À l’approche de la Sainte-Barbe, les petits sachets de blé refont leur apparition dans les boulangeries et autres commerces de l’île. Derrière cette coutume provençale adoptée en Corse, l’association Le Blé de l’Espérance transforme chaque sachet vendu en aide concrète pour les enfants et les structures de santé locales.
Le Blé de l’Espérance fait son retour dans les boulangeries, pharmacies et autres commerces de proximité de Corse. Comme chaque année, à l’approche de la Sainte-Barbe, célébrée le 4 décembre, les petits sachets de blé sont proposés à la vente un peu partout à travers l’île. Une tradition qui, au fil du temps, est devenue un geste de solidarité. « À la base, c’est une coutume provençale. On plante le blé le 4 décembre, on le fait pousser, et on le garde sur la table ou près de la cheminée pendant les fêtes. C’est le symbole de la chance et du bonheur dans toute la maison », raconte Marie Lombardo, responsable de l'antenne Corse de l’association Blé de l'Espérance Maguy Roubaud.
Si la coutume est ancienne, l’association, elle, est née d’une initiative beaucoup plus récente. En 1988, Edmond Maurin, Alain Storione et René Tribolo proposent d’accoler une image caritative à la tradition provençale du blé de l’espérance. Maguy Roubaud, alors journaliste, accepte d’apporter son aide, et choisit de soutenir le service d’hématologie pédiatrique de l’hôpital d’enfants du CHU de La Timone, à Marseille. 450 000 francs, soit quasiment 70 000 euros, seront récoltés. « Je suis arrivée ici avec cette coutume dans la tête, surtout que j'ai travaillé à La Timone. J'étais déjà un peu dans le coup, alors j'ai fait venir le blé, quelques boîtes au début, et les bénévoles se sont joints à moi. C’est comme ça qu’est née l’antenne corse de l’association. Aujourd’hui, elle va de Bastia à Ajaccio, en passant par la Balagne, Corte et Porto-Vecchio. »
Plus de 7 000 sachets vendus l’an dernier
En Corse, les ventes des sachets de blé, au prix de deux euros l’unité, permettent chaque année de financer des projets solidaires menés sur l’ensemble du territoire. « C’est toujours à destination des enfants », souligne Marie Lombardo. « Par exemple, on a récolté des dons pour agrandir le service maternité à l'hôpital de Bastia, ils ont pu acheter du matériel : il a fallu des salles de consultation, plus de lits… L’année dernière, on a acheté du matériel pour le service pédiatrique de l'hôpital de Bastia pour 10 000 euros. Une autre année, on a permis à des enfants de 8-10 ans hospitalisés de partir sur la côte basque, on les a aidés pour qu'ils puissent tous partir », détaille-t-elle.
Aujourd’hui, l’organisation repose sur « une chaîne humaine » à travers l’île. « J'essaie d'utiliser les personnes à qui j'ai fait des donations. Par exemple, les infirmières de l'hôpital de Bastia vont être sur le marché de Bastia. À Corte, c'est Espoir Autisme Corse qui place les boîtes dans les commerces, parce que les responsables habitent à Corte. Il y a une véritable chaîne humaine qui se met en place. » Mais pourtant, l’association manque de bénévoles en Corse. « On n’est officiellement que quatre bénévoles, alors qu’on était une dizaine avant le Covid. On est très actifs de septembre à décembre, les boîtes sont posées depuis le début du mois d’octobre. Après, bien sûr, si j'avais plus de bénévoles, on pourrait faire des actions, mais c'est très difficile. On se bat pour essayer d’en retrouver. »
Malgré les difficultés, la mobilisation reste forte. L’an dernier, ce sont environ 7 000 sachets qui ont été vendus à travers la Corse. « C'est toujours une moyenne, parce que vous avez par exemple des gens qui ne prennent pas de sachet, mais qui font un don quand même. Il y a aussi certaines personnes qui passent directement par moi parce qu’ils ne trouvent pas de blé dans les commerces près de chez eux. En tout cas, vous avez plusieurs catégories de donateurs, et on est bien occupés au début du mois de septembre pour faire les comptes et continuer la chaîne jusqu’aux donations. »