Scola Corsa intègre le dispositif de l’Éducation nationale après quatre ans d’existence

Rédigé le 16/05/2025
Christophe Giudicelli

Quatre ans après l’ouverture de sa première classe à Bastia, le réseau d’écoles immersives en langue corse Scola Corsa vient d’obtenir sa contractualisation avec l’Éducation nationale.

Scola Corsa obtient sa contractualisation

Après quatre années d’existence, le réseau d’écoles immersives en langue corse obtient sa contractualisation avec l’Éducation nationale. Une reconnaissance officielle attendue depuis la création de la première classe à Bastia en 2021, qui marque une nouvelle étape dans l’ancrage institutionnel de Scola Corsa et dans la structuration de son projet pédagogique. « C’est une reconnaissance du sérieux de notre démarche », se félicite Ghjiseppu Turchini, président de l’association « Cette contractualisation est arrivée avec un an d’avance, en quatre ans seulement, quand la moyenne est de cinq années. » Le processus s’est appuyé sur une série d’inspections menées par les services de l’État, tant sur le niveau des élèves que sur la gestion administrative de l’établissement. « Nous répondons aux exigences de l’Éducation nationale. Bien qu’il soit en langue corse, notre enseignement a été validé », affirme-t-il.

Dans l’immédiat, la contractualisation permettra à l’association de bénéficier de la prise en charge des salaires de deux enseignants par l’Éducation nationale. « On parle d’un montant compris entre 60 000 et 70 000 euros par an », explique Anna Catalina Santucci, coordinatrice du réseau. « Avec une plus-value pour les enseignants qui seront assimilés fonctionnaires. » Ghjiseppu Turchini ajoute : « Nous intégrons ainsi le dispositif académique. Nous pouvons collaborer avec l’INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) et l’Université de Corse pour former les professeurs, mais aussi proposer une troisième voie au concours de professeur des écoles pour recruter les enseignants. »

Scola Corsa entend néanmoins préserver son approche. « Nous conservons notre liberté. Ce qui est important, c’est que les élèves atteignent les compétences en fin de cycle. Nous gardons notre culture. Nous introduisons le français à partir du CE1, à nous de le répartir sur l’ensemble de la scolarité », souligne Anna Catalina Santucci.

Malgré cette avancée, Scola Corsa reste confrontée à une forme d’incertitude, tant sur le plan économique que juridique. Pour l’année scolaire 2024-2025, le budget prévisionnel s’élève à 1,4 million d’euros. La Collectivité de Corse en finance la plus grande part (977 000 euros, soit 70 %), le reste provenant des communes accueillant les écoles et de dons privés. La contractualisation des deux enseignants permet à l’association d’alléger partiellement sa masse salariale. Elle pourra également compter sur une participation des communes : « Les mairies accueillant une classe contractualisée versent chaque année entre 600 et 1 200 euros par élève », indique Ghjiseppu Turchini. Comme chaque année, l’association lance son appel aux dons, désormais défiscalisés. « Plus notre budget et nos aides augmentent, plus notre part d’autofinancement doit obligatoirement également augmenter. Nous avons eu une écoute positive pour nous mettre autour de la table avec l’État et la CDC afin de pérenniser les modalités de subventions, d’aides et d’accompagnements. »

Le président de Scola Corsa, qui vient d’être élu à la tête du réseau Eskolim (regroupant les écoles immersives en langue bretonne, basque, occitane, alsacienne et catalane), reste prudent. « Notre réseau n’est toujours pas sécurisé d’un point de vue légal. La loi Molac a été retoquée par le Conseil constitutionnel. Elle a été corrigée par une circulaire, mais le dispositif est toujours sous le coup d’une remise en cause, en fonction des positions politiques. »

Pour la rentrée 2025-2026, une cinquième école doit ouvrir à Lucciana, avec une petite dizaine d’élèves en très petite et petite section. Les quatre établissements actuels, implantés à Bastia, Biguglia, Corte et Sarrola-Carcopino, comptent cette année 147 élèves encadrés par 11 enseignants. À la rentrée prochaine, Scola Corsa table sur environ 220 élèves répartis sur cinq sites. À moyen terme, l’association envisage l’ouverture d’un collège.