Vincent Cognetti : « Je ne me représente pas pour durer, mais pour finaliser les grands projets structurants »

Rédigé le 11/11/2025
Nicole Mari

La campagne pour les élections municipales, qui se tiendront les 15 et 22 mars 2026, est déjà lancée à Morosaglia où deux listes s’affrontent. Le maire sortant, Vincent Cognetti, qui brigue un cinquième mandat, fait face à une opposition très critique, menée par l’ancienne conseillère exécutive en charge du PADDUC, Maria Guidicelli. Des critiques auxquelles Vincent Cognetti répond point par point. Il met en avant son bilan qu’il estime « solide et concret » dans la conjoncture actuelle et explique que ce mandat est celui de la finalisation de tous les projets engagés.

- Vous êtes maire depuis 24 ans. Pourquoi avez-vous décidé de briguer un cinquième mandat ?
- Parce que je crois profondément en cette commune et en son avenir. Ces vingt-quatre années n’ont pas été de la routine, mais un engagement constant pour faire avancer Morosaglia, Ponte-Leccia. Nous avons traversé des périodes difficiles, modernisé les services, maintenu les équilibres financiers et préparé les grands projets structurants. Ce nouveau mandat doit être celui de la concrétisation d’un cycle engagé Je ne me représente pas pour durer, mais pour finaliser.
 
- Quel bilan tirez-vous de votre action ?
- Un bilan solide et concret. Nous avons, avec un excédent de 1 200 000 euros, maintenu des finances communales saines sans augmenter la fiscalité, réalisé des investissements réguliers sur les voiries, les bâtiments publics et les réseaux, et porté des projets structurants, comme le PLU qui sera présenté en novembre. L’élaboration du schéma directeur de l’assainissement est désormais terminée, sachant que nous avions déjà une étude représentant les divers réseaux. Nous avons aussi travaillé à l’accès aux soins avec une augmentation des moyens en termes de médecins et aussi pour assurer la sécurité de tous. Nous avons également mis en place une crèche pour aider nos jeunes ménages. Tout cela, dans un contexte de normes et de financements publics de plus en plus contraints. Notre méthode est faire avancer les dossiers avec sérieux, pas avec des effets d’annonce.
 
- L’opposition, menée par Maria Guidicelli.corsica/Morosaglia-Maria-Guidicelli-candidate-aux-elections-municipales_a87189.html , est déjà partie en campagne pour « construire une alternative ». Cela vous inquiète-t-il ?
- Pas du tout ! Le débat démocratique est normal. Mais pour construire une alternative, encore faut-il avoir un projet crédible ! L’opposition parle beaucoup, mais bloque systématiquement les délibérations importantes. Ce n’est pas ainsi qu’on fait avancer une commune.
 
- Votre adversaire dénonce « des lacunes importantes en matière de réalisation et de gestion » et « un constat d’échec d’une municipalité qui depuis 20 ans gère un quotidien à minima ». Que lui répondez-vous ?
- Je lui réponds que c’est facile de juger quand on n’a jamais exercé de responsabilité réelle. Parler d’« échec » quand on a, soi-même, voté contre les projets structurants, c’est un peu fort ! Si gérer le quotidien à minima, c’est maintenir une commune équilibrée, des services publics fonctionnels et des projets financés, alors je l’assume pleinement. Les habitants savent faire la différence entre ceux qui travaillent et ceux qui commentent.
 
- La principale critique concerne un « PLU en gestation depuis 15 ans ». Pourquoi n’aboutit-il pas ?
- Comme la plupart des communes de Corse et parce que le PLU est un dossier extrêmement complexe ! Nous sommes sur un territoire contraint, entre zones naturelles, périmètres de protection, risques et procédures interministérielles. Le PLU ne se signe pas sur un coin de table, il nécessite des concertations et des validations de l’État. Nous avons repris le travail, intégré les nouvelles normes environnementales et la concertation avec les habitants. Nous visons une adoption dans des délais réalistes, pas dans des promesses intenables. Quant au rôle de mon opposante il y a 10 ans à la tête du PADDUC, il faut rappeler que ce plan a imposé aux communes rurales, dont la nôtre, des contraintes excessives sans tenir compte des réalités locales. Il est donc étonnant de la voir aujourd’hui dénoncer les effets d’un système qu’elle a, elle-même, contribué à mettre en place ! Nous avons délivré près de 40 permis de construire en quatre ans : c’est un signe clair d’attractivité et de vitalité. Alors, si cela, c’est le reflet d’une « mauvaise gestion », il faudra que l’opposition m’explique pourquoi tant de familles et d’entreprises continuent de s’installer et d’investir à Morosaglia.
 
- Une autre critique porte sur l’absence du schéma directeur de l’eau et de l’assainissement et des réseaux jugés « vétustes ». Qu’est-ce qui a empêché leur rénovation ?
- Le schéma directeur est terminé, c’est un fait. C’est lui qui permettra justement de prioriser les travaux et de débloquer les financements. Il n’y a pas de rénovation possible sans cette étape technique préalable. Nous sommes maintenant prêts à passer à la phase opérationnelle, avec des demandes de subventions qui, du fait de la présentation de ce dossier, devraient être de l’ordre de 80 %, alors que si nous nous étions précipités elles auraient été de 60 %. Avec une incidence forte pour notre population.
 
- Votre opposante tacle un patrimoine bâti « dégradé » avec « des biens qui menacent ruine » et un « village sinistré ». Est-ce le cas ?
- C’est une caricature ! Oui, certains bâtiments anciens nécessitent des interventions, mais ce n’est pas un « village sinistré ». C’est un village historique, au cœur d’une montagne, avec un patrimoine ancien qui demande du temps et des financements lourds. Nous avons déjà lancé plusieurs opérations de restauration, notamment le couvent pour plus de 24 millions € sans compter toutes les chapelles, et déposé des dossiers pour bénéficier d’aides patrimoniales. Là encore, nous faisons, pendant que d’autres parlent. Parler de « sinistre » pour Morosaglia, c’est nier le travail réalisé, les investissements portés.
 
- D’autres critiques concernent la rénovation des écoles ou l’aménagement des espaces publics. Que répondez-vous ?
- Nous avons investi dans l’entretien et la mise aux normes des écoles, et nous continuerons à le faire. Nos écoles sont aujourd’hui reconnues équipées en outils informatiques, y compris pour leurs projets immersifs et leur engagement en faveur de la réussite des enfants. Voilà la réalité du terrain ! Quant aux espaces publics, chaque année, nous améliorons les voiries, l’éclairage et les équipements collectifs. Ce sont des travaux moins spectaculaires, mais essentiels. Ce n’est pas de l’inaction, c’est du concret au quotidien.
 
- Maria Guidicelli justifie sa candidature par votre refus de collaborer sur tous ces dossiers et votre manière de gérer la commune. Pourquoi avez rejeté ses propositions ?
- Il ne s’agissait pas de propositions, mais d’obstruction. Nous avons toujours été ouverts au dialogue, mais pas aux postures politiques. La concertation, oui, la polémique permanente, non ! Par contre, je lui demande, d’abord, d’aller au bout de la transparence dont elle se réclame. Si elle prétend qu’il y a eu des manquements, qu’elle les prouve. Sinon, c’est de la diffamation pure et simple.
 
- Certains membres de votre majorité ont rejoint l’opposition. Comment le vivez-vous ?
- Tranquillement ! C’est le jeu de la politique locale. Certains ont choisi un autre camp, d’autres reviennent aux réalités. D’autres ont confondu l’intérêt collectif avec des ambitions personnelles. Moi, je respecte les choix de chacun, mais je reste fidèle à mes convictions et à ma méthode : loyauté, sérieux, efficacité proximité.
 
- Comment sera composée votre nouvelle équipe ?
- Une équipe en partie renouvelée, rajeunie, issue de tous les hameaux, représentative de la commune dans son ensemble. Des personnes présentes, investies, qui vivent ici à l’année, et pas seulement en période électorale. Une équipe ouverte, où se mêleront expérience et renouvellement. Des femmes et des hommes avec un point commun : la volonté d’agir concrètement pour la commune, pas pour des postures électorales.
 
- Quel est votre projet pour cette nouvelle mandature ? Et quelle sera votre priorité si vous êtes réélu ?
- Des priorités claires : garantir l’accès aux soins pour tous avec un renforcement de la maison médicale. Les besoins des habitants nous conduisent à mener une politique en faveur du bien-être. Assurer l’honnêteté dans la gestion des affaires publiques. Maintenir la pression fiscale. Finaliser le PLU pour maîtriser le développement et protéger le patrimoine. Lancer les travaux de rénovation des réseaux d’eau et d’assainissement, grâce au schéma directeur désormais validé. Poursuivre les travaux du couvent, mais aussi du presbytère à Morosaglia. Pour Ponte Leccia, l’agrandissement de la chapelle et la modernisation des services publics. Et surtout des projets pour la jeunesse et nos anciens, la continuité du bien vivre comme un stade rénové, un hall des sports et surtout un accueil pour les petits, hors périodes scolaires …, La sécurité et la tranquillité publique. Le maintien ou le développement des services de proximité… Ma ligne ne change pas : efficacité, transparence et travail de terrain. Les discours ne construisent rien. Le travail, lui, reste visible et durable.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.