Les mouvements Patriotti in Lotta et Aiutu Patriotticu ont tenu dimanche une conférence de presse à Porto-Vecchio pour dénoncer le maintien d’une mesure d’interdiction d’acquisition et de détention d’armes visant Olivier Sauli, ancien prisonnier politique corse.
Cette mesure, inscrite au Fichier national des personnes interdites d’acquisition et de détention d’armes (Finiada), empêche l’intéressé de posséder ou d’utiliser des armes de chasse. Selon les organisations, elle s’inscrit « dans une logique de coercition » contraire aux engagements pris par le gouvernement français lors des discussions sur l’autonomie de la Corse.
Un engagement non respecté
En février 2025, lors de la venue du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, à la Collectivité de Corse, des engagements officiels avaient été annoncés concernant les anciens prisonniers politiques. Ceux-ci prévoyaient notamment la levée de certaines mesures administratives et judiciaires, comme l’inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait) ou au Finiada, ainsi qu’une révision de la politique de recouvrement des amendes.
Ces dispositions devaient accompagner le dialogue politique en cours sur le projet d’autonomie. Les représentants de Patriotti in Lotta estiment qu’en refusant de lever ces mesures, « l’État contredit ses propres engagements et fragilise la continuité du processus politique ».
Un va-et-vient administratif contesté
Selon Olivier Sauli, la gendarmerie de Porto-Vecchio l’a informé le mois dernier de la levée de son inscription au Finiada, avant de revenir sur cette décision quelques jours plus tard, invoquant le code de la sécurité intérieure et renvoyant la responsabilité finale à la Préfecture de Corse.
L’intéressé, par l’intermédiaire de son avocat, conteste depuis plusieurs années cette interdiction qu’il juge injustifiée. Plusieurs courriers adressés à la Préfecture, dont le dernier en juin 2024, seraient restés sans réponse.
Une question de principe et d’identité
Les militants nationalistes dénoncent une « décorsisation » symbolique, estimant que priver d’anciens détenus du droit de chasse revient à les exclure d’une pratique culturelle et sociale profondément ancrée dans la société corse.
Patriotti in Lotta demande à rencontrer « sans délai » le préfet de Corse afin d’obtenir l’application des engagements pris. Le mouvement appelle également l’Exécutif de l’Assemblée de Corse à se saisir de cette situation.
Autres dénonciations
Lors de la même conférebce de presse, Patriotti in Lotta et Aiutu Patriotticu ont également fustigé le classement sans suite par le parquet de Tarascon de l’enquête préliminaire sur les conditions de l’assassinat d’Yvan Colonna. Ils y voient une « raison d’État » qui « ne saurait duper l’intelligence du peuple corse ».
Les deux organisations concluent en réaffirmant leur soutien « à toutes les victimes de la répression politique française » et en appelant à poursuivre la mobilisation politique : “Simu sempri chivi. A lotta cuntinueghja.”