Créée l’année dernière à Vivario, l’association Secours aux mamans désemparées vient en aide aux femmes en situation de précarité. Grâce aux dons, elle propose une aide financière ponctuelle et un accompagnement humain à celles qui se retrouvent seules face aux difficultés du quotidien.
“On ne prétend pas sauver tout le monde, mais on est là pour une aide ponctuelle.” Fondée il y a un an et demi, l’association Secours aux mamans désemparées vient en aide aux femmes, et plus particulièrement aux mères, en situation de précarité en Corse. À l’origine de sa création en février 2024 : quatre personnes, dont Hélène de Guillebon, installée dans la commune de Vivario depuis dix ans. “J’ai participé pendant des années à des groupes de parole de femmes, et j’ai remarqué que beaucoup d’entre elles étaient bloquées dans leur vie, souvent à cause de problèmes financiers. Je suis d’origine corse, et quand on s’est installé ici avec mon mari, on s’est dit que ce serait bien de faire quelque chose, parce qu’on sait qu’on est dans un département assez pauvre, avec beaucoup de précarité.”
L’association agit désormais localement avec un objectif clair, celui de proposer une aide rapide, ponctuelle et concrète à celles qui en ont besoin. “Quand une femme est seule et qu’elle doit gérer le quotidien, les enfants, son travail, c’est parfois compliqué, mais bien souvent, elle ne se plaint pas, ça fait partie de la psychologie féminine. Elle essaie de se dépatouiller toute seule, mais lorsqu’il y a un événement brutal, les aides de l’État ne se mettent pas en place tout de suite, alors on est là pour l’accompagner en attendant.”
Parmi les aides proposées, l’association peut par exemple “aider à la réparation d’une voiture à hauteur de 2 000 ou 3 000 euros” ou encore “donner 200 ou 300 euros par mois pendant quelque temps pour rééquilibrer les finances”. “Beaucoup de mamans nous disent et nous écrivent qu’elles ont tout juste de quoi nourrir leurs enfants, et qu’elles ne mangent presque rien, à part un croûton de pain, parce que la vie augmente tous les jours et que les allocations ne suivent pas”, détaille Hélène de Guillebon. “On ne veut pas se substituer aux aides de l’État, mais si une femme est en détresse aujourd’hui, elle reçoit un virement dans la journée.” L’année dernière, 16 femmes ont été aidées par l’association. Cette année, ce sont déjà 14 femmes dans le besoin qui ont reçu un soutien financier.
Une aide financière adaptée à chaque situation
Pour venir en aide aux mères en difficulté, l’association vit uniquement grâce aux dons. “Elle est composée de quatre membres fondateurs, et on n’a absolument aucun frais, ce qui fait que tous les dons qu’on reçoit sont reversés aux personnes qui sont dans le besoin”, précise Hélène de Guillebon. L’année dernière, 30 000 euros ont été récoltés. Cette année, l’association Secours aux mamans désemparées a déjà récolté 40 000 euros. “On espère grossir, mais pour l’instant, les gens sont très généreux.” Cet argent est ensuite reversé intégralement aux femmes selon leurs besoins.
Pour entrer en contact avec elles, l’association mise sur les réseaux sociaux. “On essaie de se faire connaître, notamment via des groupes Facebook. Quand on voit des messages de femmes qui ont besoin d’aide, on les contacte et on leur dit qu’on est là pour elles si elles le souhaitent. Ça peut être par exemple une femme seule dont le bébé vient de naître et qui est malade, mais qui a d’autres enfants dont elle doit s’occuper : dans ce cas, on offre une aide financière ponctuelle, notamment pour les transports. C’est un vrai échange entre elles et nous quand elles nous téléphonent.”
Si l’association vient en aide à toutes les mères en difficulté, elle constate malgré tout que ce sont surtout les jeunes femmes qui ont le plus besoin d’aide. “Même si on aide certaines femmes plus âgées, qui se retrouvent seules du jour au lendemain après une rupture ou le décès de leur mari, on vient en aide le plus souvent à des jeunes mamans qui se retrouvent seules avec leur premier enfant après une séparation, et elles doivent gérer leur enfant, leur loyer, et tous les imprévus”, souligne Hélène de Guillebon. “À ça s’ajoute tout le problème psychologique. Elles sont parfois perdues pour arriver à joindre les deux bouts et à faire les démarches administratives.”
Au-delà du soutien financier, l’association se veut être un lieu de conseil pour les femmes en détresse. “Selon l’endroit où elles vivent, on leur conseille d’aller voir un psychologue ou une assistante sociale. On leur parle aussi des démarches qu’elles peuvent faire pour trouver un logement social, ou bien de l’accès aux soins pour leurs enfants. Ce sont des choses qu’elles ne connaissent parfois pas. En attendant, on reste là comme soutien financier. On ne leur demande jamais de rembourser, mais elles nous disent souvent qu’elles nous aideront en retour quand elles auront plus d’argent.”
Pour l’association, il est surtout important d’encourager ces femmes à se confier. “En Corse, on est très pudique, et on n’ose parfois pas parler de nos difficultés. C’est pour ça qu’il est aussi important qu’elles se rapprochent d’autres mamans seules, pour échanger sur leur situation. Le pire, c’est non seulement la précarité, mais aussi la solitude. On essaie alors de recréer un lien social, en leur montrant qu’on est là, et en les mettant en relation avec d’autres femmes. Il y a une vraie solidarité, même entre elles.”