Sur la place Saint-Nicolas, les équipes du CSAPA-ADPS de Bastia ont rencontré le public à l’occasion du lancement du Mois sans tabac. Consultations, substituts nicotiniques, conseils pratiques : tout est mis en œuvre pour accompagner les fumeurs dans leur démarche d’arrêt, alors que la proportion de fumeurs quotidiens ne cesse de baisser en France.
En ce lundi matin, un stand aux couleurs du Mois sans tabac s’est installé au milieu de la place Saint-Nicolas à Bastia. Documentation, kits d’accompagnement, substituts nicotiniques… Les équipes du centre de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA-ADPS) de Bastia sont venues à la rencontre du public pour informer et proposer un accompagnement à l’arrêt du tabac, dans le cadre de l’opération nationale qui encourage les fumeurs à arrêter leur consommation pendant 30 jours. « L'objectif, c'est d'aider les gens à arrêter de fumer en étant accompagnés et aidés de manière plus visible que le reste de l'année », explique Stéphanie Santori, infirmière.  
   
 
Sur place, les visiteurs peuvent poser des questions, recevoir de la documentation, repartir avec les kits du Mois sans tabac, mais aussi disposer de consultations en tabacologie avec des infirmières formées. « On questionne la personne sur ses habitudes, pour savoir depuis combien de temps elle fume, dans quelles circonstances. On peut déjà délivrer des substituts comme des patchs, des pastilles, des gommes, des sprays, et on peut aussi faire une ordonnance pour que les gens aillent récupérer ce qu’il leur faut en pharmacie. » Des conseils pratiques sont aussi donnés pour « détourner l’attention », créer de nouvelles habitudes et accompagner l’arrêt ou la diminution progressive du tabac. 
   
 
Et quelque temps après la consultation, un suivi est effectué.« On continue à voir ou en tout cas à contacter la personne par téléphone pour valoriser le travail qui a déjà été fait et continuer à donner des astuces », souligne l’infirmière. « C'est vraiment un accompagnement régulier où on prend des nouvelles du fumeur pour connaître son ressenti par rapport à l'arrêt ou à la diminution. On ne passe pas forcément par un arrêt brutal, c’est parfois plus simple d’avoir une diminution progressive, parce qu’il y a moins de pression. Nous voulons éviter justement de leur mettre trop  pression pour que ça se fasse plus en douceur. » 
 
  
 
Un accompagnement qui correspond aux objectifs du Programme national de réduction du tabagisme, qui a déjà fait ses preuves. Selon Santé publique France, le nombre de fumeurs quotidiens parmi les 18-75 ans a diminué de 4 millions, passant de 28,6 % en 2014 à 18,2 % en 2024. Le Mois sans tabac, lui, attire chaque année de plus en plus de participants, avec déjà plus de 200  inscrits en Corse pour l’année 2025. 
   
 
Moins de tabac, mais de nouvelles habitudes de consommation 
   
 
Le Mois sans tabac est aussi l’occasion de montrer les évolutions des comportements liés à la cigarette. « On remarque qu'il y a de plus en plus de consommation de puffs ou de cigarettes électroniques. Avant, on parlait exclusivement de tabac, de la cigarette industrielle ou à  de la roulée,. Aujourd'hui  de plus en plus de jeunes qui commencent par la puff ou la cigarette électronique parce que leurs amis en fument. Je pense que le phénomène s'est déplacé. » Stéphanie Santori souligne également l’effet de groupe présent chez les fumeurs. « Souvent, les gens nous parlent des pauses cigarettes, et du fait qu’ils ne savent pas quoi faire quand tout le monde sort fumer. C'est dans ce sens-là que le côté social est important, et il faut arriver à trouver d'autres mécanismes, d'autres habitudes et d'autres petits rituels. » 
   
 
Pour accompagner les jeunes de 12 à 25 ans, le CSAPA-ADPS propose le dispositif consultations jeunes consommateurs, des consultations sur le tabac et d’autres comportements à risque, disponibles à Bastia et deux fois par mois à L'Île-Rousse. L’équipe intervient aussi dans les établissements scolaires et les Missions Locales. Le tabagisme quotidien chez les jeunes de 17 ans est passé de 25,1 % en 2017 à 15,6 % en 2022. La proportion de fumeurs quotidiens, elle,  a diminué de 29 % en 2021 à 18 % en 2024 parmi les 18-29 ans. La part de personnes n’ayant jamais fumé atteint, quant à elle, 44 % depuis l’année dernière. 
 
 Mais malgré cette baisse globale, des inégalités persistent. Toujours selon Santé publique France, le tabagisme quotidien reste deux fois plus fréquent chez les ouvriers que chez les cadres (25 % contre 12 %) et trois fois plus élevé chez les personnes en difficulté financière (30 % contre 10 %). Les chômeurs sont également plus touchés par le tabagisme (près de 30 % contre 19 % chez les actifs occupés). Pour Stéphanie Santori, le Mois sans tabac est donc essentiel. « Il peut y avoir un phénomène de défi de groupe. C'est à ce moment que  l'on veut prouver à ses amis que c'est possible d'arrêter. Il y a quelque chose de l'ordre du soutien aussi qui peut se mettre en place. Le fait que tout un groupe puisse  arrêter, au même moment, sa consommation motive . Mais la volonté de stopper peut se manifester, aussi, de voir que les autres tiennent. Et le fait de rester un mois sans fumer, ça multiplie par cinq les chances d'arrêter définitivement. »