Morosaglia : Maria Guidicelli candidate aux élections municipales

Rédigé le 14/10/2025
Mario Grazi

Ancienne conseillère exécutive en charge du PADDUC sous la mandature de Paul Giacobbi, Maria Guidicelli, élue d’opposition au sein du conseil municipal de Morosaglia, a annoncé sa candidature aux prochaines élections municipales. Elle tiendra une réunion publique avec ses colistiers le dimanche 19 octobre à 15 heures, face au pont génois.

Studio Photos Grazi Ritratti

- Quelles ont été les raisons de votre engagement en politique ?
-;Mon engagement remonte à quelques années déjà. Je me suis engagée pour agir car j’étais une professionnelle du terrain en tant qu’assistante sociale dans le rural . Je  me suis rendue compte que les personnes attendaient non pas l’aide individuelle, mais les services, les actions leur permettant de vivre mieux là où elles se trouvaient. Je me suis donc engagée aux côtés du maire de Peri, où je résidais à l’époque. A la suite de cela, les choses se sont enchainées naturellement et j’ai rejoint les bancs de l’Assemblée de Corse. Je suis une femme de gauche, sans pour autant être encartée, et ma motivation était de travailler pour la Corse et pour les Corses. J’ai intégré le Conseil Exécutif sous la présidence de Paul Giacobbi où j’étais en charge du PADDUC, de l’énergie, du foncier, du logement et du social. Un portefeuille assez lourd. Ensuite j’ai créé et présidé l’agence de l’urbanisme et l’office foncier de Corse. Et donc en tant que conseillère exécutive j’ai traité les dossiers d’aménagement du territoire, d’environnement, de préservation de ressources en eau et des questions liées aux déchets.


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Puis il y eut cette double retraite poiitique et professionnelle…
- A la suite de cela j’ai décidé de prendre ma retraite politique en 2017 car j’avais également mon travail d’assistante sociale à assumer.  J’ai ensuite pris ma retraite professionnelle pour m’installer dans mon village à Morosaglia et c’est là que la politique m’a rattrapée en intégrant le conseil municipal en 2020 sur la liste d’opposition conduite par Jean-Michel de Meyer. J’ai pu ainsi, de l’intérieur, en tant que conseillère municipale, cerner les problématiques et la manière dont elles étaient traitées par la municipalité et la manière dont moi je pensais qu’il fallait les prendre en compte. J’ai pu mettre le doigt sur des lacunes importantes en matière de réalisation et en matière de gestion. Mais je n’étais pas dans une opposition bête et systématique, au contraire, puisque j’ai proposé au maire de travailler ensemble sur les dossiers importants comme le PLU (Plan Local d’Urbanisme), les questions liées à l’eau, à l’assainissement ou à notre environnement et notre patrimoine bâti avec l’expérience que j’ai acquise à l’Assemblée de Corse. Malheureusement, mes propositions n’ont pas été suivies d’effets.


- Est-ce que c’est la raison pour laquelle vous avez décidé aujourd’hui d’être candidate aux prochaines élections municipales de Morosaglia ?
- Tout à fait. La raison essentielle c’est ce constat d’échec d’une municipalité qui depuis 20 ans gère un quotidien à minima et qui depuis la mandature actuelle, malgré nos propositions de contribution, a été sourde à cette volonté de travailler main dans la main. Mais il, faut savoir qu’il y a de gros dossiers qui n’ont pas avancé comme le schéma directeur de l’eau et de l’assainissement qui est attendu depuis 10 ans, un PLU en gestation depuis 15 ans, les biens qui menacent ruine et qui sont laissés en l’état avec le danger que cela comporte, toute cela n’était pas acceptable.


- Si vous êtes élue, de quelle manière avez-vous l’intention de travailler pour le bien commun ?
- La première des choses sera bien sûr de faire réaliser un audit car il faut que nous sachions et que nos administrés sachent exactement la situation budgétaire dans laquelle se trouve la commune. C’est pour moi une démarche positive et non pas négative. Ce n’est pas en contestation d’un passé ou d’un passif, ; mais c’est parce qu' à partir de cet audit nous allons pouvoir démontrer que nous sommes en capacité d’obtenir des moyens que la commune n’a jamais obtenus jusque-là. Qu’il s’agisse de dégager un autofinancement sur un budget de fonctionnement qui est trop lourd et qui ne produit pas les effets attendus par la population, dégager un autofinancement en rationalisant les dépenses. Etre en capacité de solliciter nos partenaires financiers, c’est très important. Et je serai en capacité de nouer des partenariats au regard des responsabilités qui ont été les miennes dans le passé. Je veux parler de l’office foncier, de l’agence de l’urbanisme car le premier chantier à lancer sera le la PLU. C’est très important car je veux tordre le coup à quelques contre-vérités. Le PLU est de la responsabilité du maire. Le PADDUC est de la responsabilité de la Collectivité de Corse. Le maire, sur sa commune a la responsabilité de dessiner le projet d’aménagement d’ensemble. Où pourrons-nous dégager des capacités de logement et d’habitat ? Où devrons-nous privilégier les aménagements publics ? Quand aurons-nous un Plan Communal de Sauvegarde ? Quid de notre activité économique qu’elle soit commerciale, artisanale et agricole ? Donc, pour moi, le PLU sera un chantier à lancer très vite.


- Quel sera le deuxième  objectif de votre campagne ? 
- Nous avons la capacité de mobiliser des financements, à condition de monter les projets et les dossiers comme il se doit. En réalisant le schéma directeur de l’eau et de l’assainissement, l’Agence de l’Eau financera à hauteur de 80% toutes nos installations, qu’il s’agisse de station d’épuration aux normes ou du réseau d’eau potable. Nous n’avons pas de station d’épuration sur certaines parties de la commune et là où il y en a une elle est obsolète et non conforme. Donc cela est indispensable aujourd’hui. Ce dossier est à mener le plus vite possible en même temps que le PLU.


- Il y a d’autres chantiers à conduire. Quels sont-ils ?
- Dans un village comme le nôtre, c’est dire en partant de Ponte-Leccia jusqu’à Morosaglia avec ses 19 hameaux, du point le plus bas au point le plus haut il faut que l’environnement soit agréable, dans lequel on a la possibilité d’avoir des lieux, des moments d’échanges communs. Et aujourd’hui nous sommes dans un village soit sinistré, car au niveau du patrimoine bâti les maisons sont laissées parfois à l’abandon, soit un lieu où les véhicules arrivant d’Ajaccio ou de Bastia passent sur une route territoriale qui n’est pas aménagée et qui est même dangereuse, autour de laquelle il n’y a pas de lieux de vie. Pour moi cela est très important. Et je voudrais mettre aussi l’école au centre de ce dispositif. Il y a deux écoles, une à Ponte-Leccia avec une centaine d’enfants, et l’autre à Morosaglia avec une dizaine d’enfants. Mais ces deux groupes colaires ne sont pas organisées, adaptées à l’accueil bienveillant de l’enfant. L’école est un environnement bâti, c’est, par exemple un préau, des sols qui soient revêtus d’une matière sécuritaire, un espace arboré, un espace adapté à l’enfant. Et l’écolier ne doit pas être installé entre quatre murs. Il y a quelque chose à concevoir de différent. Et puis, il y a tout ce qui se passe autour de l’école. Je trouve anormal que les enfants de Ponte-Leccia et ceux de Morosaglia ne partagent pas des temps en commun. Par exemple, je trouve triste, que nos enfants n’aient pas été engagés dans une démarche commune et partagée lors de la célébration des 300 ans de la naissance de Pasquale Paoli. On est cloisonné car on a laissé les choses se déliter. D’ailleurs j’ai un souci majeur également car en une dizaine d’années on a perdu 150 habitants sur la commune. Ils ne sont pas partis bien loin. Ils se sont installés dans les communes voisines et il faut se poser la question du pourquoi. A savoir qu’ils ont pu construire leur maison, qu’ils ont trouvé une structure de garde pour leurs enfants, parce que les activités sportives et culturelles étaient plus accessibles, etc.


- Justement, n’y a-t-il pas à Ponte-Leccia un problème de disponibilité de terrains pour la construction de maisons ou d’appartements ?
- Le problème du terrain, c’est le problème du document d’urbanisme. Sans document d’urbanisme vous ne pouvez pas organiser et vous ne pouvez pas cartographier pour dire par exemple : cet espace-là, en effet, a une vocation d’habitat parce que c’est une priorité pour que les jeunes parents, comme les retraités, puissent s’installer au village. Donc cela, il faut l’inscrire dans un document d’urbanisme. S’il n’y a pas de document d’urbanisme cela signifie que l’Etat a la main et que nous ne maitrisons pas notre projet et puis cela suppose aussi que sans règle, la règle est adaptée pour certains au détriment d’autres. Et je ne suis pas certaine qu’il y ait une équité dans les constructions qui pourraient être données à notre population.


- Vos projets sont donc le PLU, la traversée de Ponte-Leccia, l’école. Mais pour le village de Morosaglia qu’en est-il ?
- Concernant le vieux village, nous voudrions lui redonner une vie, mais à condition, bien sûr, que l’on soit en capacité de le restaurer. Et pour cela nous avons un programme de travail important. Il y a des biens sans maître que la commune peut récupérer pour l’euro symbolique et remettre à disposition des habitants, moyennant un cahier des charges pour ne pas y faire n’importe quoi, pour y vivre. Nous avons ce patrimoine extraordinaire avec nos vieux fours, nos anciens sentiers qui ne demandent qu’à être restaurés et mis en valeur. Je vais vous dire quelque chose qui peut paraitre dérisoire, mais les lampadaires qui sont installés sont des lampadaires d’autoroute. Il faut profiter de revoir l’éclairage public à économie d’énergie pour installer des éclairages stylisés qui représentent aussi notre âme. C’est un village à l’abandon et c’est ce que nous entendons avec mes futurs colistiers.


- Vos colistiers sont uniquement de gauche ou avez-vous composé une liste ouverte et de toutes tendances ?
- Cette liste sera trans-partisane. Des gens de gauche, des gens qui ont à cœur leur village et la Corse, avec une approche très locale de la problématique et puis des gens de toutes tendances comme des gens qui n’ont pas d’étiquette. Ce qui m’intéresse c’est de m’entourer de personnes compétentes et désireuses de travailler pour le village, pour le bien commun. Nous avons la volonté de dire et de faire ce que l’on dit dans la transparence. Nous voulons être dans l’échange avec nos concitoyens. De tout cela nous en parlerons d’ailleurs lors de notre prochaine réunion publique qui aura lieu à Ponte-Leccia le dimanche 19 octobre prochain face au pont génois à 15 heures.