À Tavera, le Laboratoire Régional d’Archéologie identifie une occupation du Néolithique terrinien

Rédigé le 24/08/2025
Manon Perelli

La 12ᵉ campagne de fouilles archéologiques menée sur le site d’I Casteddi à Tavera vient de s’achever et a permis de confirmer une occupation humaine remontant au Néolithique récent, bien avant les traces médiévales jusqu’alors connues. Un travail de longue haleine mené par le Laboratoire Régional d’Archéologie qui éclaire un peu plus l’histoire riche de ce site stratégique

(Photos : LRA)

Son emplacement idéal sur un éperon rocheux qui domine l’ensemble de la vallée de la Gravona, offre au site dit I Casteddi à Tavera un point d’observation exceptionnel, du Golfe d’Ajaccio jusqu’au col de Vizzavona. Une position stratégique couplée à la présence d’une source à proximité, qui en a fait un lieu d’installation privilégié pour de nombreuses communautés depuis la Préhistoire. En témoigne l’installation de l’emblématique statue menhir de Tavera, souvent décrite comme étant l’une des plus remarquables de l’île. 
 
Afin d’en savoir plus sur son occupation, le Laboratoire Régional d’Archéologie (LRA) mène chaque année une campagne de fouilles sur place et vient d’achever sa 12ème opération début août. « En 2012, le LRA avait contribué à une étude pour la valorisation du site archéologique d’I Casteddi, caractérisé par cette statue menhir associée à une fortification médiévale. Dans ce cadre, nous avons constaté que nous étions vraiment en manque d’informations précises sur ce site », explique Hélène Paolini-Saez, la directrice du LRA en ajoutant que depuis 2014 « des opérations archéologiques autorisées par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Corse » sont menées sur le site.  Un travail au long cours qui a permis de faire considérablement progresser les connaissances une décennie plus tard. « Aujourd’hui, on peut estimer qu’on est pratiquement à 300 m² de fouilles archéologiques sur cet éperon. Nous avons huit secteurs qui ont été ouverts, et depuis 2014 nous avons considérablement défini l’occupation de cet habitat perché », se félicite Hélène Paolini-Saez. Et s’il n’a pas encore livré tous ses secrets, le site d’i Casteddi s’est déjà révélé beaucoup plus ancien que ce qu’il laissait transparaitre à l’origine. 
 
 

« Au départ, nous savions qu’il y avait eu une occupation au Moyen-Âge. Nous avons ouvert huit secteurs grâce auxquels nous arrivons à mieux appréhender l’occupation du site qui est multi-phasée, car nous sommes vraiment dans un lieu qui se prête à une implantation qui s’inscrit dans la durée. Aujourd’hui encore des agriculteurs occupent les lieux », glisse la directrice du LRA en reprenant : « Dès le début des fouilles, nous sentions que nous étions face à une occupation assez ancienne. Mais nous n’avions pas de sol archéologique ni de datation au radiocarbone. Puis, l’année dernière, nous avons mis au jour un lambeau de sol qui a été en partie démantelé par les occupations successives. Et cette année nous avons également mis en évidence un autre morceau de sol néolithique dans un autre secteur. Nous sommes désormais sûrs que les hommes ont vécu ici au Néolithique récent, c’est-à-dire au IVème millénaire avant notre ère ». 
 
Une découverte majeure pour la petite vingtaine d’archéologues, étudiants, adhérents du LRA et passionnés qui ont participé aux quatre semaines de cette 12ème campagne de fouilles. « Vraisemblablement, un premier rempart aurait été édifié au Néolithique final, au IIIème millénaire sur le site. À partir de là, le site a été plus ou moins abandonné, avant d’être réoccupé à partir de 1500 avant notre ère, à l’Âge du Bronze moyen. Il va alors y avoir des maisons qui sont aménagées avec une activité domestique très bien identifiée et une activité artisanale avec beaucoup de mobilier associé. Et puis le site va continuer d’être occupé à l’Âge du Bronze final, au premier Âge du fer, au deuxième Âge du fer », détaille Hélène Paolini-Saez en indiquant également que « plusieurs mobiliers montrent qu’il y a eu des échanges avec des marchands méditerranéens », preuve de l’importance du site.
 

« L’année prochaine sera notre dernière campagne de fouilles sur ce site car la DRAC Corse souhaiterait que l’on publie les résultats, même si le site n’est pas fini d’être étudié », dévoile-t-elle par ailleurs en annonçant que deux derniers secteurs seront étudiés à cette occasion : une zone artisanale et une maison de l’Âge du Bronze moyen située à quelques encablures de la statue-menhir.
 
Au mois de mai, une autre campagne de fouilles avait également permis au LRA d’identifier un site néolithique basien et terrinien sur la commune de Cuttoli. Des découvertes importantes qui seront présentées à l’occasion du sixième colloque du laboratoire, à la fin du mois de novembre à Bastelica qui s’intéressera à la vallée de la Gravona et du Prunelli. En attendant ce moment fort, les passionnés d’archéologie peuvent aussi profiter du travail de valorisation du patrimoine que le LRA a réalisé à destination du grand public sur un site Internet dédié à la présentation d’une quarantaine de modèles numériques de monuments ou d’objets archéologiques de la Corse.