Dans le cadre d'une fouille d'archéologie préventive au lieu-dit Cabanaccia, menée sur prescription de la DRAC, l'Inrap a récemment mis au jour tout un atelier de production de tuiles de l'époque romaine datant du Ier siècle ap. J-C, avec un four particulièrement bien conservé. Une découverte unique sur l'île, qui permettra de mieux comprendre l'histoire de la Corse à l'époque romaine et qui rappelle l'intérêt capital de l'archéologie préventive.
C’est une découverte exceptionnelle en Corse. À la faveur d’une fouille d’archéologie préventive à Aleria, au lieu-dit Cabanaccia, un atelier de production de tuiles de l’époque romaine a récemment été mis au jour par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap). Sur prescription de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Corse en amont de la construction de maisons par des particuliers, après une première intervention d’avril à juillet, les archéologues fouillent depuis septembre sur une surface cumulée de 3000 m2 de près de 3000m2, à 3km du littoral tyrrhénien, entre la rive septentrionale du Tavignano et l’étang de Diane, afin de récolter un maximum de données sur ce lieu unique qui daterait, d’après les premières observations de terrain, du Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ.
« Il y a toute la chaîne opératoire pour produire des tuiles, c'est-à-dire le bassin de décantation, le four, le bâtiment pour entreposer les productions et aussi toute la zone dépotoir de rejets des déchets issus de la production », détaille Brice Chevaux, responsable de recherches archéologiques à l'Inrap. « On peut largement penser qu’on est sur un atelier de très grande échelle, puisque le four représente déjà un gros volume, les déchets que l'on retrouve aussi sont aussi conséquents, et le hangar où étaient entreposées les productions pour qu'elles sèchent fait plusieurs centaines de mètres carrés. On est probablement sur un des plus grands bâtiments fouillés en Corse pour l'époque romaine », ajoute-t-il.
« Il y a toute la chaîne opératoire pour produire des tuiles, c'est-à-dire le bassin de décantation, le four, le bâtiment pour entreposer les productions et aussi toute la zone dépotoir de rejets des déchets issus de la production », détaille Brice Chevaux, responsable de recherches archéologiques à l'Inrap. « On peut largement penser qu’on est sur un atelier de très grande échelle, puisque le four représente déjà un gros volume, les déchets que l'on retrouve aussi sont aussi conséquents, et le hangar où étaient entreposées les productions pour qu'elles sèchent fait plusieurs centaines de mètres carrés. On est probablement sur un des plus grands bâtiments fouillés en Corse pour l'époque romaine », ajoute-t-il.
« C’est une découverte inédite »
« Ce n'est pas commun. Il y a peu, voire pas d'ateliers qui ont été fouillés en Corse pour la période romaine. Il y a quelques fours qui sont connus, mais d'avoir vraiment toute la chaîne opératoire comme on l'a sur cette fouille-là, c'est une découverte inédite », s’enthousiasme l’archéologue, « Grâce à cette découverte, on va pouvoir comparer avec d'autres sites où on a retrouvé des tuiles sur Aleria et sur toute la Plaine Orientale, et voir si cet atelier avait une production juste très locale ou une diffusion plus large sur la Corse. Cela va nous permettre d’avoir beaucoup plus d'informations et de données sur l'occupation romaine en Corse ».
Des vestiges datant du premier âge de fer, matérialisés par une cinquantaine de structures en creux et des aménagements empierrés au sein desquels on retrouve un matériel céramique indigène abondant associé à plusieurs occurrences d’importation étrusque, ainsi qu’un important corpus d’outils macro-lithiques, témoignent en outre d’une première phase d’implantation sur ce site.
« Avec toutes les fouilles préventives de ces 15 dernières années, que ce soit sur le territoire d'Aleria ou sur la Plaine Orientale, on sait que cette colonie a été quand même déjà une place très importante, au même titre que Mariana. Cette découverte de l’atelier de tuiles conforte l'idée que la colonie était grande, vaste et puis très bien implantée. Ils ont su exploiter des terrains qui étaient propices à ce genre d'activité, ce qui montre bien l'importance de cette colonie », reprend Brice Cheveaux tout en glissant que si les fouilles se concentrent sur un terrain délimité, le site lui se poursuit sur les parcelles attenantes. De quoi augurer sans doute de prochaines surprises archéologiques de taille dans les prochaines années.
« Ce n'est pas commun. Il y a peu, voire pas d'ateliers qui ont été fouillés en Corse pour la période romaine. Il y a quelques fours qui sont connus, mais d'avoir vraiment toute la chaîne opératoire comme on l'a sur cette fouille-là, c'est une découverte inédite », s’enthousiasme l’archéologue, « Grâce à cette découverte, on va pouvoir comparer avec d'autres sites où on a retrouvé des tuiles sur Aleria et sur toute la Plaine Orientale, et voir si cet atelier avait une production juste très locale ou une diffusion plus large sur la Corse. Cela va nous permettre d’avoir beaucoup plus d'informations et de données sur l'occupation romaine en Corse ».
Des vestiges datant du premier âge de fer, matérialisés par une cinquantaine de structures en creux et des aménagements empierrés au sein desquels on retrouve un matériel céramique indigène abondant associé à plusieurs occurrences d’importation étrusque, ainsi qu’un important corpus d’outils macro-lithiques, témoignent en outre d’une première phase d’implantation sur ce site.
« Avec toutes les fouilles préventives de ces 15 dernières années, que ce soit sur le territoire d'Aleria ou sur la Plaine Orientale, on sait que cette colonie a été quand même déjà une place très importante, au même titre que Mariana. Cette découverte de l’atelier de tuiles conforte l'idée que la colonie était grande, vaste et puis très bien implantée. Ils ont su exploiter des terrains qui étaient propices à ce genre d'activité, ce qui montre bien l'importance de cette colonie », reprend Brice Cheveaux tout en glissant que si les fouilles se concentrent sur un terrain délimité, le site lui se poursuit sur les parcelles attenantes. De quoi augurer sans doute de prochaines surprises archéologiques de taille dans les prochaines années.
Un travail post-fouilles pour dater avec précision
En outre, en périphérie de l’aire artisanale, les archéologues ont également découvert un petit ensemble de huit structures en lien avec la sphère funéraire. « Ce sont huit tombes avec des architectures de tuiles, comme on le faisait classiquement à l'époque romaine pour recouvrir la sépulture. On a aussi une petite urne qui contient vraisemblablement une incinération. Nous ne sommes pas sûr que cet ensemble funéraire soit contemporain de l’atelier de tuiles. Il date de l'époque romaine, mais il pourrait très bien être plus ancien ou plus récent que l'atelier », précise le responsable de recherches.
Si les fouilles sur le terrain se poursuivent jusqu’au 13 décembre, le travail de recherches sur les éléments retrouvés sur ce site continuera dès le début de l’année 2025. « À l'issue des fouilles, on a tout un travail où on envoie du mobilier, des objets qu'on trouve à des spécialistes pour faire des datations », explique l’archéologue. Une étape qui associera de nombreux experts de l’Inrap comme des céramologues, des anthropologues, des géomorphologues, des palynologues qui analyseront les données collectées et pourront précisément dater les sépultures.
En outre, en périphérie de l’aire artisanale, les archéologues ont également découvert un petit ensemble de huit structures en lien avec la sphère funéraire. « Ce sont huit tombes avec des architectures de tuiles, comme on le faisait classiquement à l'époque romaine pour recouvrir la sépulture. On a aussi une petite urne qui contient vraisemblablement une incinération. Nous ne sommes pas sûr que cet ensemble funéraire soit contemporain de l’atelier de tuiles. Il date de l'époque romaine, mais il pourrait très bien être plus ancien ou plus récent que l'atelier », précise le responsable de recherches.
Si les fouilles sur le terrain se poursuivent jusqu’au 13 décembre, le travail de recherches sur les éléments retrouvés sur ce site continuera dès le début de l’année 2025. « À l'issue des fouilles, on a tout un travail où on envoie du mobilier, des objets qu'on trouve à des spécialistes pour faire des datations », explique l’archéologue. Une étape qui associera de nombreux experts de l’Inrap comme des céramologues, des anthropologues, des géomorphologues, des palynologues qui analyseront les données collectées et pourront précisément dater les sépultures.
L’archéologie préventive, un préalable indispensable aux aménagements
Cette importante découverte met à nouveau en évidence le rôle essentiel de l’archéologie préventive. « Il est important de rappeler qu’elle ne freine pas les projets. Ce sont les projets d'aménagements qui motivent l'archéologie préventive, mais une fois qu'on a fouillé l'intégralité de la parcelle et qu'on a collecté toutes les données nécessaires pour comprendre le site, la parcelle est restituée à l'aménageur qui peut poursuivre son projet. Tout le monde y trouve son compte. Le patrimoine corse et le propriétaire du terrain sont gagnants », souligne Brice Chevaux en invitant à ne pas s’affranchir de cette étape. « Sur ce site, s’il n’y avait pas eu de fouilles, la maison aurait pu être construite et tout un atelier avec un four qui est exceptionnellement conservé aurait été détruit. Cela aurait été préjudiciable pour comprendre l'histoire de la Corse à l'époque romaine », appuie-t-il encore.
Cette importante découverte met à nouveau en évidence le rôle essentiel de l’archéologie préventive. « Il est important de rappeler qu’elle ne freine pas les projets. Ce sont les projets d'aménagements qui motivent l'archéologie préventive, mais une fois qu'on a fouillé l'intégralité de la parcelle et qu'on a collecté toutes les données nécessaires pour comprendre le site, la parcelle est restituée à l'aménageur qui peut poursuivre son projet. Tout le monde y trouve son compte. Le patrimoine corse et le propriétaire du terrain sont gagnants », souligne Brice Chevaux en invitant à ne pas s’affranchir de cette étape. « Sur ce site, s’il n’y avait pas eu de fouilles, la maison aurait pu être construite et tout un atelier avec un four qui est exceptionnellement conservé aurait été détruit. Cela aurait été préjudiciable pour comprendre l'histoire de la Corse à l'époque romaine », appuie-t-il encore.