Les salariés de Groupama Corse entament une grève à durée illimitée

Rédigé le 19/11/2025
Léana Serve

Les salariés de Groupama Corse ont entamé ce mercredi une grève à durée illimitée. Recrutement, conditions de travail, salaires : le STC dénonce une dégradation générale depuis le rattachement à Groupama Méditerranée et affirme que le malaise ne cesse de s’aggraver.

Les salariés de Groupama Corse ont entamé ce mercredi une grève à durée illimitée, un mouvement qui paralyse l’ensemble des agences de l’île. Selon le STC, 15 employés participent à la mobilisation. Réunis dès le début de matinée devant l’agence de Folelli, les grévistes ont dénoncé une politique de recrutement qui, selon eux, conduit à « une décorsisation des emplois ». « On avait un partenariat officiel avec l'université de Corse et les BTS. Les établissements se mettaient en contact avec nous et on recrutait pour former des personnes qui avaient ensuite des évaluations », rappelle Gilles Bondonnat, représentant du STC. « On avait 100% de réussite à l'embauche. »
 

Mais depuis le rattachement de Groupama Corse au territoire des Bouches-du-Rhône en 2023, les salariés affirment que cette logique a été abandonnée. « On leur avait dit qu’on allait être très vigilants concernant les embauches insulaires, et qu’il y avait une ligne rouge à ne pas dépasser, mais elle a été plus que dépassée. Aujourd’hui, ils s'orientent de plus en plus vers des embauches extérieures, des personnes qui ne sont pas assez ou trop qualifiées sur le poste. » Un conflit qui s’est tendu ces dernières semaines autour du cas d’une alternante de l’agence de Folelli. « Un poste s'est ouvert, mais elle n’a pas été retenue. À la place, ils vont recruter quelqu’un qui vient du continent. »
 

Des revendications multiples
 

Au-delà du cas de Folelli, les salariés décrivent un malaise plus profond, nourri par plusieurs années de tensions internes. Selon eux, « les conditions de travail se dégradent avec des objectifs non réalisables et non atteignables qui entraînent une surcharge de travail ainsi qu'une pression constante sur les salariés ». Une politique jugée « désastreuse » par les employés, qui précisent qu’il y a eu « trois démissions en un an pour vingt salariés ». À cela s’ajoute la question des salaires, que les agents souhaitent voir être revalorisés.
 

« Les salaires ne sont pas assez hauts par rapport au continent, mais aussi par rapport à notre polyvalence », détaille Gilles Bondonnat. « On travaille sur des multimarques, des marchés spécialisés, agricoles, particuliers, professionnels, entreprises. Sur le continent, c'est cloisonné, parce qu'ils considèrent que c'est une plus grande région et qu’ils ont un plus grand portefeuille. Mais nous, en polyvalence, on a les mêmes portefeuilles. Le problème, c'est qu’on est obligé d'être qualifiés dans chaque chose. Le salaire est très bas, ils nous mettent au minimum de la convention collective des assurances et nous avons des gens qui ont plus de dix ans d’ancienneté qui n'ont pas d'évolution de salaire. C'est tout ça qui engendre un ras-le-bol sur le Groupama Corse. »

Des revendications multiples qui ont donc conduit au dépôt d’un préavis de grève illimitée le vendredi 14 novembre. « On a eu un retour, un courrier du directeur général de Groupama Méditerranée qui demandait à ce qu'on fasse la réunion commerciale, et en même temps qu'on parle de nos revendications. Mais on leur a bien fait comprendre que c'est à eux de nous appeler pour discuter. » Le STC affirme avoir reçu une proposition de la DRH ce mardi soir leur proposant « une réunion à Corte ». « Au terme d’une assemblée générale organisée ce mercredi, on a décidé de ne pas aller à Corte. On souhaite que ce soit la direction qui se déplace à Folelli. Mais je veux ajouter que parmi les grévistes, il y a aussi des gens qui ne sont pas Corses. Il y a un problème, pas que de recrutement, mais aussi sur la pression commerciale, sur le management, sur les objectifs. »
En attendant, la grève se poursuit, et pourrait s’inscrire dans la durée.