Roselyne Bachelot à Biguglia : "Camera Pulitica, un formidable festival du film engagé"

Rédigé le 23/11/2024
Philippe Jammes

Invitée de marque pour la première édition du festival Camera Pulitica en Corse, l'ancienne ministre Roselyne Bachelot a séduit le public par son franc-parler et sa passion pour le dialogue. Rencontre avec une femme au parcours aussi riche que singulier.

Roselyne Bachelot et les collégiens de Biguglia.

Madame Bachelot, pourquoi avoir accepté l’invitation de Camera Pulitica ?
C’est à l’invitation de Christophe Bourseiller, membre de l’organisation, que je suis venue. Mais aussi parce que j’aime profondément la Corse. Ce n’est pas un secret : je ne suis pas une habituée des festivals. Cependant, cette île, avec sa beauté et sa culture, exerce sur moi une fascination. L’expression "Île de Beauté" n’est pas exagérée. Je soutiens également le peuple corse et la défense des langues régionales, que j’appelle personnellement des "langues de France".

Au festival, vous avez rencontré de nombreux jeunes. Quelles impressions vous ont-ils laissées ?
Mon passage au collège de Biguglia pour la remise des prix du Concours de l’éloquence a été un moment formidable. J’ai remis trois prix aux côtés du maire et j’ai eu des échanges passionnants avec les élèves. Ce qui m’a marquée, c’est leur maturité et leur éloquence. Contrairement aux idées reçues, notre jeunesse est loin d’être scotchée à ses smartphones. Elle est vive, réfléchie, et sait s’exprimer avec aisance.

 

Vous avez grandi dans un environnement très politisé. Cela a-t-il influencé votre carrière ?
Absolument. Mon père, Jean Narquin, était un grand résistant et député gaulliste. Dès mon plus jeune âge, je baignais dans le combat politique. Des figures comme Guichard, Malraux, ou Chaban venaient à la maison. En 1982, lors des cantonales, mon père m’a poussée à me présenter dans une région acquise aux socialistes. Contre toute attente, j’ai gagné avec 60 % des voix, prouvant que ce n’était pas mon nom de jeune fille, mais mon engagement qui avait fait la différence.

Vous avez été six fois ministre. Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre action ?
Ce que je retiens, c’est que j’ai toujours œuvré concrètement, jamais pour des "choux farcis", si je puis dire. À chaque ministère, j’ai laissé une empreinte : dans la santé avec la création des ARS ou la gestion de la pandémie H1N1, dans l’environnement, le sport, et bien sûr la culture. Ces expériences m’ont permis de réaliser des choses exceptionnelles et d’apporter une réelle contribution aux politiques publiques.

Quel regard portez-vous sur les évolutions institutionnelles évoquées pour la Corse ?
Il ne s’agit pas seulement de la Corse. En France, les institutions de la Ve République montrent leurs limites. Il existe une rupture entre les collectivités et l’État. Plutôt que davantage d’autonomie, il faudrait davantage de responsabilités, des deux côtés. Aujourd’hui, on ne sait parfois plus qui fait quoi, et cela nuit à l’efficacité des politiques publiques.


Roselyne Bachelot

Qui est Roselyne Bachelot ?
Pharmacienne de formation, Roselyne Bachelot a été ministre à six reprises, notamment à la Santé, à la Culture, et à l’Écologie. Figure du paysage politique français, elle est aussi engagée dans de nombreuses associations humanitaires et se consacre aujourd’hui à l’écriture et aux médias.