Pour la première fois, l’organisme chargé de favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap s’implante sur l’île. Une présence permanente qui s’accompagne de la signature d’une convention inédite avec la DREETS afin d’animer le plan régional d’insertion des travailleurs handicapés.
 C’est un tournant discret mais important pour l’inclusion en Corse. Jusqu’ici, l’Agefiph, l’organisme national chargé de soutenir l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, n’avait pas de présence locale et son action se limitait à des relais extérieurs, souvent méconnus des entreprises. « Nous avons une offre de services pour les personnes et pour les employeurs, mais quand on n’est pas sur place, l’accès à tout cela est plus compliqué », reconnaît Caroline Dekerle, la directrice générale de l’Agefiph. « Beaucoup d’entreprises ignorent ce que nous pouvons leur apporter et c’est dommage. Il était donc très important pour nous d’être présents en Corse », appuie-t-elle. 
   
Afin d’ouvrir une nouvelle page de l’inclusion dans le monde du travail insulaire, une collaboratrice de l’Agefiph sera désormais basée sur l’île et aura pour mission de rencontrer les entreprises, d’expliquer les aides disponibles et de porter un discours de sensibilisation. « Elle va prendre son petit bâton de pèlerin et aller faire le tour des structures, des associations, des entreprises, pour faire connaître l’Agefiph », indique Caroline Dekerle. Dans cette mission sur le terrain, à la rencontre des employeurs, afin de leur expliquer tout ce que la structure peut leur apporter, à l’instar d’aides financières pour adapter les postes de travail, de conseils pour élaborer des plans d’action, ou encore de formations pour les référents handicap. « Quand une petite entreprise voit un salarié basculer dans le handicap, elle se dit souvent que ce sera trop compliqué. Or, nous pouvons financer l’aménagement du poste ou mobiliser les bons partenaires », développe-t-elle encore.
   
   
Changer le regard sur le handicap
   
Mais plus loin, la directrice générale de l’Agefiph souligne que l’enjeu est aussi culturel et a pour objectif de changer le regard sur le handicap. « En 2025, il faut encore expliquer ce qu’est le handicap. Quand on en parle, on pense au fauteuil roulant ou à la canne blanche. Mais si on a du diabète, si on est malentendant ou en dépression chronique, on est aussi en situation de handicap. Il y a besoin de porter ce discours auprès des entreprises », martèle-t-elle en pointant le fait que l’inclusion passe d’abord par une meilleure compréhension. « On peut faire beaucoup pour les demandeurs d’emploi handicapés, mais si on n’accompagne pas l’entreprise, la personne restera devant la porte ». Pour preuve, elle évoque la méfiance encore fréquente des employeurs. « Les entreprises peinent à recruter, mais lorsqu’un CV porte la mention RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), elles ne prennent souvent pas la peine de le regarder. Derrière ces lettres, il y a pourtant mille réalités. Un handicap ne veut pas systématiquement dire aménagement lourd, coût élevé ou absences répétées. Notre rôle, c’est de démystifier tout cela », pose-t-elle. Ainsi, pour Caroline Dekerle, cette implantation n’est pas qu’un symbole. « L’objectif n’est pas de cocher des cases mais de faire du qualitatif. On veut que notre collaboratrice soit identifiée, reconnue, et qu’on voie rapidement en Corse des entreprises pour qui le handicap n’est plus un obstacle », pose-t-elle.
   
En outre, l’installation de l’Agefiph en Corse s’accompagne d’une convention signée avec l’État dans le cadre du plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH). Un accord inédit à l’échelle nationale. « L’État nous a proposé d’animer ce plan sous sa responsabilité », explique Caroline Dekerle, « Nous avons trouvé ce partenariat extrêmement intéressant. Notre collaboratrice experte partagera son temps entre le contact avec les entreprises et l’animation de ce PRITH ». « C’est une action innovante, unique en France. Nous accueillons l’Agefiph au sein de nos services et nous partageons avec elle une mission d’animation du PRITH. C’est une vraie valeur ajoutée », se réjouit de son côté Isabel de Moura, la directrice régionale de la Direction Régionale de l’Économie de l’Emploi du Travail et des Solidarités (DREETS).
   
   
Travailler en synergie pour avancer de façon concrète
   
Loin d’être « une usine à gaz », ce plan qui a vocation à réunir tous les acteurs du champ du handicap – France Travail, Cap emploi, missions locales, services de santé au travail – veut avancer sur des sujets concrets. « Le but, c’est de faire travailler tout le monde ensemble pour éviter que chacun ne soit pas dans son petit couloir de nage, parce que chacun fait un peu, mais en termes de lisibilité c’est difficile à comprendre. Avec le PRITH, on met tout le monde autour de la table et on avance ensemble sur des sujets concrets comme le maintien dans l’emploi, l’accès à l’emploi ou encore l’apprentissage des personnes en situation de handicap », indique Caroline Dekerle.
   
Un changement de braquet que l’État espère durable. Isabel de Moura y voit une dynamique de fond, plus qu’une simple convention, une manière de « sortir d’une logique à part » pour faire du handicap un enjeu transversal. « Ce partenariat, c’est aussi un outil de transformation interne. Accueillir l’Agefiph au sein de la DREETS oblige chacun de nous à penser le handicap autrement, à le considérer comme une dimension naturelle de toutes nos politiques publiques », souligne-t-elle. « Il ne s’agit pas de multiplier les structures, mais de rendre le système plus lisible et plus humain », insiste la directrice régionale en rappelant : « L’inclusion, c’est la capacité à tenir compte de la situation de la personne à un moment donné de sa vie, et à lui permettre d’accéder, comme tout le monde, à un emploi, à un logement, à une vie sociale. » Une ambition partagée par Caroline Dekerle pour qui l’installation en Corse doit incarner une approche « de terrain, au plus près des réalités insulaires ».
   
Avec près de 2 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap sur l’île, soit un taux de chômage de 12 % contre 7 % pour le reste de la population, la marge de progression reste importante. « On ne peut pas s’en satisfaire. L’objectif, c’est que plus aucune entreprise ne considère le handicap comme un frein et que chaque personne, avec le bon accompagnement, puisse pleinement exercer ses droits et ses compétences », conclut la directrice générale de l’Agefiph.
 Afin d’ouvrir une nouvelle page de l’inclusion dans le monde du travail insulaire, une collaboratrice de l’Agefiph sera désormais basée sur l’île et aura pour mission de rencontrer les entreprises, d’expliquer les aides disponibles et de porter un discours de sensibilisation. « Elle va prendre son petit bâton de pèlerin et aller faire le tour des structures, des associations, des entreprises, pour faire connaître l’Agefiph », indique Caroline Dekerle. Dans cette mission sur le terrain, à la rencontre des employeurs, afin de leur expliquer tout ce que la structure peut leur apporter, à l’instar d’aides financières pour adapter les postes de travail, de conseils pour élaborer des plans d’action, ou encore de formations pour les référents handicap. « Quand une petite entreprise voit un salarié basculer dans le handicap, elle se dit souvent que ce sera trop compliqué. Or, nous pouvons financer l’aménagement du poste ou mobiliser les bons partenaires », développe-t-elle encore.
Changer le regard sur le handicap
Mais plus loin, la directrice générale de l’Agefiph souligne que l’enjeu est aussi culturel et a pour objectif de changer le regard sur le handicap. « En 2025, il faut encore expliquer ce qu’est le handicap. Quand on en parle, on pense au fauteuil roulant ou à la canne blanche. Mais si on a du diabète, si on est malentendant ou en dépression chronique, on est aussi en situation de handicap. Il y a besoin de porter ce discours auprès des entreprises », martèle-t-elle en pointant le fait que l’inclusion passe d’abord par une meilleure compréhension. « On peut faire beaucoup pour les demandeurs d’emploi handicapés, mais si on n’accompagne pas l’entreprise, la personne restera devant la porte ». Pour preuve, elle évoque la méfiance encore fréquente des employeurs. « Les entreprises peinent à recruter, mais lorsqu’un CV porte la mention RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), elles ne prennent souvent pas la peine de le regarder. Derrière ces lettres, il y a pourtant mille réalités. Un handicap ne veut pas systématiquement dire aménagement lourd, coût élevé ou absences répétées. Notre rôle, c’est de démystifier tout cela », pose-t-elle. Ainsi, pour Caroline Dekerle, cette implantation n’est pas qu’un symbole. « L’objectif n’est pas de cocher des cases mais de faire du qualitatif. On veut que notre collaboratrice soit identifiée, reconnue, et qu’on voie rapidement en Corse des entreprises pour qui le handicap n’est plus un obstacle », pose-t-elle.
En outre, l’installation de l’Agefiph en Corse s’accompagne d’une convention signée avec l’État dans le cadre du plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH). Un accord inédit à l’échelle nationale. « L’État nous a proposé d’animer ce plan sous sa responsabilité », explique Caroline Dekerle, « Nous avons trouvé ce partenariat extrêmement intéressant. Notre collaboratrice experte partagera son temps entre le contact avec les entreprises et l’animation de ce PRITH ». « C’est une action innovante, unique en France. Nous accueillons l’Agefiph au sein de nos services et nous partageons avec elle une mission d’animation du PRITH. C’est une vraie valeur ajoutée », se réjouit de son côté Isabel de Moura, la directrice régionale de la Direction Régionale de l’Économie de l’Emploi du Travail et des Solidarités (DREETS).
Travailler en synergie pour avancer de façon concrète
Loin d’être « une usine à gaz », ce plan qui a vocation à réunir tous les acteurs du champ du handicap – France Travail, Cap emploi, missions locales, services de santé au travail – veut avancer sur des sujets concrets. « Le but, c’est de faire travailler tout le monde ensemble pour éviter que chacun ne soit pas dans son petit couloir de nage, parce que chacun fait un peu, mais en termes de lisibilité c’est difficile à comprendre. Avec le PRITH, on met tout le monde autour de la table et on avance ensemble sur des sujets concrets comme le maintien dans l’emploi, l’accès à l’emploi ou encore l’apprentissage des personnes en situation de handicap », indique Caroline Dekerle.
Un changement de braquet que l’État espère durable. Isabel de Moura y voit une dynamique de fond, plus qu’une simple convention, une manière de « sortir d’une logique à part » pour faire du handicap un enjeu transversal. « Ce partenariat, c’est aussi un outil de transformation interne. Accueillir l’Agefiph au sein de la DREETS oblige chacun de nous à penser le handicap autrement, à le considérer comme une dimension naturelle de toutes nos politiques publiques », souligne-t-elle. « Il ne s’agit pas de multiplier les structures, mais de rendre le système plus lisible et plus humain », insiste la directrice régionale en rappelant : « L’inclusion, c’est la capacité à tenir compte de la situation de la personne à un moment donné de sa vie, et à lui permettre d’accéder, comme tout le monde, à un emploi, à un logement, à une vie sociale. » Une ambition partagée par Caroline Dekerle pour qui l’installation en Corse doit incarner une approche « de terrain, au plus près des réalités insulaires ».
Avec près de 2 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap sur l’île, soit un taux de chômage de 12 % contre 7 % pour le reste de la population, la marge de progression reste importante. « On ne peut pas s’en satisfaire. L’objectif, c’est que plus aucune entreprise ne considère le handicap comme un frein et que chaque personne, avec le bon accompagnement, puisse pleinement exercer ses droits et ses compétences », conclut la directrice générale de l’Agefiph.