Comment la langue corse est venue sauver une école de village à Portivechju

Rédigé le 29/06/2025
Julien Castelli

En septembre dernier, l’école Antoinette-Castelli de Ceccia est devenue une école maternelle immersive en langue corse, la première de Portivechju. Ce changement de vocation s’est accompagné d’une série de travaux qui ont agrandi la petite école du village porto-vecchiais. Elle a été inaugurée ce vendredi 27 juin par les élus, en présence de la directrice et des parents d’élèves.

Vendredi soir, les parents d'élèves ont été conviés à l'inauguration de la nouvelle école Antoinette-Castelli.

« Ùn hè micca solu una scola muderna, hè una scola paesana », a salué Dumenica Verdoni, l’adjointe porto-vecchiaise à l’éducation et à la langue corse. L’occasion pour elle de rappeler que Ceccia est l’un des plus petits villages de la commune. Et aussi charmant soit-il, ce n’est pas un critère pour la carte scolaire : « On s’acheminait vers une fermeture de l’école de Ceccia, confirme Nathalie Maisetti, conseillère municipale déléguée aux affaires scolaires. Cette nouvelle école n’est donc pas seulement salvatrice pour la langue corse, elle l’est aussi pour le village. »

Jusqu’en juin 2024, l’école Antoinette-Castelli était une école primaire en classe unique (du CP au CM2), qui accueillait une douzaine d’élèves tout au plus, issus du village de Ceccia. Conscients que la source démographique était en train de se tarir, les élus porto-vecchiais ont porté un projet de transformation de l’école primaire en une école maternelle immersive en langue corse, conjointement avec l’Académie et la Collectivité de Corse. Car pour apprendre le Corse, mieux vaut commencer par le début : c’est ainsi qu’une première promotion de dix enfants (huit en petite section de maternelle et deux en tout petite section) a été constituée. Et en septembre, a eu lieu la première rentrée scolaire dans la nouvelle école Antoinette-Castelli, qui n’est plus vraiment l’école des enfants de Ceccia, mais, a souligné le maire Jean-Christophe Angelini,  « a scola di tutti i zitelli portivechjacci » qui viendront dorénavant y apprendre le corse en immersion.

La directrice, Marie-Saveria Paolacci, qui est aussi la seule institutrice de l’école, revient sur cette première année scolaire in lingua corsa : « Je suis épatée. A cet âge, les enfants apprennent vite et réinvestissent très facilement cet apprentissage des structures langagières. Franchement, c’est allé au-delà de mes espérances. » Grégory Susini a beau habiter à l’autre bout de Portivechju, il ne regrette absolument pas d’avoir inscrit sa fille Rose-Marie dans l’école immersive de Ceccia : « Ce qui fait la réussite de ce projet, c’est que j’ai quelqu’un avec qui parler corse tous les jours à la maison ! Ma femme ne parle pas corse, mais avec ma fille, on a maintenant des échanges réguliers en langue corse. »

Une extension de 70 m2 en prime
En septembre prochain, les enfants actuellement scolarisés passeront en moyenne section et d’autres seront accueillis en petite section. A terme, l’école Antoinette-Castelli pourra accueillir trois fois huit enfants, répartis en petite, moyenne et grande section. La langue corse n’a pas fait que sauver l’école de Ceccia, elle lui a aussi permis de bénéficier de travaux de modernisation et d’extension. Car pour transformer une école primaire en une école maternelle, il y a des aménagements à prévoir, comme construire un dortoir, remplacer les jeux dans la cour de récré et se doter d’une salle de motricité. Les salles de classe et de cantine ont été réaménagées, et enfin une salle de stockage a pu être ajoutée. Au total, l’école profite d’une extension de 70 m² : « On est allé au maximum de ce qui était autorisée sur la parcelle, et sans construire sur la cour de récréation », s’en félicite Dumenica Verdoni. Les travaux se sont terminés il y a quelques semaines. Ils ont coûté 350 000 euros, financés par la commune (108 000€), la Collectivité de Corse (142 000€) et l’État (100 000€).

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