Tourisme : la Corse mise sur l’Allemagne pour sortir du tout-estival

Rédigé le 17/05/2025
Christophe Giudicelli

Pour réduire sa dépendance à la haute saison, l’Agence du Tourisme de la Corse mise sur la clientèle allemande. En partenariat avec Lufthansa et Atout France, une opération séduction vient d’être lancée auprès de huit tours opérateurs, dans l’objectif de consolider la fréquentation et de pérenniser les lignes aériennes.

Tourisme : opération séduction pour pérenniser les liens avec l’Allemagne

Ce mercredi 15 mai, l’Agence du Tourisme de la Corse a donné le coup d’envoi d’une opération séduction menée auprès de huit tours opérateurs allemands. Pendant trois jours, entre Bastia, Porto-Vecchio et Bonifacio, l’île déroule le tapis bleu à sa première clientèle étrangère, avec un objectif clair : consolider les relations commerciales, encourager la programmation hors saison, et surtout, pérenniser les liaisons aériennes avec l’Allemagne. 

Lancée en partenariat avec la compagnie Lufthansa et Atout France, cette opération s’inscrit dans une stratégie clairement affichée par la présidente de l’ATC, Angèle Bastiani : « désaisonnaliser le tourisme en Corse, de façon qualitative et durable ». Et cela passe avant tout par une meilleure connectivité avec les marchés ciblés. Pour la présidente de l’ATC, si six lignes depuis l’Allemagne sont déjà disponibles vers l’aéroport de Bastia-Poretta, l’ouverture de cette nouvelle liaison dans l’extrême sud de l’île permet « un équilibre entre les territoires », avec pour ambition d’inscrire les liens touristiques entre l’Allemagne et la Corse dans la durée. Aurélia Berger, directrice adjointe et responsable marketing du bureau d’Allemagne d’Atout France, insiste : « Il faut pérenniser cette ligne. Nous avons réussi à la développer, mais aussi promis de pouvoir l’amortir. C’est un gros pari. Rien n’est gagné, il faut travailler. » Et c’est tout l’enjeu de ces quelques jours.


Un tourisme « haut de gamme » et exigeant
Il faut dire que l’Allemagne est un marché touristique historique pour la Corse, présent depuis plusieurs décennies.
Avec 4 millions de nuitées enregistrées l’an passé, les touristes allemands se classent en tête de la clientèle étrangère en vacances sur l’île, devant les Italiens et les Suisses. Pas question, donc, pour l’Agence du Tourisme de la Corse et les professionnels du secteur, de se passer de cette clientèle « haut de gamme ».

Selon l’ATC, le touriste allemand est en moyenne âgé de 43 ans. Il voyage dans la moitié des cas en couple ou en famille, particulierement durant la saison estivale mais également en arrière-saison. Et surtout, il a un fort pouvoir d’achat : près d’un touriste allemand sur deux gagne entre 4 000 et 6 000 euros par mois.

L’objectif de ces trois jours de rencontres et de workshops entre tours opérateurs et professionnels du tourisme insulaire est « d’encourager la programmation », explique Aurélie Berger d’Atout France :
« C’est un travail très détaillé dans la mise en relation. Le produit peut être très beau, mais il faut entrer dans une structure d’achat à l’allemande. Il faut un respect strict du partenaire avec qui vous avez passé un contrat. Une autre particularité du marché allemand, c’est que les tours opérateurs sont incontournables. »

Pour Christelle Cristofini, responsable commerciale de l’UMIH de Corse : « La clientèle allemande recherche surtout tout ce qui est nature, rivière, et le centre de la Corse. Mais on les retrouve de plus en plus en bord de mer. C’est un tourisme qui cherche quelque chose de discret, comme des petits hôtels. Il y a aussi le tourisme naturiste qui attire beaucoup les touristes allemands. »



Un tourisme très attentif à l’écologie et à l’environnement
La clientèle allemande est également très attentive à la protection de l’environnement : « C’est un tourisme très regardant sur l’écologie et les écolabels. Les hôteliers se sont mis à la page, notamment sur la réduction de la consommation d’énergie. Les adhérents de l’UMIH qui n’étaient pas encore dans cette dynamique s’y mettent petit à petit. »

Autre point non négligeable : la barrière de la langue. Il faut dire que la langue de Nietzsche n’est pas la priorité des jeunes insulaires, qui lui préfèrent l’italien, l’espagnol ou encore le chinois. Et cela se ressent dans les recrutements, indique Christelle Cristofini pour l’UMIH Corse : « Il y a de grosses difficultés pour recruter un serveur ou un réceptionniste qui parle allemand. On espère que l’école hôtelière qui va ouvrir à Ajaccio mettra en place des options de langue allemande. » De son côté, Aurélie Berger insiste :« Cela demande également une formation et une adaptation des sites internet et des brochures en langue allemande. »