Présenté ce mercredi à Corte, le projet « Scola 2030 » doit fixer les grandes orientations de l’Éducation nationale en Corse pour les cinq prochaines années. La langue corse, première des six priorités définies, a fait l’objet d’un large échange entre institutions, enseignants et partenaires locaux.
L’Académie de Corse affine sa feuille de route pour les années à venir. Le projet « Scola 2030 », fruit d’un long processus de concertation engagé à la fin de l’année 2024, entre dans sa dernière ligne droite. Mercredi matin, à l’Université de Corse, le recteur Rémi-François Paolini réunissait les principaux acteurs éducatifs, culturels et institutionnels insulaires pour restituer les travaux menés sur l’un des axes centraux du projet : la langue corse. Aux côtés de Gilles Simeoni, président de l’Exécutif de Corse et co-président de ce groupe de travail sur l’axe 1, le recteur a souligné l’importance symbolique de ce moment : « Le projet académique ne concerne pas uniquement l’Éducation nationale. C’est un projet pour la jeunesse corse et, plus largement, pour la société corse dans son ensemble. »
L’ambition affichée est claire : instituer la langue corse comme un savoir scolaire fondamental. « Cela implique de renforcer et généraliser son enseignement, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, pour construire un lien durable entre l’école et la société. La langue corse n’est pas seulement l’affaire de l’école, elle est aussi celle de toute la société », a insisté le recteur.
Parmi les avancées mises en avant, le développement des classes immersives dans le secteur public : 455 élèves sont déjà concernés par cette expérimentation. Dès la rentrée prochaine, 70 nouvelles classes immersives verront le jour dans l’académie, en partenariat avec les mairies et la Collectivité de Corse. « C’est un mouvement académique extrêmement fort que nous voulons prolonger dans les années à venir pour soutenir une maîtrise complète de la langue », a souligné Rémi-François Paolini.
Aujourd’hui, l’enseignement du corse est obligatoire dans le primaire, avec 100 % des élèves concernés. En sixième, ce taux avoisine encore les 98 %. « C’est au-delà que nous constatons une déperdition. Notre objectif est donc de garantir une continuité entre primaire et secondaire, et de renforcer l’intérêt des élèves pour cette langue, qui peut aussi être un levier vers d’autres disciplines et d’autres langues », a-t-il expliqué, en évoquant notamment les filières bilingues, qualifiées de « filières d’excellence reconnues ».
Outre la langue corse, cinq autres axes ont été identifiés dans le cadre de « Scola 2030 » : l’amélioration des niveaux en mathématiques et en français, la promotion d’un climat scolaire apaisé, le soutien à l’école rurale, l’adaptation de l’offre de formation aux réalités du territoire et le renforcement de l’école inclusive. Trois d’entre eux, comme l’a rappelé le recteur, relèvent des priorités nationales, les autres répondent à des besoins spécifiques de l’île.
Plusieurs réunions de restitution ont déjà été organisées. Après Piedicroce le 6 avril autour de l’école rurale, une rencontre est prévue à Cozzano le 24 mai. Une session sur les filières professionnelles, en partenariat avec la CCI et la Chambre des métiers de Haute-Corse, se tiendra à Bastia courant mai.
La version finale du projet « Scola 2030 » doit être présentée en juin. D’ici là, les suggestions recueillies lors des différents ateliers seront intégrées à ce document structurant pour l’avenir de l’éducation en Corse.