Zonza : tensions entre la mairie et la société hippique après la fermeture temporaire de l’hippodrome de Viseo

Rédigé le 28/08/2025
Léana Serve

Dimanche dernier, lors de la dernière réunion hippique de la saison, l’hippodrome de Viseo a temporairement fermé ses portes au public pour respecter la jauge de sécurité. Depuis, la société hippique et la mairie de Zonza s’opposent sur la gestion du comptage des entrées.

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Tensions autour de l’hippodrome de Viseo à Zonza. Dimanche dernier, à l’occasion de la dernière course hippique de la saison, les portes de l’établissement ont temporairement été fermées au public. Une décision prise par la société hippique et qui a donné lieu à des échanges tendus entre la mairie et les organisateurs sur les réseaux sociaux. Dans un post publié ce mercredi, l’hippodrome expliquait avoir été contraint de fermer les grilles pour respecter la jauge de sécurité fixée à 2 450 personnes : “À Viseo, nous sommes tenus, vous le savez peut-être, pour des raisons de sécurité, de respecter une jauge maximale de 2 450 personnes présentes simultanément sur le site. [...] Dimanche dernier, le problème n’a pas été la jauge, que cela soit clairement dit, mais le comptage établi par l’huissier diligenté par la mairie de Zonza à l’entrée principale.”
 

Contacté, Denis Bertini, président de la société hippique, précise que la jauge, définie par l’organisation elle-même et validée par la commission de sécurité, ne pose aucun problème. Il conteste en revanche la manière dont le nombre d’entrées a été comptabilisé dimanche dernier. Selon lui, les chiffres avancés par les agents mandatés par la mairie sont techniquement impossibles à atteindre dans le laps de temps observé. “À 14 heures, je demande à l’huissier situé à l’entrée principale, le nombre d’entrées, et il me répond qu’on est aux alentours des 500, ce qui est cohérent avec les courses d'avant. À 14h23, les guichetiers me disent qu’il y a un problème et qu’on en est à 2 100. Il est impossible de faire rentrer 1 600 personnes en 20 minutes, ça fait une personne toutes les 0.86 seconde, d'autant que les portiques de la mairie ne peuvent pas faire passer plus de 25 personnes en une minute, c'est-à-dire 1 500 personnes en une heure.”
 

Le président regrette également de ne pas avoir accès, en temps réel, aux données issues des dispositifs de comptage installés par la commune, comme les portiques électroniques ou les caméras. “Mon seul problème avec la mairie, c'est ce comptage. Si elle en met en place un avec caméras et portiques, il faudrait avoir le comptage en direct pour connaître les entrées exactes afin de ne pas dépasser cette jauge, mais je n’ai pas accès à tout ça. Quand on ouvre les portes à 13.heures, je ne sais pas si le portique est à 0, à 10 ou à 500, je n'ai pas de visibilité sur les comptages de la mairie, c'est leur parole contre la nôtre. Nous n'avons pas de problème avec la jauge, c'est nous qui l'avons fixée. Je veux juste qu'on m'explique comment 1 600 personnes sont rentrées en 25-30 minutes sur l'hippodrome.” Il indique aussi que, depuis le début de la saison, la mairie a mis en place plusieurs dispositifs de contrôle : “des portiques, des caméras à intelligence artificielle, deux huissiers et même des gendarmes”. “On compte de notre côté, mais il faut absolument qu’ils comptent aussi.”
 

Face à ces accusations, la municipalité justifie son dispositif. Nicolas Cucchi, le maire, rappelle que l’hippodrome, propriété de la commune, était autrefois classé en quatrième catégorie, limitant sa capacité à 300 personnes. “Depuis des années, la jauge était à 300 personnes, mais elle a toujours été dépassée. Il s'est trouvé qu'au mois d’août de l'année dernière, la préfecture a fait un contrôle et le préfet a fermé l'hippodrome.” Une nouvelle convention a été signée en mai entre la commune et la société hippique, notamment pour renforcer les règles de sécurité. La mairie indique avoir proposé un système de portiques pour mieux contrôler les flux, mais explique que ceux-ci n’auraient pas été utilisés lors des premières réunions de la saison. “La mairie met en place un dispositif qui permet de contrôler, mais c’est le président qui est responsable de l’événement. Ils refusaient d'utiliser les portiques, alors on a mis un huissier pour être sûr que le comptage soit fait, parce que je m'étais engagé avec la préfecture pour qu'il le soit. Au-delà de ma responsabilité pénale, il en va surtout de ma responsabilité morale.”
 

Au-delà de la question technique, la commune insiste sur un enjeu plus large : celui de la déclaration du nombre de personnes présentes sur le site. “Le fond du problème, c'est qu'à un moment donné, il faut déclarer le nombre des spectateurs qui entrent dans l'hippodrome,  c'est une question de sécurité. Les règles pour 300 personnes ne sont pas les mêmes que pour 3 000 , ce ne sont pas les mêmes contraintes. Cette année, en n'ayant contrôlé que trois courses sur cinq, et sur la base des déclarations des responsables de la société hippique, on a l'équivalent des trois dernières années en termes de fréquentation. Je pense qu’il y a un vrai problème de déclaration du nombre de personnes qui fréquentent l'hippodrome, alors il faut bien qu'il y ait un dispositif pour qu'on sache combien elles sont à entrer. Ils n'ont pas les mêmes chiffres que les huissiers, mais je fais confiance aux huissiers, ils savent compter.”

Denis Bertini affirme, lui, vouloir, surtout, travailler dans de bonnes conditions, avec plus de transparence sur les dispositifs de contrôle. “Nous ne continuerons pas dans ces conditions. L’année prochaine, nous verrons”, prévient-il.
De son côté, la municipalité assure vouloir maintenir l’activité des courses hippiques, tout en souhaitant que l’hippodrome puisse accueillir d’autres événements associatifs, dans le respect des règles de sécurité en vigueur.
“L'hippodrome appartient à la commune et on souhaite vraiment qu’il puisse servir en dehors des courses hippiques, de façon à ce que d'autres associations puissent en bénéficier. Mais ce que je veux aussi, c'est que les courses se tiennent et que la société hippique fonctionne : on mettra tout en œuvre, à l'avenir, pour qu'elles se déroulent dans les meilleures conditions possibles.”