Clap de fin au procès du réseau de blanchiment du "Petit Bar"

Rédigé le 17/05/2025
CNI avec AFP

Le procès des 24 prévenus jugés depuis février pour des faits de blanchiment en lien avec les activités de la bande dite du Petit Bar s’est achevé ce vendredi 16 mai devant le tribunal correctionnel de Marseille. Le jugement a été mis en délibéré au 28 mai.

Le clap de fin du procès-fleuve des 24 prévenus jugés depuis février pour des opérations de blanchiment des fonds occultes de la bande criminelle corse du Petit Bar a été donné, vendredi, par le tribunal correctionnel de Marseille, qui rendra son jugement le 28 mai.

Après un réquisitoire dénonçant "l'emprise mafieuse" de cette équipe sur l'économie et la politique de Corse-du-Sud et réclamant des condamnations jusqu’à 14 ans de prison, peines rarissimes dans un dossier purement financier, la défense a, très majoritairement, plaidé une relaxe quasi-générale. Seuls un homme connu à Paris pour se livrer habituellement à des transactions d’espèces et un commerçant chinois ont reconnu leur concours à ces transports massifs d’argent.

Chef incontesté aux yeux de l'accusation de cette bande criminelle, Jacques Santoni, 47 ans, rendu tétraplégique par un accident de moto en 2003, ne s’est jamais présenté à ce procès ouvert le 24 février. Après avoir vainement réclamé, via son avocate, la disjonction de son cas pour des raisons médicales, il n'a plus dépêché de défenseur alors que la plus lourde peine, 14 ans de prison, deux millions d'euros d'amende et un mandat d'arrêt, a été requise contre lui, le 30 avril.
"Le Club des Cinq", selon l'expression de l'accusation pour évoquer le noyau dur de cette équipe, a été visé par les plus lourdes réquisitions. Douze ans de prison et deux millions d'euros d'amende ont ainsi été réclamés contre Pascal Porri, qui comparaissait détenu.
Décrit par l'accusation comme "le cheval de Troie du Petit Bar pour pénétrer l'économie réelle", le chef d'entreprise Antony Perrino serait, aux yeux de son avocat Me Julien Pinelli, visé par "une volonté d'exemplarité" du parquet de Marseille", qui a requis neuf ans de prison contre cet ex-président de la Fédération du BTP de Corse-du-Sud et ancien directeur du quotidien Corse-Matin.

"Dossier creux" 
"Vous pouvez parler du +Petit Bar+ pendant des heures, mais vous jugez des hommes et des femmes qui ne vous demandent qu'une chose : être juste et appliquer le droit", a plaidé Me Sondra Tabarki, avocate d'André Bacchiolelli, dit "Tête tordue". Manipuler des sommes d’argent, dissimuler des espèces dans des caches, les compter, ne constitue pas du blanchiment, a martelé la défense.
"Dossier creux comme un radis à la mauvaise saison", "réquisitions sommitales qui ne craignent pas la démesure", "sévérité dictée par un souci de communication" : les avocats ont dénoncé "la cécité volontaire" et la dureté du parquet. Et notamment à l'égard des proches des membres du premier cercle.

"Elle n’est là que parce qu’elle est la compagne de l'absent", a ainsi plaidé Me Bruno Rebstock, défenseur de Saveria Lucchini, qui vit avec Michaël Ettori, en fuite. Six ans de prison avec un mandat de dépôt ont été réclamés contre cette gérante d'un hôtel d'Ajaccio, mère d'un enfant de quatre ans.
"Délit de recel de mari", a plaidé Me Marc Antonini, avocat de Sonia Susini, ex-épouse de Jacques Santoni, "son égale au féminin", selon la procureure, qui a requis contre elle neuf ans de prison et un mandat de dépôt.

"Délit de parenté", ont de leur côté évoqué Me Jérôme Susini et Gaëtan Di Marino, estimant que le seul tort de Jean-Laurent Susini, frère de Sonia Susini, "est d’être le beau-frère de Jacques Santoni". Selon ses avocats, aucun "protocole" n'avait été passé pour faire bénéficier sa soeur d'un gain de 4 millions d’euros au Loto en novembre 2018, manoeuvre qui selon l'accusation aurait offert deux millions d'argent "propre" au Petit Bar, lui permettant de justifier des acquisitions.

La dernière semaine des débats a été marquée par l'arrivée, lundi, de Franck Fellous, un des quatre prévenus en fuite depuis le début de l'enquête. Placé en détention provisoire, il est considéré comme "un rouage dans le blanchiment du Petit Bar", ayant été, selon l'accusation, un intermédiaire entre Michaël Ettori et Jean Marc Peretti, marchand d'art auprès duquel le Petit bar se serait évertué à récupérer un prêt ou une dette de deux millions d'euros.