Après plusieurs mois de travaux, la tour de Losse, sur le littoral de Cagnano, a retrouvé sa stabilité. Consolidation des pierres, protection des ouvertures et entretien de la terrasse ont permis de sécuriser l’édifice, financé par des dons et le mécénat. La question de l’accès au public reste cependant ouverte, nécessitant des moyens supplémentaires.
La tour de Losse, sur le littoral de Cagnano, est désormais sécurisée. Construite au XVIe siècle et propriété de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse depuis le début du XXe siècle, cette tour génoise a longtemps souffert de l’usure du temps. À tel point que lorsque la Société a décidé d’engager des travaux de restauration il y a quelques années, le diagnostic a rapidement révélé « des désordres importants ». « On s’est rendu compte qu'il y avait des fissures conséquentes à l'intérieur, et que deux arbres poussaient sur la terrasse sommitale. Mais surtout, certaines pierres, notamment sur la fenêtre côté mer, étaient disjointes et commençaient à tomber sur la route en contrebas, ce qui mettait clairement en péril les automobilistes. Il était vraiment important de faire en sorte que ces pierres soient stabilisées », expliquait Paul-François Giacobbi, membre de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, et chargé du dossier sur la tour de Losse.
Face à cette situation, des travaux de consolidation et de sécurisation ont été entrepris entre juin et septembre 2025. L’intervention a consisté à renforcer l’entrée et l’arc de décharge avec un nouveau linteau en pierre de Brando, stabiliser les pierres descellées de la façade et installer une porte et des volets en châtaignier pour protéger l’intérieur du bâtiment et limiter l’érosion. « La partie sommitale de la tour a fait l’objet d’attentions particulières », précise Paul-François Giacobbi : « les deux figuiers qui mettaient en péril la terrasse ont été éradiqués, les racines traitées et un rejointoiement du pavement réalisé ». Le chaînage et le couronnement ont été consolidés, tandis que la couverture en pierre sur la trémie et la protection de la sortie de cheminée ont été renforcées pour améliorer l’étanchéité.
Les travaux, entièrement financés par les dons et le mécénat via la Fondation du patrimoine, ont représenté un coût de 66 000 euros. « Nous avons essayé de ne faire que ce qui était urgent et impératif, pour des raisons de sécurité et d'entretien. Nous avons serrer notre budget au maximum : l’architecte était bénévole, les menuiseries ont été faites gratuitement. L'argent dépensé nous l'avions et nous avons réussi à sécuriser la tour. Mais maintenant, si on veut la mettre en valeur et la rendre visitable, il va falloir d’autres moyens. »
Bientôt un accès au public ?
Si la tour de Losse est aujourd’hui sécurisée, son accès au public reste pour l’instant très limité, car l’accès à pied depuis la route relève de la difficulté. « Pour parvenir à la tour, vous avez cinq mètres de haut, mais c'est une petite falaise, donc vous grimpez presque à la verticale », explique Paul-François Giacobbi. Des projets ont cependant été envisagés pour faciliter l’accès, notamment « la création d’une route à flanc de coteau, parallèle à la départementale, mais qui partirait à peu près à 500 mètres au sud, ainsi que l’aménagement d’un parking sur un délaissé de route ancien ». « À partir de là, il y aurait un chantier qui arriverait au pied de l'édifice, et il faudrait prévoir un escalier d'accès pour être au premier étage de la tour. » Une éventuelle troisième étape pourrait permettre de parvenir à la terrasse, offrant une vue sur « l’archipel de Toscane et la Méditerranée ».
Mais selon Paul-François Giacobbi, ces aménagements nécessitent toutefois l’intervention de la commune ou de la Collectivité de Corse, ainsi que la mise en place de mesures de sécurité adaptées. « On a fait la partie sécuritaire. Maintenant, il faudrait prévoir, si les gens en ont envie, l'accès à la tour en deux parties. Ça se fait ailleurs, d'autres tours ont ça, donc ce sont vraiment des possibilités qui se pratiquent ailleurs, mais ça dépasse les moyens de la Société des sciences. Nous n'avons ni les moyens financiers, ni juridiques pour le réaliser. Il faudrait éventuellement mettre en place une convention avec la commune ou la Collectivité de Corse, pour qu’'elles mettent en place un système d'accès sécurisé pour accéder à la terrasse, où la vue est franchement superbe. »
La Société des sciences historiques et naturelles de la Corse se dit « ouverte à toutes les propositions » pour continuer à faire vivre cette tour. En attendant, elle précise que « l’appel aux dons avec la Fondation du patrimoine est toujours ouvert ». « On est un peu bloqué financièrement, mais d'une manière ou d'une autre, on va essayer d’aménager les choses. Mais pour ça, il nous faut du carburant. On continue de demander aux gens de nous aider, et on va écrire à beaucoup de personnes pour essayer de récolter le plus de dons possibles. Le fait de rendre la tour accessible et visitable serait particulièrement appréciable au niveau patrimonial et touristique pour la région », conclut Paul-François Giacobbi.