Centre de tri de Monte : le préfet de Corse défend un projet "strictement encadré" face aux inquiétudes de la Chambre d’agriculture

Rédigé le 02/07/2025
VL

À deux jours de la pose de la première pierre du centre de tri et de valorisation des déchets de Monte, la préfecture de Corse répond aux inquiétudes exprimées par la Chambre régionale d’agriculture. Santé publique, pollution, trafic routier : l’État affirme avoir pris toutes les précautions.

L’État monte au front pour défendre le projet de centre de tri et de valorisation de Monte. Saisi fin juin par Jean-Baptiste Arena, président de la Chambre régionale d’agriculture, qui mettait en garde contre des « conséquences sanitaires et environnementales majeures » pour la plaine de Marana-Casinca, le préfet de Corse, Jérôme Filippini, a rendu publique sa réponse. Dans un communiqué détaillé, la préfecture affirme que les risques soulevés par la profession agricole ont été "examinés avec la plus grande attention" et que le site ne présentera "aucun danger pour les riverains ou les activités agricoles environnantes".

Selon le représentant de l’État, l’instruction du dossier a donné lieu à une série d’expertises et de consultations publiques, dont les conclusions ont toutes abouti à une validation du projet. “L’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation encadre strictement les conditions d’activité du site, au-delà des exigences minimales de la réglementation”, souligne la préfecture.

Le texte précise notamment que le site n’a pas vocation à accueillir de l’incinération de combustibles solides de récupération (CSR), qui aurait pu entraîner des émissions atmosphériques. Les autres émissions, issues des activités de compostage, de stabilisation ou de tri, seront quant à elles « soumises à un contrôle strict, permettant de garantir le non-dépassement des seuils réglementaires afin de limiter leur impact environnemental ».

Les eaux utilisées seront elles aussi surveillées. Les effluents pollués feront l’objet d’un traitement en amont de tout rejet dans le milieu naturel. Une « surveillance régulière des eaux souterraines » est également prévue pour garantir l’absence de contamination.

Autre point soulevé par les opposants au projet : l’augmentation du trafic routier. Là aussi, l’administration assure avoir anticipé. Selon l’étude d’impact, le centre devrait générer « un flux moyen de 129 véhicules par jour, dont 79 poids lourds ». Des aménagements sont prévus pour y répondre : « L’accès au site sera facilité par l’élargissement de la voie communale existante et l’aménagement en cours par la Collectivité de Corse d’un giratoire sur l’axe T10, permettant une insertion sécurisée et une fluidité du trafic. »

La préfecture rappelle par ailleurs que le projet a franchi plusieurs étapes institutionnelles. Le 16 septembre 2024, il a reçu « un avis favorable lors de la commission territoriale de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CTPENAF) ». Une enquête publique s’est tenue du 30 décembre 2024 au 30 janvier 2025. Elle a débouché sur un « avis favorable » émis le 18 février par la commission d’enquête, assorti de recommandations sur le suivi du site. « Les services de l’État veilleront au respect scrupuleux des prescriptions imposées, en lien avec le SYVADEC », souligne le préfet.

Un enjeu de souveraineté territoriale
Au-delà des garanties techniques, le représentant de l’État insiste sur l’enjeu stratégique du projet. « Chaque année, environ 75 000 tonnes de déchets sont dirigées vers l’enfouissement en Haute-Corse. Or, les capacités actuelles de traitement […] sont limitées à 45 000 tonnes par an ». Le centre de Monte, qui doit entrer en service en 2027, permettra selon lui de réduire de près de 50 % le volume de déchets enfouis. Enfin, Jérôme Filippini t rappelle que le projet s’inscrit dans le cadre du « plan territorial de prévention et de gestion des déchets (PTPGD), adopté par l’Assemblée de Corse le 25 juillet 2024 ». Il vise à doter l’île « d’infrastructures adaptées à la réduction, au tri et à la valorisation des déchets, dans une logique de maillage territorial et de transition environnementale ». Et de conclure : « Le centre de tri et de valorisation participera ainsi à un objectif d’intérêt général ».

La pose de la première pierre est maintenue ce vendredi 4 juillet à Monte, au lieu-dit Brancale.