Corte - Rentrée solennelle à la Faculté de droit en présence de Me Patrice Spinosi

Rédigé le 11/09/2025
Mario Grazi

La rentrée solennelle de la Faculté de droit à l’Université de Corse s’est faite ce mercredi en présence de Gilles Simeoni, président de l’exécutif de Corse, de François-Xavier Ceccoli, député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse, de Rémi-François Paolini, recteur de l’Académie de Corse, de Dominique Federici, président de l’Université de Corse, de Perrine Dumas, doyenne de la Faculté de droit et sciences économiques, de Wanda Mastor, professeure agrégée de droit public et directrice de l’école doctorale, et des plus hauts magistrats insulaires. C’est le grand avocat Maître Patrice Spinosi, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, qui était le parrain de cette promotion.

Cette journée solennelle mettait à l’honneur la Faculté de droit, ses enseignants et ses étudiants qui, à l’issue des différents discours, devaient recevoir leurs diplômes et leurs prix.
Dominique Federici ouvrait ce moment en adressant quelques mots aux étudiants, leur demandant d’écouter avec « attention le discours de Me Spinosi car cela pourrait donner des voies pour les missions qui leur sont confiées dans leur vie professionnelle et surtout cela vous donnera des éléments pour tous les enjeux géopolitiques actuels ». Il disait ensuite de Me Spinosi que ses plaidoiries « portent des messages et nourrissent la réflexion collective. À l’occasion de la sortie de votre dernier ouvrage, Menace sur l’État de Droit, vous rappelez à quel point notre liberté est un héritage précieux et fragile et que l’histoire montre que les restrictions des libertés, une fois qu’elles ont été tolérées, finissent toujours par concerner l’ensemble de la population. Rappelons également que votre engagement s’est souvent situé là où la controverse est vive, là où la société se divise car défendre les droits et la liberté c’est aussi, et parfois à contre-courant, porter la voix de ceux qui n’en ont pas, c’est refuser de céder au fétichisme normatif ».
À l’issue de ce discours, largement applaudi par l’assistance, on procédait à la remise des diplômes et des prix aux étudiants.

Perrine Dumas, doyenne de la Faculté de droit, tenait d’abord à remercier chaleureusement la professeure Wanda Mastor pour « son engagement au service de la faculté ». Des remerciements adressés également à Me Spinosi pour avoir accepté d’être le parrain de cette promotion dont la « rentrée solennelle constitue un temps de mémoire et de projection ». Elle rappelait ensuite que l’année passée avait marqué une nouvelle offre de formation. Perrine Dumas se félicitait par ailleurs du bon taux de réussite des étudiants dans cette filière, en ajoutant qu’elle était fière que le Master de droit public fêtât ses 40 ans cette année.
Le recteur, Rémi-François Paolini, insistait sur la garantie des libertés dans le droit fil de la pensée de Pascal Paoli et de sa devise « Studià hè libertà ». « Pour étudier librement, il faut faire vivre et garantir la liberté académique. Ce n’est pas un slogan, mais un précieux héritage à défendre… Nous ne pouvons pas transiger avec les atteintes qui pourraient être portées à la liberté académique ».

Gilles Simeoni, pour sa part, disait son « admiration pour l’homme et l’avocat que vous êtes ». Il exprimait sa fierté de « pouvoir partager ce moment avec vous aujourd’hui car c’est d’abord un moment de joie profonde pour les étudiantes et les étudiants qui finissent une partie de leurs cursus, mais aussi pour leurs familles… ». Il rendait ensuite hommage à Jean-Yves Coppolani et Jean-Claude Acquaviva « sans qui cette université ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ».

Après une longue intervention sur l’État de droit, Wanda Mastor concluait en se disant « fière de faire notre rentrée sous votre haut parrainage Me Spinosi ». S’adressant aux étudiants, elle leur glissait : « Votre parrain est l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, avocat de France, et il est Corse ».
Il revenait enfin à Maître Spinosi d’intervenir pour son discours inaugural en se disant d’abord « infiniment touché lorsque Wanda Mastor m’a demandé d’être votre parrain. J’ai eu une immense émotion mêlée d’une immense fierté… J’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreux avocats Corses. Et je peux vous en témoigner à vous qui vous destinez potentiellement à cette profession. Les Corses sont de très grands avocats. Qu’il s’agisse ici de Marie Colombani, bâtonnière d’Ajaccio, ou de Benoît Bronzini de Caraffa, bâtonnier de Bastia, ils ont en leur sein d’immenses talents. Et je ne peux pas évoquer les avocats corses sans citer Antoine Sollacaro. Je tiens à honorer sa mémoire ici. C’est grâce à sa confiance, grâce à celle de Gilles Simeoni, grâce à celle de Pascal Garbarini que j’ai eu la chance d’entrer dans le groupe de défense des avocats d’Yvan Colonna. Je me souviens de l’enthousiasme qui était le nôtre quand nous avons réussi à faire casser le second procès d’assises d’Yvan Colonna. Un procès indigne de la justice où les droits de la défense avaient été quotidiennement piétinés. Un procès malade dont nous avons obtenu la cassation en 2010. Depuis, hélas, Antoine et Yvan ont été tous deux assassinés ».
 

C’est en fait de cela, de la Corse du droit et de la violence, dont Me Spinosi voulait parler aux étudiants diplômés, « deux phénomènes contradictoires mais qui ont toujours nourri l’histoire de la Corse. L’île a toujours aimé les contrastes, pour autant les Corses sont attachés au droit à la liberté. Preuve en est que la première des grandes déclarations de droit a vu le jour dans ce pays avec la constitution de 1755, scellant une alliance définitive entre le droit et la Corse. Une constitution constitue l’une des toutes premières pierres de l’édifice institutionnel et juridique qui s’appelle l’État de droit, largement menacé aujourd’hui ».
Me Spinosi évoquait longuement ensuite cette menace, en référence à son ouvrage. Une menace qui, selon lui, pèse sur la démocratie avec la montée du populisme partout dans le monde et en Europe. Un populisme qui existe en France, représenté à droite par « le Rassemblement National et à gauche par La France Insoumise. La menace c’est évidemment celle d’une prise de pouvoir par un de ces partis… »
À l’issue de ce discours, largement applaudi par l’assistance, on procédait à la remise des diplômes et des prix aux étudiants.