Pene in capu - Fumer tue… mais surtout à la plage

Rédigé le 02/07/2025
Charles Monti

"Pene in capu" revient pour de temps à autre, dans un esprit un peu taquin et selon l'humeur du signataire de ces lignes, égratigner, critiquer, dénoncer les faits et gestes qui jalonnent, mais pas toujours de façon heureuse, notre quotidien.

Depuis ce 1er juillet, fumer à la plage, dans les jardins publics, aux abords des écoles et des équipements sportif ou à l’abri d’un abribus est devenu illégal. Voilà, c’est acté. La République est debout, les poumons des enfants sauvés, les mégots bannis du sable et les fumeurs sommés de se raviser ou de cracher 135 €.
L’intention est louable, sans doute. Qui peut sérieusement défendre la clope dans le bac à sable ? Personne. Mais on est en France, et en France, on adore les lois symboliques, les grandes déclarations de principes… et les trous béants dans leur application.
Car enfin, qui va verbaliser sur les 1000 kilomètres de côtes de Corse ? Dans les jardins ? Dans nos rues ? Le maître-nageur entre deux noyades ? Le jardinier municipal à la pioche dans une main et le carnet de PV dans l’autre ? Le policier débordé entre deux rodéos urbains et trois interpellations de pickpockets ?
On peine à faire respecter le Code de la route, les stationnements anarchiques font désormais partie du mobilier urbain, et le trafic de stups se porte mieux que la Sécurité sociale. Mais attention, toi, là-bas, avec ta clope au bord de l’eau, c’est toi la vraie menace.
Et puis comment expliquer au fumeur de plage, clope au bec et short de bain sur le nombril, qu’il va casquer pendant que, trois rues plus haut, le dealer du quartier écoule sa marchandise en toute quiétude sous le nez des passants – et parfois même de la maréchaussée ?
L’interdiction de fumer en plein air, c’est un peu comme repeindre les volets d’une maison en ruine. C’est joli, ça fait sérieux. Mais pendant ce temps-là, les fondations s’écroulent.
Alors oui, fumer, c’est mal. Oui, les plages sans mégots, c’est mieux. Mais à condition que la lutte contre les petits travers ne serve pas d’alibi à notre impuissance face aux grands désordres.
Et si on commençait par réparer les freins avant de repeindre la carrosserie ?

 


VINCENT FEURAY / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP