Dès la rentrée de septembre, les élèves du collège Saint-Paul d’Ajaccio porteront un uniforme arborant le blason de leur école. Un choix pédagogique et social défendu par le chef d’établissement et soutenu par une large majorité de familles. L'objectif est de réduire les inégalités entre les collégiens et de renforcer le sentiment d’appartenance à l’établissement.
À Saint-Paul, c’est un projet mûri de longue date qui voit le jour. Dès la rentrée prochaine, les collégiens porteront un uniforme aux couleurs de leur établissement. Un choix qui a été mûrement réfléchi par l’ensemble de l’équipe pédagogique. “Ça fait un moment que ça me trotte dans la tête”, explique François Grimaldi d’Esdra, principal du collège. “Quand j'ai pris l'établissement en 2019, j’avais déjà cette notion d'uniforme dans mon projet. Le Covid est passé par là, on pensait à autre chose, et on a abandonné l’idée. L’année dernière, j’ai pris connaissance des établissements qui ont fait le choix de tester l’uniforme, dont l’école de Bonifacio, et j’ai voulu relancer l’idée.”
Avant de mettre en place l’obligation du port de l’uniforme, le chef d’établissement a lancé un grand sondage visant à interroger les familles et les enfants sur le sujet. La proposition a reçu une large majorité d’avis positifs. “80 % des familles étaient d’accord pour le port de l’uniforme. J’ai été assez surpris, je ne m’attendais pas à de tels résultats. Du côté des élèves, on a organisé un conseil de vie collégienne, qui réunit les délégués, et tout le monde était partant. L’un d’entre eux m’a même demandé s’ils pourraient avoir des chaussettes”, détaille François Grimaldi d’Esdra.
Mais cette décision n’a pas été accueillie sans réserve. Si les collégiens seront les seuls à porter l’uniforme à la rentrée, dans cet établissement qui regroupe collège et lycée, c’est parce que les lycéens n’étaient pas réellement emballés par cette idée. “Ils ont tout de suite parlé de perte d'identité, et ils n'étaient pas partants. Je n'ai pas voulu leur imposer des choses, c’est pourquoi l'uniforme sera uniquement porté au collège. L’idée était vraiment d’avoir une réflexion collective, et pas un simple projet mégalomane d’un chef d’établissement.”
Certaines familles ont aussi hésité, avec une inquiétude qui revenait régulièrement : celle d’une éventuelle perte d’identité pour leurs enfants. “Ils pensaient qu’ils allaient perdre leur identité en s’habillant de la même manière. En discutant avec eux, on s'est rendu compte qu'il fallait faire la différence entre identité et apparence. Leur personnalité, leurs idées, leurs talents restent intacts, qu’ils portent un uniforme ou non. Une phrase venant d’un parent d’élève a eu beaucoup d’impact, parce qu’elle dit ‘le vêtement ne fait pas l'élève, mais il peut aider à faire école’. Une fois que les parents ont assimilé cette idée que l'apparence ne représente pas totalement l'identité, on a vraiment pu avancer.”
L’uniforme, un outil éducatif ?
Avant la rentrée prochaine, les élèves se verront attribuer un trousseau comprenant deux tee-shirts, deux polos, deux pulls et un sweat à capuche. Les vêtements, de couleur bleu marine et arborant l’écusson de l’école sur le cœur, sont fabriqués en Bretagne par l’entreprise Rozen. Pour les sept vêtements, les familles devront débourser 100€. “On a essayé d’avoir un prix le plus juste possible, et je trouve que ça reste quand même abordable, étant donné que c’est vraiment de la qualité”, indique le chef d’établissement, qui précise que le collège “sera là pour aider les familles en cas de besoin”. Un peu plus tard dans l’année, les familles auront l’occasion d’acheter un ou plusieurs vêtements à l’unité, ainsi qu’une doudoune, non obligatoire pour “ne pas surcharger de manière trop importante au niveau des bourses”.
Avec le port de l’uniforme obligatoire, l’établissement espère instaurer encore plus d’égalité au sein du collège. “L’uniforme n’est pas une fin en soi, mais c’est un outil éducatif et social, notamment pour favoriser l’égalité. Quand on a interrogé les élèves, on leur a demandé si porter des vêtements de marque était important pour eux. Lorsqu’ils nous répondaient oui, on leur demandait pourquoi, et bien souvent, ils parlaient du regard des autres et du jugement. J’espère que cette pression sociale pourra s’atténuer, parce que c’est un sujet essentiel pour nous”, déclare François Grimaldi d’Esdra.
Pour le principal, l’uniforme va aussi servir à renforcer l’appartenance à l’établissement. “Il m’importe aussi de renforcer l’appartenance au collège Saint-Paul. Avec cette tenue commune, on a une sorte de fierté collective avec l’écusson brodé sur le cœur, et c’est quelque chose qui est très important pour nous”, insiste François Grimaldi d’Esdra. “Et puis les familles nous ont dit que ça leur faciliterait le quotidien, avec moins de temps de préparation le matin, alors si on peut les aider, c’est encore mieux.”