Il y a quelques semaines le premier bébé conçu grâce au centre de fertilité de Corse naissait au centre hospitalier de Bastia. Une "grande émotion" pour les équipes et une réussite rapide qui témoigne de la qualité d'accompagnement et d'expertise de cette structure ouverte en septembre dernier, grâce à un partenariat public privé entre le centre hospitalier et le laboratoire Vialle. Plus d'une centaine de couples insulaires ayant recours à la procréation médicalement assistée y sont déjà accompagnés.
Carnet rose. Début juin, le centre hospitalier de Bastia annonçait la naissance du premier bébé conçu grâce au Centre de fertilité de Corse, installé dans ses locaux depuis seulement neuf mois. « Une grande émotion » et une belle réussite pour cette structure créée grâce à un partenariat public-privé entre l’hôpital de Bastia et le laboratoire Vialle. « Nous sommes très très contents de cette nouvelle qui est le fruit d’un travail sérieux réalisé par une très bonne équipe », se réjouit Dr Laurent Charpenel, biologiste médical et responsable du centre de fertilité de Corse. Aux côtés de la coordinatrice du centre, le Dr Laure Bernard, gynécologue, et de leur équipe composée de sages-femmes et biologistes, ils se réjouissent aujourd’hui d’avoir enregistré « des résultats positifs dès les premières ponctions ». « Nous avons eu des grossesses dès le démarrage », glisse le Dr Laurent Charpenel en indiquant que 109 couples ont déjà été pris en charge à Bastia depuis septembre dernier.
Si les premières statistiques officielles du centre de fertilité régional ne seront publiées par l’Agence de biomédecine qu’en 2027, le responsable du centre dévoile ainsi déjà que sur ces neuf premiers mois « 144 ponctions ont été réalisées » et « un peu plus de 1200 ovocytes ponctionnés ». « La grande majorité de nos patients sont des couples que l’on accompagne dans leur souhait d’enfant et qui sont donc pris en charge dans le cadre d’une Aide Médicale à la Procréation (AMP) », ajoute-t-il en déroulant : « Nous avons des taux de grossesse pour ces couples qui sont de l’ordre de 32,5 à 33% par ponction, ce qui est très bon puisque la statistique nationale de l’agence de biomédecine tout centre confondu est de 22%. Il faut bien sûr rester humble avec ces résultats d’AMP, puisque nous n’avons qu’une cohorte de 1200 ovules, alors que les statistiques nationales concernent plusieurs centaines de milliers d’ovules ». Des chiffres qui témoignent toutefois de la performance de la structure corse et qui pourront contribuer à rassurer les couples aujourd’hui suivis sur le continent qui attendaient les premiers retours avant de demander le transfert de leur dossier. « Certains couples ont pour leur part joué le jeu dès le démarrage et n’ont pas attendu. Dès l’ouverture du centre, des couples qui avaient débuté leurs tentatives sur le continent ont rapatrié leurs dossiers et leurs paillettes d’embryons depuis Marseille ou Nice », se félicite le Dr Charpenel.
Un centre au cœur d’un réseau d’expertises pour parcours de proximité complet
Avant l’ouverture du centre de fertilité à Bastia, en moyenne 300 couples enchainaient chaque année les aller-retours sur le continent dans le cadre d’une AMP. Un processus souvent long et difficile émotionnellement. « Tous les couples qui ont fait le choix de transférer leurs dossiers dans notre centre nous l’ont dit : pouvoir suivre ce processus en Corse est beaucoup plus confortable pour eux », souligne le responsable du centre en appuyant : « C’est rassurant parce que dans la prise en charge en AMP, on est prévenu en moyenne 36 heures avant de subir une ponction ovocytaire, ce qui signifie donc devoir prendre un billet d’avion ou de bateau et poser des congés précipitamment. Cela ajoute donc du stress supplémentaire aux couples et engendre un coût, car si la Sécurité Sociale prend en charge le prix du transport, elle ne rembourse pas l’hébergement sur le continent où on doit rester 4 à 5 jours dans le cadre d’une Fécondation In Vitro par exemple ». Des difficultés que le centre de fertilité de Corse a permis de gommer, en permettant aux couples insulaires de pouvoir faire le trajet entre ses locaux et leurs domiciles dans la même journée.
Pour offrir à ces couples qui cherchent à concevoir un parcours complet de proximité dans la prise en charge de l’infertilité, l’ouverture du centre bastiais a de plus été accompagné par la création du RÉseau de FERtilité EN CorsE (REFERENCE) qui regroupe les expertises de professionnels de santé publics et privés de toute l’île. « Nous avons des staffs tous les mardis avec l’ensemble des praticiens qui font partie du réseau Référence, le réseau fertilité en Corse. Nous staffons tous les dossiers de tous les couples et chaque semaine nous incluons de nouveaux couples, pour lesquels on décide de la technique la plus adaptée à leur proposer », détaille le Dr Charpenel, « Aujourd’hui nous avons des rendez-vous avec des délais médians d’attente d’un mois et demi à deux mois. Cela montre aussi que les praticiens de l’île jouent le jeu en nous renvoyant leurs patients et sont contents de nos services ».
Encore environ 200 couples insulaires ont cependant pour l’instant choisi de continuer le processus d’AMP sur le continent. Des patients que le centre de fertilité de Corse espère bien pouvoir rapatrier dans les prochaines années. « Notre projet a été dimensionné et validé par l’Agence Régionale de Santé et l’Agence de biomédecine parce qu’il est régional et parce qu’il a une vocation publique-privée. Nous sommes bien évidemment surveillés par nos organismes de tutelle sur la viabilité financière du centre sur le long terme. Et nous savons que cette viabilité financière sera atteinte lorsque nous aurons une volumétrie de l’ordre de 300 à 450 tentatives par an », explique le responsable du centre en pointant : « Nous devrions finir l’année 2025 à environ 200 ponctions, ce qui est très bien pour une première année d’ouverture, et bien plus que ce que nous avions prévu. Mais nous espérons que la diffusion des informations sur nos résultats va rassurer de nouveaux couples et les décider à venir chez nous ». Le Dr Charpenel souligne cependant que le centre régional n’a « pas vocation à récupérer 100% des démarches d’AMP » entamées par des couples insulaires, même s’il est équipé pour accueillir bien plus de patients que ce que la Corse envoie actuellement sur le continent. « Nous pouvons largement faire jusqu’à 800 ponctions par an sans problème », affirme-t-il. Un choix fait pour anticiper l’avenir à l’heure où l’infertilité ne fait que croitre dans la population depuis deux décennies. La faute à des premières grossesses de plus en plus tardives du fait de changement sociétaux, mais aussi à une diminution de la fertilité chez l’homme.
Accompagner les demandes de préservation de la fertilité au local
Dans ce droit fil, plus loin que les seules démarches d’AMP, le centre bastiais a également été créé pour répondre aux demandes de préservation de la fertilité. « Sur ces premiers mois d’activité, nous avons eu une vingtaine de cas de préservation de la fertilité pour des raisons non médicales chez des jeunes femmes », note ainsi le Dr Charpenel. Une possibilité ouverte depuis la loi Bioéthique de 2021. « Ce sont des jeunes femmes qui ne veulent pas d’enfants mais qui veulent préserver leurs ovocytes pour plus tard. Pour elles, c’est une sécurité, et un poids social en moins sur les épaules : elles ont moins cette pression de devoir faire un enfant jeune, car elles ont préservé leurs ovules avant leurs 30 ans. On voit que partout il y a une augmentation de ce type de demandes au point que les centres du continent ont des délais d’attente qui atteignent parfois 2 à 3 ans », précise-t-il, « Pour le moment, nous ne sommes pour notre part pas encore débordés parce que l’on fait passer en priorité les demandes de jeunes femmes habitant en Corse, mais on commence à avoir des demandes venues du continent car nous n'avons pas de liste d’attente. Nous ne prenons quasiment aucune de ces demandes ».
En outre, le centre de fertilité de Corse permet également de préserver les ovules de femmes atteintes d’endométriose sévère avant une chirurgie ou un traitement, processus fortement conseillé pour lequel elles étaient jusqu’ici obligées de se rendre sur le continent. « Nous faisons aussi des préservations de la fertilité, aussi bien pour des ovules que des spermatozoïdes, dans le cas de cancers, avant les chimiothérapies. Avant, ces patients à qui on annonçait déjà une très mauvaise nouvelle devaient en plus entamer une démarche sur le continent pour préserver leur fertilité avant de commencer leurs traitements. Cela ajoutait encore une lourdeur psychologique. Nous avons notamment déjà accompagné plusieurs jeunes hommes atteints de cancers testiculaires qui ont pu conserver leurs paillettes de sperme dans notre centre sans avoir à prendre l’avion. Certains nous ont dit qu’ils n’auraient pas fait cette démarche s’il n’y avait pas eu de centre en Corse », confie le Dr Charpenel en appuyant : « Tout cela est aussi au cœur de notre activité ».
Après ces premiers succès, dans les prochains mois, le centre de fertilité de Corse devrait ouvrir les démarches d’AMP aux femmes seules et aux couples de femmes. « Pendant les 12 premiers mois, nous voulions d’abord asseoir nos processus et nous assurer que tout tourne bien. Maintenant que l’on constate que nos résultats sont bons, dans les six mois qui vont venir nous allons rapatrier des paillettes de sperme depuis Marseille, grâce à un contrat de collaboration avec le Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme Humain (CECOS) », dévoile le responsable du centre.
Si les premières statistiques officielles du centre de fertilité régional ne seront publiées par l’Agence de biomédecine qu’en 2027, le responsable du centre dévoile ainsi déjà que sur ces neuf premiers mois « 144 ponctions ont été réalisées » et « un peu plus de 1200 ovocytes ponctionnés ». « La grande majorité de nos patients sont des couples que l’on accompagne dans leur souhait d’enfant et qui sont donc pris en charge dans le cadre d’une Aide Médicale à la Procréation (AMP) », ajoute-t-il en déroulant : « Nous avons des taux de grossesse pour ces couples qui sont de l’ordre de 32,5 à 33% par ponction, ce qui est très bon puisque la statistique nationale de l’agence de biomédecine tout centre confondu est de 22%. Il faut bien sûr rester humble avec ces résultats d’AMP, puisque nous n’avons qu’une cohorte de 1200 ovules, alors que les statistiques nationales concernent plusieurs centaines de milliers d’ovules ». Des chiffres qui témoignent toutefois de la performance de la structure corse et qui pourront contribuer à rassurer les couples aujourd’hui suivis sur le continent qui attendaient les premiers retours avant de demander le transfert de leur dossier. « Certains couples ont pour leur part joué le jeu dès le démarrage et n’ont pas attendu. Dès l’ouverture du centre, des couples qui avaient débuté leurs tentatives sur le continent ont rapatrié leurs dossiers et leurs paillettes d’embryons depuis Marseille ou Nice », se félicite le Dr Charpenel.
Un centre au cœur d’un réseau d’expertises pour parcours de proximité complet
Avant l’ouverture du centre de fertilité à Bastia, en moyenne 300 couples enchainaient chaque année les aller-retours sur le continent dans le cadre d’une AMP. Un processus souvent long et difficile émotionnellement. « Tous les couples qui ont fait le choix de transférer leurs dossiers dans notre centre nous l’ont dit : pouvoir suivre ce processus en Corse est beaucoup plus confortable pour eux », souligne le responsable du centre en appuyant : « C’est rassurant parce que dans la prise en charge en AMP, on est prévenu en moyenne 36 heures avant de subir une ponction ovocytaire, ce qui signifie donc devoir prendre un billet d’avion ou de bateau et poser des congés précipitamment. Cela ajoute donc du stress supplémentaire aux couples et engendre un coût, car si la Sécurité Sociale prend en charge le prix du transport, elle ne rembourse pas l’hébergement sur le continent où on doit rester 4 à 5 jours dans le cadre d’une Fécondation In Vitro par exemple ». Des difficultés que le centre de fertilité de Corse a permis de gommer, en permettant aux couples insulaires de pouvoir faire le trajet entre ses locaux et leurs domiciles dans la même journée.
Pour offrir à ces couples qui cherchent à concevoir un parcours complet de proximité dans la prise en charge de l’infertilité, l’ouverture du centre bastiais a de plus été accompagné par la création du RÉseau de FERtilité EN CorsE (REFERENCE) qui regroupe les expertises de professionnels de santé publics et privés de toute l’île. « Nous avons des staffs tous les mardis avec l’ensemble des praticiens qui font partie du réseau Référence, le réseau fertilité en Corse. Nous staffons tous les dossiers de tous les couples et chaque semaine nous incluons de nouveaux couples, pour lesquels on décide de la technique la plus adaptée à leur proposer », détaille le Dr Charpenel, « Aujourd’hui nous avons des rendez-vous avec des délais médians d’attente d’un mois et demi à deux mois. Cela montre aussi que les praticiens de l’île jouent le jeu en nous renvoyant leurs patients et sont contents de nos services ».
Encore environ 200 couples insulaires ont cependant pour l’instant choisi de continuer le processus d’AMP sur le continent. Des patients que le centre de fertilité de Corse espère bien pouvoir rapatrier dans les prochaines années. « Notre projet a été dimensionné et validé par l’Agence Régionale de Santé et l’Agence de biomédecine parce qu’il est régional et parce qu’il a une vocation publique-privée. Nous sommes bien évidemment surveillés par nos organismes de tutelle sur la viabilité financière du centre sur le long terme. Et nous savons que cette viabilité financière sera atteinte lorsque nous aurons une volumétrie de l’ordre de 300 à 450 tentatives par an », explique le responsable du centre en pointant : « Nous devrions finir l’année 2025 à environ 200 ponctions, ce qui est très bien pour une première année d’ouverture, et bien plus que ce que nous avions prévu. Mais nous espérons que la diffusion des informations sur nos résultats va rassurer de nouveaux couples et les décider à venir chez nous ». Le Dr Charpenel souligne cependant que le centre régional n’a « pas vocation à récupérer 100% des démarches d’AMP » entamées par des couples insulaires, même s’il est équipé pour accueillir bien plus de patients que ce que la Corse envoie actuellement sur le continent. « Nous pouvons largement faire jusqu’à 800 ponctions par an sans problème », affirme-t-il. Un choix fait pour anticiper l’avenir à l’heure où l’infertilité ne fait que croitre dans la population depuis deux décennies. La faute à des premières grossesses de plus en plus tardives du fait de changement sociétaux, mais aussi à une diminution de la fertilité chez l’homme.
Accompagner les demandes de préservation de la fertilité au local
Dans ce droit fil, plus loin que les seules démarches d’AMP, le centre bastiais a également été créé pour répondre aux demandes de préservation de la fertilité. « Sur ces premiers mois d’activité, nous avons eu une vingtaine de cas de préservation de la fertilité pour des raisons non médicales chez des jeunes femmes », note ainsi le Dr Charpenel. Une possibilité ouverte depuis la loi Bioéthique de 2021. « Ce sont des jeunes femmes qui ne veulent pas d’enfants mais qui veulent préserver leurs ovocytes pour plus tard. Pour elles, c’est une sécurité, et un poids social en moins sur les épaules : elles ont moins cette pression de devoir faire un enfant jeune, car elles ont préservé leurs ovules avant leurs 30 ans. On voit que partout il y a une augmentation de ce type de demandes au point que les centres du continent ont des délais d’attente qui atteignent parfois 2 à 3 ans », précise-t-il, « Pour le moment, nous ne sommes pour notre part pas encore débordés parce que l’on fait passer en priorité les demandes de jeunes femmes habitant en Corse, mais on commence à avoir des demandes venues du continent car nous n'avons pas de liste d’attente. Nous ne prenons quasiment aucune de ces demandes ».
En outre, le centre de fertilité de Corse permet également de préserver les ovules de femmes atteintes d’endométriose sévère avant une chirurgie ou un traitement, processus fortement conseillé pour lequel elles étaient jusqu’ici obligées de se rendre sur le continent. « Nous faisons aussi des préservations de la fertilité, aussi bien pour des ovules que des spermatozoïdes, dans le cas de cancers, avant les chimiothérapies. Avant, ces patients à qui on annonçait déjà une très mauvaise nouvelle devaient en plus entamer une démarche sur le continent pour préserver leur fertilité avant de commencer leurs traitements. Cela ajoutait encore une lourdeur psychologique. Nous avons notamment déjà accompagné plusieurs jeunes hommes atteints de cancers testiculaires qui ont pu conserver leurs paillettes de sperme dans notre centre sans avoir à prendre l’avion. Certains nous ont dit qu’ils n’auraient pas fait cette démarche s’il n’y avait pas eu de centre en Corse », confie le Dr Charpenel en appuyant : « Tout cela est aussi au cœur de notre activité ».
Après ces premiers succès, dans les prochains mois, le centre de fertilité de Corse devrait ouvrir les démarches d’AMP aux femmes seules et aux couples de femmes. « Pendant les 12 premiers mois, nous voulions d’abord asseoir nos processus et nous assurer que tout tourne bien. Maintenant que l’on constate que nos résultats sont bons, dans les six mois qui vont venir nous allons rapatrier des paillettes de sperme depuis Marseille, grâce à un contrat de collaboration avec le Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme Humain (CECOS) », dévoile le responsable du centre.