A Porto-Vecchio, les écoliers de Jean-Santini vont laisser leurs empreintes sur le nouveau préau

Rédigé le 18/10/2025
Julien Castelli

Le préau de l’école maternelle Jean-Santini à Porto-Vecchio est terminé. L’ouvrage, d’une capacité de 150 m² et construit par la municipalité, devrait être inauguré en fin d’année. Et ce vendredi matin 17 octobre, la touche finale du chantier a été apportée par les écoliers eux-mêmes : les trois classes de moyenne section ont participé à un atelier de céramique, dans l’idée de marquer durablement les murs du préau de leurs empreintes.

Les enfants ont pris beaucoup de plaisir à laisser leurs empreintes sur les plaques d'argile, sous le regard bienveillant des céramistes, architectes et membres de la communauté éducative.

Atelier de céramique… ou cours de boxe ? A observer Timéo et Kaël, 4 ans, taper de toutes leurs petites forces sur des plaques d’argile blanche, le doute est permis. « On fait des mains », sourit Timéo. « On fait des poings », plutôt, rit Kaël. Quoi qu’il en soit, les deux enfants s’amusent beaucoup en ce vendredi 17 octobre : « C’est trop bien ! » Leur joie comble Anna Toussaint : « Avant d’arriver ce matin, on ne savait pas trop ce que ça allait donner, confie la céramiste bastiaise de l’atelier Santandrea. Est-ce qu’il fallait qu’on laisse les enfants faire ou bien fallait-il les contrôler ? Finalement, on a lâché prise et c’était génial de les faire participer de manière assez libre et aléatoire.»

Toiture en pin laricio et granulats de Bonifacio

Si Anna Toussaint et son collègue Cyril Navarro ont fait le déplacement depuis Bastia pour initier trois classes de moyenne section de maternelle au pétrissage de l’argile, c’est dans le cadre d’un projet initialement porté par la municipalité porto-vecchiaise, qui a souhaité doter l’école maternelle Jean-Santini d’un préau. Un projet à 240 000 euros dont les travaux ont commencé en avril. La toiture bois du préau est constituée de pins laricio et le béton a été teinté avec des granulats blancs issus des carrières de Bonifacio, dans une logique de circuit court souhaitée par l’agence d’architecte retenue pour le projet, CGZ Architecture. L’idée d’associer les enfants à la construction de l’ouvrage vient aussi de l’agence bastiaise : « On voulait que les enfants marquent le préau de leurs empreintes, confirme Julien Casalta, l’architecte. Pour que des années plus tard, leurs propres enfants voient les traces qu’ils ont laissées. »

De gauche à droite, les céramistes Cyril Navarro et Anna Toussaint, puis le chargé de projet pour CGZ, Pierre-André Asara, et Julien Casalta, architecte. Derrière eux, sur l'un des murs du préau, a été creusée une représentation des remparts de Porto-Vecchio.

CGZ Architecture s’est rapproché de l’atelier de céramique Santandrea et la première étape de ce beau projet artistique et participatif a eu lieu ce vendredi, dernier jour avant les vacances scolaires. Avant de laisser les enfants faire des poings et des mains, les céramistes bastiais les ont familiarisés au pétrissage de l’argile et à la technique du « pincé », soit le modelage de l’argile par pressions du pouce et de l’index : « On voyait que c’était un matériau qu’ils découvraient », a constaté Anna Toussaint. En classe, ils sont plus habitués au modelage de la pâte à modeler : « Ce sont deux matériaux qui sont assez proches en fait, constate le directeur de l’école, Vincent Pace Stora. Ils n’ont pas été décontenancés. » 

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Tout sera terminé avant la fin de l'année

Ensuite, les enfants se sont rendus sous le nouveau préau, par grappes de deux. Encouragés par les céramistes et les architectes, ils s’en sont donné à cœur joie pour laisser leurs empreintes dans l’argile : paume ouverte, poing serré, les doigts s’enfonçant dans la terre encore crue. « J’ai tapé dans la terre et ça a laissé des traces sur mes doigts ! », s’émerveille Inès. Au total, neuf plaques d’argile blanche ont servi de réceptacle à leur énergie et créativité, tout au long de la journée. Ces plaques vont être soigneusement conservées par les céramistes bastiais. Après quinze jours de séchage, il y aura un premier passage au four, 72 heures à 980 degrés. Ensuite, les plaques seront émaillées, conformément à la volonté de CGZ Architecture, pour que le blanc de l’émail vire au vert après une seconde cuisson, à 1 250 degrés cette fois.

Les oeuvres des enfants, en terre cuite, pourront ensuite être fixées sur les piliers du préau. Ils devraient pouvoir les découvrir avant la fin de l’année. Feront-ils le lien avec ce qu’ils ont réalisé ce vendredi ? « On leur a dit que ça allait être incorporé au préau, indique Vincent Pace Stora. Mais ce n’est pas évident à cet âge de comprendre que ça va se retrouver sur un mur et que ça va rester dessus très longtemps. » Nul doute qu’ils finiront par comprendre, pour qu’un jour, ils puissent le raconter à leurs enfants.