogée sur les sources de cette gloire. C'était la première question que je voulais traiter. D'où vient la gloire de Notre-Dame de Paris ? » Une gloire qui vient de loin. « Cette gloire a évolué, elle a revêtu des visages différents » et l’auteure a essayé de traiter les visages de cette gloire qui est à la fois ancienne et qui s‘est transformée au cours des siècles.

Dans cet essai, il y a deux sujets principaux, la gloire universelle de Notre-Dame, « l’une des plus anciennes fondations religieuses de la Gaule » : l’école de Notre-Dame, la célébrité intellectuelle, la construction de la cathédrale gothique faisant de la cathédrale la plus haute de la Chrétienté, l’audace architecturale (elle a été trois fois de suite le chantier du siècle nous apprend l’auteure), le best-seller de Victor Hugo, la reconstruction, « paroisse de la nation, là où l’on a prié pour les victimes des attentats de Paris, célébré les victoires, espéré les libérations ». Une cathédrale qui continue d’inspirer « l’incendie lui-même a donné lieu à un film de Jean-Jacques Annaud. » Le deuxième sujet du livre, « c’est tout ce que l’on a vu sur les jeux de pouvoir autour de la cathédrale (…) » : pouvoir religieux, rôle politique.
Pour comprendre la gloire de la cathédrale et les jeux de pouvoir, l’auteure remonte dans l’histoire, de sa construction sur l’Ile de la Cité à l’incendie en 2019. Maryvonne de Saint-Pulgent a également sorti un petit livre sur Notre-Dame vue par les peintres, notamment Picasso et Chagall. 

L’auteure confie avoir été très honorée de recevoir ce prix, « qui a couronné de grands historiens. »   Jean-François Sirinelli, le président du jury expliquait pourquoi le choix s’était porté sur l’ouvrage de Maryvonne de Saint-Pulgent : « Il est digne d’admiration pour deux raisons. D’abord pour son auteure, le livre reflète l’auteure, on dirait chez les Romains que c’est un "Janus" car c’est à la fois un haut fonctionnaire, conseiller d’État et femme de culture (…) il y a un personnage "Janus" qui avait déjà écrit beaucoup d’ouvrages et forcé le respect. Ce respect s’est doublé pour nous d’une admiration pour le livre que nous avons lu. Ce livre part de l’incendie d’avril 2019 et s’interroge sur ce que qu’un grand historien maintenant disparu, Pierre Nora, appelait les événements monstres, qui frappent par leur nature et par l’écho qu’ils suscitent (...) il y a cette réflexion de ce que l'auteure appelle la gloire de Notre-Dame et une réflexion sur les rapports entre Notre-Dame et les différents pouvoirs, la foi et les pouvoirs politiques. »

Pour faire le lien avec l’ouvrage qui a reçu le prix 2023, un passage de cet essai est consacré à la relation entre Notre-Dame et Napoléon. C’est dans cette cathédrale qu’il a été sacré Empereur et elle sera pour lui un lieu d’exercice du pouvoir.
 

« Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er » prix 2023

Le jury a couronné en 2023 Michel Vergé-Franceschi pour son ouvrage « Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er ». « C’est un auteur et une œuvre que nous avons couronné » indique le président du jury. Michel Vergé-Franceschi est un auteur et un grand historien de notre région à qui il a consacré de partie de son oeuvre. Avec ce nouvel ouvrage, il a voulu s’intéresser à « Bonaparte, le père » qui s’éteint très jeune, à l’âge de 39 ans, « remettre en valeur les Bonaparte » et « se remettre dans une époque ». Il manquait pour l’historien cette biographie « pleine de coeur et de savoir » sur ce membre de la famille Bonaparte. Dans ce livre, l'auteur retrace la vie de Charles Bonaparte, son enfance, sa vie matrimoniale avec Laetitia, il nous partage des anecdotes, nous dessine le panorama d’un Ajaccio qui comptait à l’époque 4000 habitants et qui souffrait d’un manque d’eau. Il s’est intéressé à ce personnage, avec empathie. Le récit de l'historien au sujet de son livre est passionnant, il nous invite à tourner les pages pour savoir qui était réellement le père de l’Empereur. Si  Michel Vergé-Franceschi a voulu écrire sur ce personnage de l’histoire, c’est aussi pour rétablir une certaine forme d’injustice car on connaît bien Madame Mère mais peu Charles, « celui qui donnait dans l’historiographie une mauvaise image ». 
Napoléon a très peu connu son père. Charles ne verra d’ailleurs jamais son fils devenir Empereur. « Le souvenir entre le père et le fils est assez limité ».  

"Il n'a rien vu de l'histoire de ses enfants"

L’historien nous retrace l’enfance et la jeunesse de Charles Bonaparte « beau, grand », ses études à Corte, ses amours, « père-citoyen », la modernité dont il fait preuve en faisant venir notamment Laetitia sur le continent, et des étapes de sa vie : la bataille de Borgo, sa participation à Ponte Novu, son installation à Versailles, sa fin de vie à Montpellier… 
« Charles Bonaparte n’a rien vu de l’histoire. Il ne saura même pas que son fils sera Empereur, son autre fils roi d’Espagne. L’Empire lui est volé par une maladie de l’estomac ». Napoléon a 16 ans lorsque son père meurt.