Ajaccio : le projet d’aménagement de la citadelle Miollis dévoilé

Rédigé le 30/09/2024
Manon Perelli

Lors du conseil municipal du 26 septembre dernier, un rapport dessinant les futures activités qu'il est envisagé d'installer au sein du monument récupéré par la ville en 2019 a été présenté. Cet aménagement se veut répondre aux attentes exprimées par les Ajacciens lors des diverses consultations.

(Photo : Archives Michel Luccioni)

Cinq siècles que les Ajacciens étaient privés d’accès à leur citadelle. Lorsqu’Édouard Philippe, alors Premier ministre, avait remis les clefs de ce monument emblématique de la cité impériale à Laurent Marcangeli en juillet 2019, l’ex-maire d’Ajaccio avait promis de le rendre à la population. Mais si ses portes se sont effectivement en partie ouvertes au public depuis 2021, il a fallu le temps d’organiser une large concertation populaire pour pouvoir décider de son avenir. Jeudi dernier, lors du conseil municipal, le projet d’aménagement à horizon 2030 a enfin été officiellement dévoilé. « C’est un moment très important pour nous », s’est réjoui le maire Stéphane Sbraggia en insistant sur un projet d’aménagement « majeur et structurant pour le territoire ».
 
Devant l’ampleur de la tâche, si la mission d’aménagement de l’édifice a été dévolue à la SPL Ametarra, la municipalité s’est aussi adjoint les services du cabinet de conseils Mutadis, spécialisé dans la valorisation du patrimoine, pour une mission d’accompagnement à cette action programmatique. « La commande politique était de faire de cet espace un quartier à part entière ; à reconnecter sur un ensemble urbain à forte valeur patrimoniale. Nous ne voulions pas récupérer une citadelle pour en faire une autre. Nous avons la volonté d’en faire un quartier ouvert, animé, équilibré, en tenant compte de son histoire, en la valorisant, en la mettant en avant », a expliqué le maire en renchérissant : « Ce projet d’aménagement est extrêmement délicat. Il a fallu travailler sur plusieurs points, trouver un équilibre pour en faire un vrai quartier animé avec une offre diversifiée en tenant compte de ce que les Ajacciens ont exprimé ». Un équilibre a également dû être trouvé au niveau financier, tout en s’assurant que la citadelle reste dans le domaine public. Pour ce faire, la mairie a choisi de s’orienter vers des baux emphytéotiques qui seront accordés aux opérateurs qui exploiteront les différents bâtiments.
 
Une offre diversifiée qui se veut répondre aux attentes des Ajacciens
 
Sur ces quelques 10 000 m2 de surface du monument, une répartition qui se veut répondre à ce qui a été imaginé par la population lors de la consultation a en outre été dessinée : 6% des lieux seront réservés à la restauration avec un restaurant haut de gamme et un bar-restaurant ; 9% aux commerces de proximité et artisanaux ; 12% à des espaces polyvalents qui pourront aussi bien abriter de la culture que des activités économiques ; 19% à la culture et aux loisirs ; et enfin 22% à de l’hébergement avec un petit hôtel intimiste et un hôtel mixte. Dans le détail, il est envisagé que le pavillon des officiers abriterait un lieu de restauration populaire type guinguette et un local commercial au rez-de-chaussée, ainsi que des bureaux dans les deux étages. Le bâtiment des canonniers accueillerait pour sa part des commerces artisanaux sur des deux niveaux, tandis que la Poudrière serait dédiée à la culture et continuerait d’être une salle d’exposition, comme c’est déjà le cas depuis trois ans. Au Bastion Saint-Jacques, c’est un bar Lougne et rooftop qui seraient installés. Le Pavillon du général, où un restaurant gastronomique a été ouvert cet été, resterait consacré à cette activité sur sa partie haute, tandis que sa partie basse servirait d’accueil avec notamment une présentation de l’histoire de la Citadelle une boutique et des WC publics. En lieu et place du Bastion Sainte Barbe il est envisagé de créer un bâtiment avec des espaces modulables qui pourraient servir pour des séminaires, des espaces de loisirs pour faire de la danse ou autre, ainsi que pour des expositions temporaires. La manutention serait de son côté dédiée à l’artisanat avec des espaces de vente et des ateliers au rez-de-chaussée et au premier niveau, ainsi qu’à la formation avec des salles qui pourraient être louées ponctuellement au dernier niveau. L’hôtellerie investirait à la fois les casernes, mais aussi la maison du gouverneur qui serait transformée en un hôtel intimiste avec des suites, un SPA et des espaces de bien-être. Enfin, il est envisagé de créer un espace immersif où pourront notamment avoir lieu des mapping dans le sous-sol, tandis que le Château génois, qui abrite les premières pierres de la ville et la cellule du Capitaine Fred Scamaroni, serait préservé en un espace mémoriel et historique. Pour pouvoir tenir l’équilibre, pour l’ensemble de ces bâtiments un résultat loyer annuel de 236 950 euros actualisé à 2% et collecté sur 27 ans soit une valeur de 8,37millions d’euros est attendu. 
 
Une livraison du chantier attendue pour 2030
 
Le projet prévoit une mise en œuvre de ce chantier titanesque en trois phases débutant avec une fermeture provisoire de la citadelle en octobre 2025 pour permettre de travailler sur les espaces extérieurs et les bâtiments à restaurer ou démolir autour de la place basse, avec un objectif de livraison pour 2027. La livraison de la place haute est quant à elle prévue pour 2029, tandis que le chantier devrait prendre fin à horizon 2030. À noter que dès le mois de novembre prochain, de premiers travaux vont commencer du côté du port de plaisance afin de créer un nouvel accès pour les engins de secours. Dans le même temps, une deuxième phase de fouilles archéologiques préventives a été lancée dès ce mois de septembre, tandis que la restauration des remparts devrait débuter au printemps prochain. Enfin, une passerelle piétonne devrait également être créée dans le prolongement de la rue Bonaparte et de la place Pascal Paoli, afin d’inclure un peu plus la citadelle de la ville génoise et de la rendre plus accessible.