Stations de ski : en Corse, la neige arrive mais l’incertitude demeure

Rédigé le 27/11/2025
Léana Serve

Les premières neiges sont tombées en Corse jusqu’à basse altitude ces derniers jours, laissant entrevoir un début de saison prometteur pour les professionnels. Mais pour les stations de ski de l’île, les quantités restent trop faibles et trop instables pour envisager une ouverture anticipée.

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La neige a fait une apparition marquée dans de nombreux villages de Corse il y a quelques jours, parfois à très basse altitude. De quoi envisager un début de saison précoce pour les trois stations de ski de l’île ?
Pas vraiment. Partout, la prudence domine, tant les quantités tombées restent faibles et les prévisions météorologiques incertaines. À Ghisoni, les quelques centimètres observés n’ont pour le moment pas suffi à former une couche exploitable. « La neige a tenu un petit peu, mais c’est un manteau neigeux très faible », souligne Don Marc Albertini, maire de la commune. « À ce stade, c’est difficile de tirer des conclusions pour la saison. C’est toujours une bonne nouvelle d’avoir dles premiers flocons comme ça, mais on est aussi prudents parce qu’il peut y avoir de la pluie par-dessus, du redoux… C’est un bon signe, mais qui demande à être confirmé. »
 

Les conditions de ces dernières semaines ont, en plus, compliqué les préparatifs. De fortes pluies orageuses ont creusé plusieurs secteurs du domaine. « Il faut qu’on travaille encore sur les pistes qui sont ravinées. Ce n’est rien d’insurmontable, mais il faut une semaine ou deux d'efforts», indique-t-il. Les remontées mécaniques, elles, sont « quasiment prêtes » pour la saison, mais une ouverture ne pourra être envisagée qu’en présence d’un enneigement suffisant. « La date habituelle d’e reprise d'activité c’est en janvier, mais on ne peut prévoir une ouverture que quand il y a de la neige, et à ce stade il n’y en a pas. En tout cas, la neige qui est tombée est largement insuffisante : ce ne sont que quelques centimètres, et en plus il peut pleuvoir dessus, ce qui risque de la faire disparaître. »
 

La prudence est la même chez les professionnels du tourisme de montagne. Gérant de l’hôtel Le Chalet, Patrice Guerrini constate lui aussi un enneigement très instable. « Tout ce qui était tombé la semaine dernière avait fondu. Il a reneigé cette nuit et un petit peu ce matin, mais là, avec le soleil, ça ne devrait pas tenir. » Et les prochaines journées ne s’annoncent pas plus prometteuses. « La semaine prochaine, un redoux et de la pluie sont prévus À moins d’un changement de temps en décembre, il n’y aura pas de début de saison précoce. »


Dans ces conditions, aucune station ne s’avance sur une date d’ouverture. Traditionnellement, la saison débute à la mi-janvier, un calendrier qui devrait rester inchangé. « On envisage une ouverture pas avant mi-janvier », confirme l’hôtelier, en pleine finalisation de son équipe saisonnière.
 

Des stations fragilisées par le changement climatique
 

Au-delà de l’épisode neigeux de novembre, c’est surtout la tendance des dernières années qui préoccupe les professionnels. « Ça fait déjà deux ans qu’on n’a pas ouvert », rappelle le maire de Ghisoni. « On avance au jour le jour en restant prudents, puisqu’on est très dépendants des évolutions de la météo, qui est de plus en plus capricieuse. » Le changement climatique, déjà visible dans le reste du pays, se fait particulièrement sentir sur l’île, où les altitudes restent limitées. « On est à 1 600 mètres d’altitude en moyenne : c’est trop bas », explique l’élu, qui ne cache pas son pessimisme : « Il faut être un peu inconscient pour être optimiste sur les chutes neigeuses des années à venir. On voit bien comment ça change, c’est malheureusement un phénomène mondial. »

Le constat est partagé par les professionnels du secteur. Pour Patrice Guerrini, les saisons deviennent de plus en plus courtes et instables. « L'an dernier, on a un peu travaillé les week-ends. Quand on a ouvert, ça a commencé à se réchauffer, et ça a été un peu chaotique : le téléski n'a tourné que deux ou trois week-ends. Et l'année d'avant, c'était catastrophique. On avait du personnel, mais il n'y avait pas de neige. » Une incertitude qui rend son activité de plus en plus fragile. « On fait l’effort d’ouvrir tous les hivers, on prend un pari, mais on parle plus souvent en pertes qu’en gains. » Malgré tout, l’hôtelier reste optimiste pour cette nouvelle saison. « Si on n'est pas optimistes, ce n'est pas la peine d'ouvrir. Il faut espérer que ça tombe au moins au début de l’année. »

Même son de cloche de  cloche au snack L'Altore qui, après ces premières neiges, redoute, de surcroît; un très prochain redoux, ainsi que les prévisionnistes l'envisagent.
Ici, aussi, donc le vent n'est pas à l'optimisme, mais Asco, point de passage obligé pour les courses en montagne, ne perdra pas tout son attrait en dépit de tous ces signes d'un réchauffement climatique incontestatble.